Plusieurs voix s’élevaient au Burkina Faso pour s’opposer au retour de l’ancien président Blaise Compaoré, arrivé à Ouagadougou jeudi après huit ans d’exil, et dénoncer « l’impunité », quelques mois après sa condamnation à perpétuité pour son rôle dans l’assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara.
Blaise Compaoré, chassé du pouvoir et poussé à l’exil à Abidjan par une insurrection populaire en octobre 2014, est en visite pour quelques jours au Burkina Faso, à l’invitation de l’actuel président, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.
Au pouvoir depuis un putsch le 24 janvier, M. Damiba a souhaité réunir tous les anciens présidents du pays encore en vie afin d’« accélérer la réconciliation nationale » et trouver une solution pour endiguer la violence jihadiste qui frappe le Burkina depuis 2015.
Mais ce retour a suscité de nombreuses critiques, notamment concernant la condamnation par contumace, le 6 avril dernier de M. Compaoré pour son rôle dans l’assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara, lors d’un coup d’Etat qui l’avait porté au pouvoir en 1987.
« Dans le cadre de cette affaire judiciaire, un mandat d’arrêt international a été lancé contre ce dernier qui n’a jamais daigné se présenter devant la justice. Le tribunal avait réaffirmé ce mandat d’arrêt et en vertu de cette condamnation, le Président Blaise Compaoré devrait être immédiatement arrêté et conduit » en prison, a ainsi estimé le Front patriotique qui regroupe une vingtaine d’organisations et de partis politiques.
La réunion des anciens chefs d’Etat qui doit se tenir vendredi est « un parjure et une haute trahison », poursuit le Front patriotique, appelant les autres présidents à la boycotter.
Blaise Compaoré a atterri jeudi à Ouagadougou et devait passer la nuit, selon des sources au sein de son parti, dans son village natal de Ziniaré, à une trentaine de km la capitale. « Cette réconciliation ne doit, ni ne peut se faire en consacrant l’impunité ou en opérant des arrangements entre politiciens », ont de leur côté affirmé plusieurs centrales syndicales.
« Devons-nous immoler la justice, socle du pacte républicain, sur l’autel d’une certaine réconciliation nationale? », s’interrogeait enfin le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti du président Roch Marc Christian Kaboré, renversé en janvier dernier. Peu de détails ont filtré sur le format de la réunion des chefs d’Etat, vendredi.
Outre Blaise Compaoré, président de 1987 à 2014, sont également invités Jean-Baptiste Ouedraogo (1982-1983), Isaac Zida qui avait brièvement pris le pouvoir en 2014 et actuellement en exil au Canada, Michel Kafando (2014-2015) et Roch Marc Christian Kaboré qui avait été élu en 2015 avant d’être renversé.