A l’aune de l’emprisonnement de Pape Alé Niang, le chapelet de confrontations entre la presse et le président Macky Sall déroule des séquences que l’opinion publique nationale tend à oublier. Mais le Témoin rafraîchit certains faits qui ont trait à l’arrestation de journalistes dans l’exercice de leur mission d’information du public.
En effet, de l’avènement du président Macky Sall, en 2012, à ce mercredi 09 novembre 2022, de nombreux journalistes des médias privés ont été convoqués devant la redoutable Division des investigations criminelles (Dic) de la police ou la Section de recherches de la gendarmerie nationale suite à la diffusion d’articles en lien avec le régime en place. Nous retenons le cas de l’ancien directeur de publication du journal « L’Observateur », Alioune Badara Fall, suite à un article de son reporter Mamadou Seck sur l’envoi en Arabie Saoudite de 2 100 soldats sénégalais pour la guerre au Yémen, publié le 8 mai 2015.
La même année, trois journalistes de D-Média ont été également convoqués par la même Division des investigations criminelles (Dic) suite à la reprise d’un article publié par le journal français Le Monde incriminant l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall, dans les fonds russes de Lamine Diack.
Nous n’oublions pas le cas du doyen Adama Gaye. Suite à un texte partagé sur sa page Facebook, ce dernier a été interpellé le 29 juillet par la Division des investigations criminelles, sur instruction de l’ancien procureur de la République, pour « offense au président de la République » et « atteinte à la sûreté de l’État ». Il a passé plus d’un mois en prison dans des conditions humiliantes et dégradantes. L’ancien secrétaire général du Synpics, Ibrahima Khaliloulah Ndiaye, avait vivement dénoncé ces séries d’arrestations en parlant de « tentatives d’intimidation ».
« Les journalistes ne doivent être là que pour l’intérêt du public. Ils doivent faire en sorte que ce que cachent nos dirigeants soit connu du grand public. Donc, les journalistes ne doivent nullement céder à la pression ou à l’intimidation.
Ils doivent continuer à faire leur travail dans le respect des règles et des lois existantes, et n’avoir pour objectif que d’informer le public », confiait-il dans les colonnes de l’Observateur. Mais allez donc expliquer cela au procureur de la République ou au ministre des Forces armées, Me Sidiki Kaba, pourtant ancien président de la Fédération internationale des droits de l’homme (Fidh) !