Hier nuit, j’ai suivi le discours du Président de la République dans les locaux de Touba TV.
J’ai écouté pour prendre des notes plus que je n’ai regardé les images où furtivement les couleurs de l’arrière plan semblaient tirer vers des couleurs partisanes.
Le discours lui-même, vingt-cinq minutes, était assez long pour un discours présidentiel de fin d’année. Le Président de la République nous avait habitué à des discours beaucoup plus courts.
Nous avions l’impression que le Président de la République voulait prouver aux Sénégalaises et aux Sénégalais qu’il avait vraiment travaillé, qu’il n’était pas resté oisif durant toute l’année.
Les infrastructures faites ou non faites, les équipements livrés ou non livrés, les milliards à vous donner le tournis, tout cela défilait porté par une voix qui tentait de faire sentir la force de l’homme qui parlait.
C’est comme si le Président de la République faisait face à un peuple qui n’était pas convaincu de son bilan annuel, qui ne ressentait pas les bienfaits de ses réalisations.
Il semblait s’évertuer à plaider non coupable comme l’élève qui veut prouver à son maître qu’il a bien appris ses leçons.
La difficulté avec les discours du Président de la République est qu’ils sont sans âme, dépourvus d’émotion.
Lui ou les rédacteurs de ses adresses à la Nation ne se rendent pas comptent que les Sénégalais, comme tous les êtres humains, sont faits de chair et d’os, ressentent des sentiments.
Le discours n’est à aucun moment traversé par l’émotion. On ne ressent aucun frisson en l’écoutant. Aucun lyrisme n’effleure.
La conclusion résume le ton du discours. À l’appel à l’unité attendu, à la volonté de rassembler espérée, il y eut une sorte de mise en garde à peine voilée.
La chute qui devait être l’apothéose du discours du tribun a jeté le froid sur une population en quête de plus de liberté, de moins de pressions, de moins d’autoritarismes.
Les espoirs et l’optimisme, que les chapelets de perspectives égrenées voulaient susciter, se sont évanouis avec cette fin inappropriée d’un discours sans chaleur ni saveur.
Louga, dimanche 1er janvier 2023
Mary Teuw Niane