Pour le professeur en sciences politiques Maurice Soudiek Dione, la constitution du Sénégal est claire sur la question des mandats
Pour le professeur en sciences politiques Maurice Soudiek Dione, la constitution du Sénégal est claire sur la question des mandats. «On n’interprète pas ce qui est précis et clair comme l’eau de roche», affirme le chercheur à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint Louis qui était l’invité de «Appel sur l’actualité» sur «RFI».
De l’avis du politiste, les membres de la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby) qui parlent d’un deuxième quinquennat racontent des histoires. «En réalité, la Constitution est très claire là-dessus. L’argument des membres de la coalition BBY n’est pas juridiquement recevable pour la bonne et simple raison que la nature du mandat n’a rien à voir avec la durée du mandat. Aux Etats-Unis le mandat est de 4 ans, en France le mandat est de 5 ans, en République Démocratique du Congo le mandat est de 7 ans. Le mandat, qu’est-ce c’est ? C’est une habilitation à représenter, à agir et à parler au nom et pour le compte du peuple pour un temps qui peut être variable », explique Pr Maurice Soudieck Dione avant de préciser que «le premier mandat était un mandat de 7 ans, le second un mandat de 5 ans. Ce qui fait deux mandats et au regard de la Constitution, nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs»
Battant en brèche les arguments des tenants du pouvoir, il souligne que si ces derniers considèrent que le mandat de 7 ans n’est pas un mandat, en ce moment, c’est un cataclysme juridique qui se produit. À l’en croire, cela veut dire que le président de la République a eu à exercer un pouvoir de fait. C’est-à-dire, indique-t-il, sans titre juridique valide et valable. «Et dès lors, toutes les lois qui ont été promulguées par lui sont nulles, toutes les nominations à des emplois civils et militaires qu’il a faites sont nulles. Vous comprenez alors le séisme que cela produit dans l’ordonnancement juridique», explique que Pr Soudieck Dione qui estime que cela constitue une aberration. «Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. C’est clair. Et nul n’est un pronom impersonnel. Et si on remplace nul par Macky Sall dans la situation actuelle, cela donne que Macky Sall ne peut pas exercer plus de deux mandats. On n’interprète pas ce qui est précis, clair comme de l’eau de roche», serine le Pr Maurice Soudieck Dione sur les ondes de «Rfi» avant de soutenir qu’une troisième candidature serait une violation manifeste et flagrante de la charte fondamentale. Pour lui, il n’est pas normal de faire primer les envies d’un individu, fût-il le président de la République, sur la Constitution.
Toutefois, il pense que l’opposition doit éviter d’entrer dans une confrontation inutile et prématurée, «tout en travaillant politiquement dans la perspective de cette échéance».
C’est le vœu du professeur en sciences politiques.
Mamadou Mbakhé NDIAYE