En attendant la prochaine pub pour Sonko…

par pierre Dieme

Ousmane Sonko est parti comme il était venu au tribunal de Dakar le jeudi 3 novembre 2022. En trombe ! A sa sortie du bureau du Doyen des juges, ses gardes du corps étant arrêtés pour les besoins des affrontements à Thicky dans le département de Mbour, il refuse de rentrer chez lui sans eux, avant d’obtempérer. Une affaire dans l’affaire bien exploitée médiatiquement. Le pouvoir a dû mettre à sa disposition un convoi impressionnant qui l’a escorté jusqu’à la cité Kër gòor gi, sa résidence. Le leader de Pastef alimente ainsi la chronique reléguant au second plan tous les autres.

Une aubaine pour un opposant gravement accusé de viol répétitif avec violences sur une fille de 20 ans. Sa côte de popularité va crescendo, son capital notoriété s’élargit. Il exploite les maladresses dans la gestion d’un dossier qui pouvait le tuer politiquement et socialement. Ce qui ne l’a pas anéanti le grandit et l’engraisse depuis lors. Dés lors, l’opposant numéro 1 de Macky Sall n’a nullement besoin d’un « un effort commercial intensif, habile et hautement organisé » pour déprécier un président en fin de mandat qui maintient le flou sur son avenir immédiat.

Le pouvoir continue ainsi d’offrir à Ousmane Sonko une exposition médiatique sans commune mesure qui arrose davantage une popularité loin d’être surfaite.
Le leader de Pastef bénéficie ainsi d’une situation rêvée… par tout homme politique. On ne parle que de lui. Ses accusateurs ont montré des légèretés certaines et que le pouvoir détenteur de la « violence légitime » a manqué de sérénité et de mesure à tel point que l’accusé qui crie au complot est parvenu à convaincre nombre de Sénégalais qui ont pu identifier un certain nombre de faits qui confortent la thèse de l’inquisition.

Sonko a su surtout prendre le taureau par les cornes prenant le temps d’expliquer à chaque étape, les tenants et les aboutissants d’une histoire au long cours. La bataille de l’opinion a été ainsi largement gagnée du fait de l’élargissement du dossier qui dépasse une simple affaire privée et a des ramifications insoupçonnées.
Option communicationnelle
En février-mars 2021, son option communicationnelle consistant « à tout dire aux Sénégalais » l’a sauvé du rouleau compresseur d’un État qui avait tout mis en œuvre pour que la justice s’abatte sur lui. C’est en homme politique déterminé qu’il était apparu, qu’il apparaît aujourd’hui encore pour une déconstruction des «griefs en sorcellerie ». Il réussit bien cet exercice si l’on en juge par l’engouement que suscitent ses déclarations et par la débauche d’énergie utilisée par le pouvoir qui, loin de la banalisation qui devait être de mise en de pareilles circonstances, est obligé de se déployer avec une lourde artillerie pour « faire face » à la mobilisation redoutée.

Il faudrait agir avec maestria pour chasser cette idée bien ancrée selon laquelle Macky Sall a pour seule ambition de réduire l’opposition à sa plus simple expression, pour reprendre son expression…malheureuse prononcée au début de son premier mandat. De mars 2021 à octobre 2022, le déroulement des événements démontre clairement que l’opposition, Sonko en tête d’affiche, a été revigorée au moment où le pouvoir traverse une mauvaise passe. Les locales et les législatives dernières illustrent assez un tel constat. Aujourd’hui encore, il va être difficile de renverser la tendance.

Les efforts consentis ces derniers jours pour mobiliser des forces de l’ordre pour une simple audition d’un opposant, dissimule mal une paranoïa gênante. Un tel excès de zèle cache les travers, les erreurs, les négligences dans les prises de parole de Sonko qui continue de « dérouler » devant des adversaires qui lui offrent sur un plateau d’or de belles tribunes pour la publicité de ses idées, de son parti et de ce qu’il compte faire une fois à la tête de la patrie « dans 16 mois », comme il le précise non sans conviction.
L’Info

CHRONIQUE DE Mame Gor Ngom

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