Depuis quelques temps, le ciel s’assombrit chaque jour davantage au-dessus de nos têtes.
Or, si tout devient obscure, seule la raison peut nous empêcher de sombrer. Si on n’y prend pas garde, une affaire politico-judiciaire sans cause risque d’embraser le pays.
Les leaders, de quelque bord qu’ils se situent, doivent se rappeler que l’orgueil et le sentiment de haine sont les pires ennemis de l’homme. L’un est une passion féroce, capable de détruire, en une fraction de seconde, le labeur de toute une
vie ; tandis que l’autre fait de l’homme un monstre, en le dépouillant de tout ce qui fait l’éminence humaine.
Les uns et les autres devraient se rappeler la sagesse de ce grand homme, selon laquelle : « L’homme d’Etat qui cède aux démons de la violence collective, doit savoir que dès que le signal est donné, il n’est plus le maître, mais l’esclave d’évènements imprévisibles et incontrôlables ».
En tout cas, face à la situation délétère qui prévaut dans le pays, tous les sénégalais sont interpellés, et particulièrement les régulateurs sociaux, les personnalités de la société civile, les acteurs politiques et l’intelligentsia dans son ensemble.
Pour notre part, nous avons pris le parti de soumettre à la lumière du principe de légalité, l’ensemble des éléments recueillis des interviews, débats, chroniques et commentaires qui ont été publiés dans les médias.
Ce qui fonde notre choix est que le principe de légalité, dans le procès pénal, a une valeur constitutionnelle et universelle. Il s’impose même au législateur, qui ne peut pas édicter des lois pénales qui laissent aux tribunaux le soin de déterminer, eux-mêmes, leurs compétences ou d’organiser leurs procédures.
Il fait partie des principes établis par la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. Il est le verrou de protection des justiciables contre l’arbitraire.
Outrepasser le principe de légalité, c’est violer les articles 7 et 8 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, l’article 15 du Pacte international sur les Droits civils et politiques, l’article 9 de la Constitution, l’article 4 du Code pénal, l’article 6 de la Charte africaine des Droits de l’Homme.
Ceci fait que même pour décider d’un renvoi devant la chambre criminelle, la conviction du juge d’instruction doit, en conscience, apprécier la valeur probatoire des éléments présentés par l’accusation et de ceux que leur oppose la défense.
À propos d’éléments de preuve, une analyse fondée sur la technique juridique, nous a permis de noter plusieurs observations se rapportant au principe de légalité.
C’est ainsi qu’il nous a été donné de constater que les résultats du prélèvement, qui a été opéré dans la nuit du 2 février 2021, n’a aucune valeur juridique et, est irrecevable devant toutes les juridictions du monde.
Car, en l’espèce, nous avons relevé deux causes d’irresponsabilité, à savoir :
- L’expert qui a procédé au prélèvement a été choisi par Adji Sarr et ses alliés (Maitre Pape Samba So et son beau-frère Mamour Diallo).
Or, l’expert n’est jamais choisi par les parties au procès ; parce que dans une telle hypothèse, on considère que l’expert n’est rien d’autre que l’expert de l’accusation. Ce qui constitue une atteinte grave aux droits de la défense (Crime, 1er mars 1961, B, 129 ; Dalloz 1961, 304).
- Le prélèvement ayant été effectué en l’absence et à l’insu des autorités judiciaires ou leurs représentants, et en l’absence de toute réquisition, ne peut avoir aucune valeur juridique et, est donc irrecevable.
Dès lors, il peut être dit que la plaignante n’expose aucune preuve quant à l’existence d’une conjonction sexuelle, alors que le défendeur (Ousmane Sonko) peut se prévaloir du certificat médical, qui a été établi le 3 février 2021, attestant de l’absence de conjonction sexuelle.
Pour ce qui concerne les différents types de massages, il est à noter que Adji Sarr s’est contredite par deux fois. D’abord, la première fois qu’elle dit avoir reçu Ousmane Sonko, elle lui avait indiqué que seuls quatre types de massages étaient pratiqués à l’institut Sweet Beauté (les soins tonifiants, le sportif, les 4 mains et le gommage du corps). Pourtant, l’occasion était belle pour appâter un client, en lui annonçant des pratiques érotiques.
