Un rappel de certains faits depuis la fameuse rencontre avec l’ancien président guinéen Alpha Condé, suivie d’une réconciliation fort médiatisée, permet de remettre certaines pendules à l’heure, alors que Khalifa Sall reste aphone. Ou presque…
Depuis qu’une loi d’amnistie a été annoncée en faveur de Karim Wade, le paysage politique ne bruit que pour le fils de l’ancien Président Me Abdoulaye Wade. Entre la demande de révision du procès exigée par Karim Wade et la loi d’amnistie prônée par le régime, il y a de quoi s’y perdre. Mais un rappel de certains faits depuis la fameuse rencontre avec l’ancien Président guinéen Alpha Condé, suivie d’une réconciliation fort médiatisée, permet de remettre certaines pendules à l’heure, alors que Khalifa Sall reste aphone. Ou presque…
‘’Le Parti démocratique sénégalais n’est pas demandeur d’une amnistie. Ce que le Pds demande, c’est le réexamen du dossier de Karim Wade conformément à la demande de la Commission des Droits de l’Homme des Nations-Unies (…) Et c’est possible. Il suffit d’une lettre du Garde des Sceaux, ministre de la Justice pour le faire’’. Tenus par Doudou Wade, ces propos qui datent du 20 décembre 2021 ont été réitérés, lors de son passage à l’émission du Jury du Dimanche, par le responsable libéral par ailleurs cousin de Karim Wade. Doudou Wade annonce dans la même veine le retour imminent de son neveu à Dakar, après un exil de 6 ans au Qatar. Bonjour donc la grosse campagne médiatique !
Le ministre de la Justice, Ismaëla Madior Fall, comprenant sans doute que la bataille d’opinion qui se mène est importante, s’est déjà prononcé sur la question, en soutenant par le même canal à Iradio, à propos d’une révision du procès de Karim Wade, qu’’’il faut que certaines conditions soient réunies. Il faut des éléments nouveaux qui montrent qu’il y a eu des erreurs dans le premier procès. De plus, c’est à l’initiative du Garde des sceaux, de la partie intéressée ou des ayants droit. Objectivement, je n’ai pas à ma disposition des éléments qui permettent d’envisager une révision. Concernant Karim Wade, le délit d’enrichissement illicite a été confirmé par toutes les juridictions. C’est des décisions revêtues de l’autorité de la chose jugée qu’aucun organisme fut-il international ne pourrait enlever’’.
Retour au Protocole de Conakry et de Massalikoul Jinaan
Qu’est ce qui a bien pu changer pour que Karim Wade fasse de la révision de son procès une conditionnalité presque ‘’non négociable’’ ? En février 2019, lors de sa visite à Conakry où le sujet principal entretenu avec l’ancien Président Alpha Condé, a été le dossier Karim Wade, la promesse faite par le Président Macky Sall, concernait l’amnistie. L’ancien homme fort de Conakry ne se gênait pas d’exprimer sa colère, chaque fois qu’il rencontrait une personnalité sénégalaise à propos de ce non respect du ‘’protocole de Conakry’’.
Un protocole qui avait calmé Me Wade suivi de la fameuse rencontre à la mosquée de Massalikoul Jinaan où la réconciliation entre Wade et Macky avait été célébrée avec une forte armada médiatique. Le Président Wade de ranger la hache de guerre avec une facilité déconcertante, évitant tout propos qui mettrait en péril les accords sur le cas Karim. Lui qui avait pourtant promis sang et larmes, lors de l’élection présidentielle de 2019, et demandé à ses militants de brûler les bulletins de vote.
Ensuite le Président Macky Sall est lui-même resté aphone sur la question au point d’ailleurs de faire douter ceux qui ont été les témoins secrets de l’accord. Le Président Alpha Condé ne se gênait pas d’exprimer sa déception, à l’époque, en assimilant l’inaction de Macky Sall à de la ‘’trahison’’. La décision ‘’d’examiner dans les meilleurs délais les possibilités et le schéma adéquat d’amnistie pour des personnes ayant perdu leurs droits de vote’’, adoptée lors de la réunion du conseil des ministres du 19 septembre du 29 septembre dernier aurait sans doute été mieux accueillie par le camp de Karim Wade si elle était intervenue deux ans plus tôt.
Le contexte ayant changé, entre temps, avec la montée en puissance de jeunes loups à l’image d’Ousmane Sonko, Karim Wade joue sa crédibilité, pour ne pas aller en compétition politique avec un boulet aussi lourd que son dossier déjà jugé.
La Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) avait condamné, en mars 2015, Karim Wade, à une peine de six ans d’emprisonnement et à une amende de 138 milliards de francs CFA (209 millions d’euros).
Il était accusé d’avoir illégalement fait une fortune par le biais de montages financiers complexes. Son patrimoine comprend, selon le Parquet spécial, des sociétés au Sénégal et à l’étranger, des comptes bancaires, des propriétés immobilières et des voitures.
Mamadou Fall