La mort de François Mancabou supposé appartenir à la Force dite «spéciale» qui serait en lien avec une entreprise terroriste, remet sur la table le sort de citoyens arrêtés pour les mêmes faits
La mort de François Mancabou supposé appartenir à la Force dite «spéciale» qui serait en lien avec une entreprise terroriste, remet sur la table le sort de citoyens arrêtés pour les mêmes faits. Le constat est que malgré la gravité des faits visés, après procès, ils sont souvent condamnés à des peines de 3 mois avec sursis ou sont simplement acquittés alors qu’ils ont passé plusieurs années en prison.
Il est mort en détention au nom de la lutte contre le terrorisme. François Mancabou, arrêté pour son appartenance supposée à la « Force spéciale » a perdu la vie à l’hôpital Principal de Dakar. Depuis que la bataille contre le terrorisme est engagée, des citoyens sont arrêtés, mis en détention et libérés souvent sans aucune charge en relation avec cette accusation ou s’en sortent avec une peine assortie de sursis.
Le procès pour terrorisme plus connu sous le dossier d’Imam Aliou Badara Ndao en est un exemple. En juillet 2018, Imam Aliou Ndao a été acquitté de toute charge en lien avec le terrorisme. Il avait été auparavant décrit comme le cerveau de la bande. Il a été condamné pour détention d’une arme sans autorisation. Au départ les chefs d’accusations portées contre lui étaient « associations de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, blanchiment de capitaux dans le cadre d’activités terroristes en bande organisée, actes de terrorisme pour menaces et complot et apologie du terrorisme».
Le président de la chambre criminelle spéciale, Samba Kane, n’avait pas suivi ainsi le réquisitoire du parquet qui voulait qu’il soit condamné à 30 ans de prison. Et pourtant, il avait déjà purgé 21 mois de détention. A la barre de la chambre criminelle, Imam Ndao avait décrié les conditions de son arrestation et sa détention. En plus de lui, 13 autres inculpés parmi les 29 arrestations dans ce dossier furent libérés. La justice n’ayant retenu aucune charge à leur encontre. Parmi ces personnes accusées de terrorisme puis libérées figure Mor Baye Dème. Menuisier établi en Mauritanie au moment de son arrestation, il a soutenu à la barre être arrêté parce qu’il était venu s’enquérir de la situation de son compatriote, Mouhamed Ndiaye cité dans cette même affaire. Transféré au Sénégal, il a été détenu plus d’une année avant son procès qui a abouti à sa libération. Quelques semaines avant l’ouverture du procès de l’Imam Ndao et Cie, le jeune Assane Camara a été attrait à la barre pour les mêmes faits. Il a été libéré après son face à face avec le juge Samba Kane. Il était poursuivi pour associations de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et associations de malfaiteurs en vue du financement du terrorisme. Le parquet avait requis 5 ans de prison ferme.
Les arrestations pour terrorisme, c’est le cas aussi de l’étudiant Saer Kébé. Il a été interpellé en mai 2015 pour apologie du terrorisme après son post sur Facebook. Après son procès, Saer Kébé n’a été condamné qu’à 3 mois d’emprisonnement avec sursis. Il venait de passer 4 ans derrière les barreaux. C’était en avril 2019. L’étudiant en physique informatique de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, Ousseynou Diop, a été inculpé et placé sous mandat de dépôt après sa publication après l’attaque du Bataclan en 2015. Après 4 ans de prison, il a obtenu la liberté provisoire en 2019. A la sentence définitive, il a été condamné lui aussi à 3 mois avec sursis.
A signaler que la lutte contre le terrorisme a fait l’objet de plusieurs endurcissements. La loi n°2016-29 du 8 novembre 2016 modifiant la loi n°65-60 du 21 juillet 1965 portant code pénal corse la peine. L’accusé peut faire 96 heures de garde à vue sans l’assistance d’un avocat et ne peut être rendu visite par un proche.
Fatou NDIAYE