Au Sénégal, même les productions locales ne sont paradoxalement pas épargnées par la hausse des prix.
Alors que le monde est toujours englué dans la pandémie de Covid-19, il fait aujourd’hui face à une inflation généralisée accentuée par la guerre en Ukraine. La flambée des prix des denrées alimentaires a fini d’inquiéter les populations, entraînant des mouvements de protestation dans beaucoup de pays. Au Sénégal, même les productions locales ne sont paradoxalement pas épargnées par la hausse des prix. Une situation qui donne du tournis aux ménages qui ne savent plus où donner de la tête. Pendant ce temps, le gouvernement s’emmure dans un silence assourdissant qui risque de lui être fatal.
«Nous vivons la fin de ce qui pouvait apparaître comme une abondance, celles des liquidités sans coût (…) La rareté de telle ou telle matière ou technologie réapparaît, comme celle de l’eau». Ces propos du Président français Emmanuel Macron tenus le mercredi 24 août dernier en prélude du Conseil des ministres, évoquant l’urgence climatique et les conséquences de la guerre en Ukraine, ont suscité beaucoup de réactions. Si certains pensent que les français sont déjà dans des situations difficiles, d’autres estiment que M. Macron est en train de préparer ses compatriotes à des «sacrifices» et à un serrage de ceinture pour les particuliers. Quoi qu’il en soit, le monde vit aujourd’hui une crise avec une inflation qui s’emballe. En raison de la pandémie de covid-19 puis la guerre en Ukraine, l’inflation touche désormais les pays du monde entier et concerne l’ensemble des matières premières, particulièrement les denrées alimentaires et énergétiques. Une situation qui a fini de créer une onde de choc mondial et entraîner des mouvements sociaux contre la vie chère dans beaucoup de pays.
LES EMEUTES DE LA FAIM PRENNENT DE L’AMPLEUR
C’est le cas par exemple en Afrique du Sud où des populations sont sorties dans la rue pour manifester contre le prix record du carburant et l’inflation du prix des aliments de base le mercredi 24 août dernier. Selon l’Agence nationale des statistiques du pays, StatsSA, «l’inflation sur un an des prix à la consommation a atteint un nouveau sommet en 13 ans, passant de 7,4% en juin à 7,8% en juillet». La Sierra-Léone non plus n’a pas échappée à cette furie des populations. Le 10 août dernier, des manifestations contre le coût élevé de la vie et les difficultés économiques ont tourné aux émeutes de faim. Résultats : deux policiers sont frappés à mort, de nombreux blessés enregistrés et plusieurs arrestations. Face aux difficultés économiques et la détérioration des conditions de vie, des manifestations ont également eu lieu au Royaume Uni qui vit des tensions depuis quelques semaines. En Albion, de nombreux salariés issus de différents corps de métier comme les postiers, les dockers, les cheminots, sont en mouvement pour réclamer des revalorisations de leur paie en phase avec l’inflation. Celle-ci a atteint en juillet 10,1% sur un an et pourrait dépasser 13% en octobre. Sans oublier la grève dans le secteur du transport. Des ménages menacent même de ne pas payer les factures l’électricité. «Le Royaume uni connaît une de ses plus grandes crises sociales des quarante dernières années », fait-on savoir.
Comme partout dans le monde, le budget des ménages sénégalais se voit sérieusement ébranlé par une hausse des prix tous azimuts. Pis, même les productions locales sont concernées. Malgré cette inquiétude des populations, les autorités font preuve d’un assourdissant silence. Presqu’aucune mesure forte n’est prise pour soulager les populations face à cette inflation généralisée. De quoi alimenter, jour après jour, la tension qui risque d’exploser dans un contexte déjà tendu, à moins de 18 mois d’une élection présidentielle de tous les inconnus.
Mariame DJIGO