Sénégal : Que valent-ils ? Que veulent-ils ?

par pierre Dieme

En attendant de savoir ce qu’ils pèsent, ils sont incontestablement la nouveauté des législatives du 31 juillet prochain. De Thierno Alassane Sall à Cheikhou Oumar Sy, en passant par le juriste Ibrahima Hamidou Dême, Thierno Bocoum, Chérif Théodore Monteil, Abdourahmane Diouf et Marème Soda Ndiaye, ils sont sept identités remarquables à se donner la main pour mettre sur pied la coalition Alternative pour une Assemblée de Rupture. (AAR Sénégal) en direction du scrutin législatif de fin juillet. Dépourvus d’un solide ancrage social pour la plupart, parviendront-ils à transformer leur notoriété en dividende électoral ? Gros plan sur l’une des coalitions qu’il faudra surveiller le plus le 31 juillet prochain.

Par leurs profils et le contrat de législature qu’ils proposent, ils ont déjà marqué leur différence. Mais il va falloir qu’ils marquent leur territoire. Mis sur pied en perspective des législatives de ce 31 juillet, la coalition Alternative pour une Assemblée de Rupture. (AAR Sénégal) qui les fédère est sans conteste la grande nouveauté sur l’échiquier politique. Mais réussira-t-elle pour autant à faire son trou dans un landerneau politique outrageusement dominé par les coalitions Benno Bokk Yaakaar et Yewwi Askan Wi. C’est le pari que veulent réussir Thierno Alassane Sall, tête de liste nationale de AAR Sénégal et compagnie qui viennent d’ailleurs d’enregistrer un soutien de taille en la personne de Moustapha Diakhaté, ancien chef de cabinet du Président Macky Sall, visiblement séduit par le discours qu’ils arborent et la rupture qu’ils promeuvent.

Contrat de législature : un levier électoral ?

C’est le 10 juin dernier, face à la presse et une centaine de militants et d’invités, que Abdourahmane Diouf, Thierno Alassane Sall et Cie ont présenté ce qui apparait comme la principale innovation de ces législatives du 31 juillet. En l’occurrence, un contrat de législature dont la finalité est de permettre aux mandants d’évaluer l’action des députés. Déclinées à travers le plan 14/14, Aar Sénégal propose ainsi 14 réformes majeures que ses candidats s’engagent à opérer, une fois élus, pour donner corps à une « Assemblée du peuple, par le peuple et pour le peuple ».

Ces 14 points concernent « le fonctionnement parlementaire ; l’efficacité parlementaire ; la redevabilité parlementaire ; la rationalité parlementaire ; le patriotisme économique ; le système éducatif ; Doomu Daara ; personnes à mobilité réduite ; gouvernance foncière ; souveraineté alimentaire ; régulation ; citoyenneté ; diaspora et développement durable ». Autant de réformes jugées prioritaires par AAR Sénégal et qui devraient pousser les électeurs à voter massivement pour ses candidats à la députation.

En tout cas, s’agissant de la réforme sur le « fonctionnement parlementaire », les futurs députés de Aar Sénégal s’engagent à proposer des lois permettant d’appliquer le principe de transparence en vue de renforcer le rôle de la commission comptabilité et contrôle afin que chaque denier public dépensé puisse être tracé et justifié. En outre, il s’agira d’attribuer, de droit, deux postes de vice-présidents à l’opposition quel que soit son niveau de représentativité à l’Assemblée nationale. Et ce, pour garantir la pluralité et l’inclusion démocratique au sein de l’hémicycle.

A propos de l’efficacité parlementaire, AAR Sénégal s’engage à réduire à 10 députés le nombre d’élus nécessaire pour créer un groupe parlementaire. Non sans interdire systématiquement les cumuls de mandats électifs qui seraient, selon Thierno Alassane Sall et compagnie, la cause principale de l’absentéisme à l’Assemblée nationale. S’agissant de la redevabilité parlementaire, Aar Sénégal s’engage à mettre en place un système de suivi-évaluation du parlementaire.  Ce qui rendra ainsi obligatoire la redevabilité de chaque député auprès de ses mandants. Autant dire que la volonté de rupture est clairement affichée. Mais faudrait-il qu’elle soit bien perçue par le maximum d’électeurs pour de ce contrat de législature un bon levier électoral pour les listes de la coalition.

AAR Sénégal : combien de division ?

Mais, c’est connu : en matière d’élection, le tout n’est pas d’avoir un programme cohérent et un discours clair et limpide. L’ancrage social et la base affective sont autant d’éléments qui entrent aussi en ligne de compte. Et de ce point de vue, la tête de liste nationale de AAR Sénégal est assurément sur une bonne dynamique au regard des résultats enregistrés par la coalition « Réwum Ngor» qu’il a eu à diriger lors des élections locales du 23 janvier dernier dans son fief de Thiès. Même si la ville est finalement tombée dans l’escarcelle de Yewwi Askan Wi avec comme tête de file l’actuel Maire Babacar Diop, Thierno Alassane Sall a pu en effet se consoler d’avoir battu à plate couture et dans son propre bureau de vote l’emblématique maire de Thiès, Idrissa Seck. Une première fois depuis vingt ans durant lesquelles, le leader du parti Rewmi, a toujours régné en maître dans son bureau de vote N° 4 à l’école Malick Kaïré. Autant dire une victoire symbolique et de très bon augure pour l’ancien ministre de l’Energie de Macky Sall qui peut donc surfer sur cette vague pour porter au triomphe la liste des titulaires de AAR Sénégal.

Toutefois, le poids électoral de ses principaux colistiers demeure une grande inconnue. Que valent réellement les Abdourahmane Diouf, troisième sur la liste des titulaires, Marème Soda Ndiaye, en quatrième position, ainsi que Thierno Bocoum et Cheikh Oumar Sy respectivement aux cinquième et septième positions.  Même si on ne leur connaît pas de fief politique, encore moins un solide ancrage social, ils peuvent tout de même jouir d’une certaine côte de sympathie en raison de leur discours souvent clairvoyant et responsable dans un landerneau politique où le débat n’a jamais été aussi faible. En outre, aussi bien Thierno Bocoum, Cheikh Oumar Sy, Théodore Monteuil que Marème Soda Ndiaye se sont déjà illustrés en tant que parlementaires.  Ce qui peut être un atout non négligeable. Quant à Abdourahmane Diouf, le moins qu’on puisse dire est qu’il ne souffre guère d’un déficit de notoriété. Tout comme Ibrahima Hamidou Dême dont on se souvient de la démission fracassante de la magistrature et qui peut surfer sur la montée en puissance de Thierno Alassane Sall à Thiés où il est tête de liste départementale de AAR Sénégal. En somme, la coalition a certes fière allure, mais reste à savoir si ces responsables parviendront à transformer l’essai au soir du 31 juillet.

Momar Diongue  

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