Le célèbre cinéaste sénégalais Moussa Sène Absa, qui était la vedette de la 16e édition du Festival international de cinéma de Lausanne, s’est prononcé en marge de l’événement, sur la situation politique de son pays. Le réalisateur de « Tableau Ferraille » et « Madame Brouette » a fait un portrait pas reluisant de l’actuel chef d’Etat sénéga lais qu’il décrit comme quelqu’un en total déphasage avec les réalités de son peuple.
« Macky Sall est le président en qui j’ai eu le plus d’espoir. Il avait tout pour réussir. Il est né au Sénégal après l’indépendance, il a fait toutes ses études au Sénégal, a vécu en campagne et en ville. J’ai curieusement l’impression que c’est le président qui connaît le moins son peuple. Depuis qu’il est arrivé au pouvoir, il semble être décalé des réalités. Les gens qui parlent pour Macky Sall sont nuisibles pour lui car, à chaque fois qu’ils parlent, la distance entre le président et le peuple augmente. Macky Sall est le premier président du Sénégal qui n’a aucune identité remarquable autour de lui. Moi, je peux lui tenir un discours de vérité car je ne veux recevoir ni argent ni poste de prestige. Il devrait sortir du Palais et aller plus souvent à la rencontre de son peuple, aller parler aux artistes. Les artistes que Macky Sall écoute ne sont intéressés que par l’argent et le pouvoir« , a-t-il déclaré dans une interview avec le journal Le Témoin.
« Le 3e mandat est une perspective dangereuse pour Macky et pour le Sénégal »
Le cinéaste s’est également prononcé sur ne éventuelle candidature de Macky Sall en 2024. Selon Moussa Sène Absa, le mieux que puisse faire Macky Sall, c’est de quitter son parti et de sortir la tête haute du Palais. « C’est une perspective dangereuse pour Macky Sall et pour le Sénégal. Macky Sall devrait avoir pour principal objectif de quitter le Palais la tête haute. A sa place, je profiterais de ces derniers mois à la Présidence pour quitter l’APR et apaiser le climat politique en rappelant qu’être des rivaux en politique ne signifie pas être des ennemis. Il doit être un président qui prend de la hauteur, qui se met au-dessus de la mêlée, qui ne cherche à humilier ni à piéger aucun adversaire. Actuellement, de ce que je constate de la part des proches de Macky Sall, je vois que du scénariste au décor, en passant par les acteurs, tout est mauvais. Cela ne peut donner qu’un mauvais film », affirme celui qui s’apprête à sortir, en octobre en Californie puis en Australie, « Xalé » qui va constituer le 3e film de la trilogie « Tableau Ferraille » et « Madame Brouette ».