C’est la même déclaration que Adji Sarr avait servie aux enquêteurs de la Section de Recherche.
Il convient de rappeler, qu’à ce propos, elle a été démentie par les déclarations concordantes de toutes les masseuses qui ont eu à travailler à l’institut Sweet Beauté (Ndeye Rahma Fall, Seynabou Ngom, Aissata Ba, Mia et Sala).
Quant aux deux armes à feu « attachées à la ceinture », il est évident que les autres masseuses les auraient vues, dans la mesure où Adji Sarr a déclaré que Sonko se déshabillait !
S’agissant des photos montrant des filles habillées légèrement, il est visible qu’il s’agit d’un amalgame. Car, les unes appartiennent au salon dénommé « Sweet Massage » sis à Yoff Virage (derrière la fédération sénégalaise de football), tandis qu’il est clairement écrit, sur deux autres autres photos, qu’elles proviennent du site internet senemassage.com.
Il est donc établi que Adji Sarr n’a pu apporter aucun élément propre à appuyer ses dires, et que tous les témoignages, y compris ses propres témoins, concordent et la démentent. Ceci équivaut à une preuve positive de non- culpabilité.
Par ailleurs, ce constat est conforté par plusieurs faits qui mettent en doute la crédibilité des allégations de Adji Sarr, ainsi que la moralité de celle-ci :
- Adji Sarr a déclaré n’avoir « rien programmé », alors que le gynécologue a soutenu avoir été sollicité bien avant le jour du soi-disant viol.
- Adji Sarr a déclaré, au juge d’instruction, avoir quitté le salon Sweet Beauté après le premier viol ; alors que lors de sa confrontation avec Ndeye Khady Ndiaye à la Section de Recherche, elle avait bien reconnu avoir été renvoyée
après avoir été surprise à califourchon sur un client, et que c’était bien elle qui avait supplié pour être réintégrée par Ndeye Khady Ndiaye.
- La masseuse Aissata Ba a déclaré, à la gendarmerie, que Adji Sarr lui aurait proposé la somme de 100.000 Francs pour qu’elle ne témoigne pas.
- Le gynécologue Alfousseyni Gaye a déclaré, lors de son audition par le juge d’instruction, que les complices de Adji Sarr, en l’occurrence Maitre Pape Samba So dit Gaby et Mamour Diallo, lui ont proposé une sacoche remplie de billets de banque pour qu’il établisse un certificat médical de complaisance.
Donc, au nom de l’intérêt supérieur de la Nation, nous prions tous les protagonistes à revenir à la raison.
Selon Monseigneur Emmanuel Lafond, qui fut évêque à Soweto, « à un certain niveau, tous les êtres humains ont le même courage, la même haine et la même lâcheté ».
En tout état de cause, la liberté et l’égalité étant d’essence humaine, lorsqu’elles sont injustement menacée, n’importe quel homme se révolte.
C’est pourquoi, la Justice, qui est facteur de paix, a été adoptée non pas seulement par la majorité de tel ou tel peuple, mais par la majorité de tous les hommes.
Dans le pays, l’espace politique est devenu un chaudron de sorcière, alors que dans la pratique oppositionnelle, l’hostilité à l’autre ne doit pas être élevée au rang de réalité positive.
L’adversaire politique ne doit pas être regardé comme un danger dont il faut triompher par tous les moyens.
Car, s’il en était ainsi, l’arène politique deviendrait un champ de bataille de rats où le combat ne cesserait que faute de combattants.
On peut combattre l’adversaire politique avec force, mais ce combat doit se faire avec mesure et décence.
Dans l’Etat, les conflits doivent être résolus par le dialogue, parce qu’il est illusoire d’essayer de les éradiquer, d’autant plus que pour Kant : « Les opinions se nourrissent de l’acharnement qu’on déploie à vouloir les combattre ».
Certes, nul ne peut être au-dessus des lois, mais tous les citoyens doivent être égaux devant la loi.