Moundiaye Cissé, directeur exécutif de l’Ong 3D et membre du collectif « Sunu’y milliards du ress », se prononce la saisine de la Dic pour des enquêtes préliminaires concernant les irrégularités relevées dans la gestion des fonds anti-Covid
Cette décision du procureur de la République est un pas important qu’il ne faut pas négliger même si nous estimons que d’autres pas devraient suivre pour compléter nos attentes. Dès le départ, nous avions demandé à l’État du Sénégal de donner une suite aux recommandations formulées par la Cour des comptes dans ce rapport sur les fonds Force Covid-19 en ouvrant une information judiciaire et au besoin, se faire rembourser l’intégralité des montants présumés détournés.
Dans le communiqué du procureur, on a vu qu’il allait dans ce sens de diligenter non seulement une enquête mais au besoin que les personnes criminelles puissent rembourser, quitte à confisquer leurs biens après avoir fait une enquête de patrimoine. Donc, c’est pour dire une fois de plus que l’annonce de cette enquête est déjà un pas important qui doit être suivi par d’autres pour compléter la chaîne de responsabilité attendue de ce processus-là. Cela dit, je tiens également à préciser que notre démarche s’inscrit dans un exercice pédagogique afin que plus jamais de telles pratiques ne se reproduisent dans notre pays. Nous ne devons plus accepter qu’on gère ce pays dans l’impunité, dans la prévarication de nos ressources. Aujourd’hui, cet exercice devrait faire penser à tout gestionnaire des deniers publics que plus rien ne sera plus comme avant et que s’ils sont tentés de commettre des délits financiers, voilà ce qui les attend. A titre pédagogique, c’est un bon exercice pour ceux qui sont incriminés, mais c’est aussi un cas d’école intéressant pour ceux qui sont en train de gérer mais qui ne sont pas encore incriminés puisque cela va les pousser à faire davantage attention. Ceux qui demain auront également à gérer feront également davantage attention par rapport à leurs actes. L’État n’a pas intérêt à étouffer ce dossier parce que la société civile restera debout pour que la suite nécessaire soit donnée à cette affaire.
Maintenant, pour ce qui concerne les ministres, l’Assemblée nationale doit jouer son rôle en faisant de sorte que les ministres cités dans cette affaire répondent devant la Haute cour de justice. Je rappelle encore une fois de plus que nous avons engagé ce processus à la suite d’un constat amer faisant état d’un détrônement présumé de nos ressources par une minorité pendant que la majorité des Sénégalais souffrait et donc on ne pouvait pas rester les bras croisés par rapport à ce que nous avons appelé un carnage financier. C’est donc la raison pour laquelle, nous nous sommes mobilisés pour déposer hier, une plainte collective au niveau du procureur de la République. Nous restons vigilants et attendons la suite.