Le développement des Etats du tiers monde, notamment ceux d’Afrique est aujourd’hui plus que problématique. Et ce, en dépit de son énorme potentiel en ressources humaines et naturelles.
Réunis à Dakar depuis hier, mardi 25 octobre et ce, jusqu’au 28 courant dans le cadre de la 2ème édition de la Conférence sur la souveraineté économique et monétaire, des économistes africains ont plaidé pour des initiatives fortes à la base et libérées du système économique mondial qui enfreint le développement des Etats du tiers monde.
Le développement des Etats du tiers monde, notamment ceux d’Afrique est aujourd’hui plus que problématique. Et ce, en dépit de son énorme potentiel en ressources humaines et naturelles. Fort de tout cela, les difficultés s’accumulent, la pauvreté prend des proportions inquiétantes, une instabilité politique entrainant des guerres, des systèmes de santé très bas, des carences en éducation, un faible niveau de recherche ou quasi inexistant au regard des enjeux de l’heure et défis, le fort taux de corruption, la fuite des capitaux, l’économie informelle grandissante, le système agraire révolu, un faible niveau d’industrialisation, une quasi absence dans le commerce mondial, des défis environnementaux pour ne citer que ceux-là, constituent les contraintes au développement de l’Afrique. Une situation largement imputable au système économique mondial, notamment le Fonds monétaire international (Fmi), censé pourtant promouvoir la croissance économique et le développement durable des Etats membres mais qui n’a réussi que le contraire.
Se penchant aux alternatives, des spécialistes du développement ont posé le débat en ces termes : « Faire face à la crise socio-écologique : L’actualité de la déconnexion et la question des réparations globale ».
L’économiste Demba Moussa Dembélé et président de l’Africaine de recherche et de coopération pour l’appui au développement endogène (Arcade), abordant la question de la ‘’déconnexion’’, hommage à Samir Amin, a d’emblée salué la pensée de l’économiste franco-égyptien qui a su défier les institutions de Bretton woods (Fmi, Banque mondiale) au milieu des années 80, précisément en 1986 à travers son livre intitulé : « La déconnexion pour sortir du système mondial ». Selon lui : «Cette pensée est plus qu’actuelle au regard du grand retard du continent pour son développement». Il lève l’équivoque, en précisant que la «déconnexion ne signifie nullement l’autarcie, encore moins le repli sur soi-même. Mais, une vraie révolution à une stratégie auto centrée permettant de jeter les bases d’un véritable développement».
En effet, pour Moussa Dembélé «la déconnexion implique la définition de critères de rationalité économiques à partir des contraintes, des rapports socio internes surtout ceux liés au système mondial ». A la question de savoir est-ce plausible aujourd’hui d’espérer voir la donne changer en faveur des pays pauvres, Demba Moussa Dembélé répond par l’affirmation en soutenant qu’aujourd’hui «les mentalités ont beaucoup changé, les possibilités de financement et du commerce qui s’offrent sont multiples, les potentialités et les initiatives de développement tout aussi énormes. La seule chose qui pose problème, c’est l’attitude de nos dirigeants». Autant de perspectives et d’opportunités pour que les pays du Sud se tirent du bourbier du sous-développement devenu chronique. Dans le même ordre d’idées, l’économiste Ousseynou Ndiaye a appelé à un développement à la base sans quoi point de développement.
A l’en croire, la question n’est pas seulement macro mais également micro. En clair, il faut tout un ensemble d’éléments pour y arriver, y compris des sacrifices. On ne peut pas prétendre au développement si l’on n’est pas capable de se prendre en charge sur un certain nombre de questions. Des économistes ont souligné la nécessité de développer l’agriculture, de revoir nos systèmes fiscaux notamment dans les secteurs extractifs, de lutter contre la corruption et les flux financiers.
Jean Pierre MALOU