Cet appel public à liquider Ousmane Sonko est à prendre au sérieux. 

par pierre Dieme

La progression de Ousmane Sonko sur l’échiquier politique devrait en toute objectivité faire de lui le prochain Président de la République du Sénégal. Il ne s’est lancé en politique qu’en 2014, a engrangé environs 37 000 voix aux législatives 2017, puis environs 687 000 voix à la Présidentielle 2019, ensuite près de 800 000 voix avec sa coalition aux locales de 2022 malgré son exclusion dans 15 départements sur les 45. Il a de surcroit réalisé de tels scores sans véritable budget de campagne, face à un candidat doté d’une fortune colossale et inépuisable, qui prend la latitude d’exclure des adversaires, de définir les règles du jeu, de choisir les arbitres, les juges et les observateurs.  

Si pour les présidentielles de 2024 le Président Macky Sall ne se risque pas à un forcing de tous les dangers, il n’y a personne autour de lui qui fait un tant soit peu le poids face à Ousmane Sonko.  

Les évènements de Mars 2021 ont démontré que les citoyens d’ici et de la diaspora n’ont pas l’intention de laisser Ousmane Sonko être écarté de la course pour 2024. Aucun acteur politique dans l’histoire du Sénégal n’a bénéficié d’autant d’attention et de protection de la part des populations.  

Ce n’est pas pour rien que le camp du Président Macky Sall  marque à ce point Ousmane Sonko à la culotte, et pendant ce temps ignore royalement les autres opposants dont certains ne le sont que de façade d’ailleurs. Cette fixation du camp présidentiel sur Ousmane Sonko suffit amplement comme baromètre ou résultat de sondage.  

Ce Mercredi 8 Juin 2022 à la Place de la Nation, de même que la veille au cours de la conférence de presse de YEWWI / WALLU, Mr Ousmane SONKO y a été sans détour en s’adressant à ceux qu’il considère, à raison pour certains il faut le reconnaitre, comme étant les principaux pyromanes de la république, en commençant par le Président Macky Sall et sa famille, les 7 juges du Conseil Constitutionnel, le Ministre de l’Intérieur, la Direction Générale des Elections, les fonctionnaires de l’Administration Territoriale, l’Union des Magistrats du Sénégal, certains procureurs tels que Bassirou Gueye, les membres de Benno Bokk Yakaar, le Général et Commandant de la Gendarmerie, le Directeur Général de la Police Nationale, les dirigeants des corps de contrôle. 

Ousmane Sonko a promis fermement à chacun d’eux qu’ils rendront compte demain quand les sénégalais offriront à sa coalition la majorité à l’Assemblée Nationale, et lui ouvriront par la suite les portes du palais.  

Il a promis que dès après les législatives de Juillet 2022, une fois l’Assemblée National dominée par sa coalition, celle-ci fouillera plusieurs dossiers à travers des commissions d’enquête parlementaires.  

Il a promis aux 7 juges constitutionnels qu’ils rendront compte de leurs forfaitures répétées pour plaire au Président Macky Sall. 

Il a promis aux bras armés du Président Macky Sall la loi du talion jusqu’en 2024, et une reddition des comptes après 2024 

Il a promis la prison aux pilleurs de la république dont les dossiers s’empilent dans les tiroirs des corps de contrôle, du procureur ou sous le coude du Président Macky Sall.  

Il a promis de récupérer les milliards qui sont planqués dans les maisons des membres du clan du Président Macky Sall à l’image de celle de son griot qui se fait voler des milliards à domicile sans s’appauvrir le moins du monde.  

Et last but not least, dopé par la foule immense et déterminée qui buvait chacune de ses paroles, il a promis très clairement la prison au Président Macky Sall.  

La réponse du clan du Président Macky Sall n’a pas tardé, elle a également été sans détour, par la voix d’un de ses ahuris, le sieur Amath Suzanne Camara : « Il faut tuer Ousmane Sonko. Tant qu’il restera en vie, il n’y aura pas de paix au Sénégal ». Entendez par le mot PAIX, disposer comme on le souhaite des richesses du Sénégal, s’enrichir chaque jour davantage, bénéficier d’une impunité totale, s’acheter des maisons et des voitures où on veut, faire emprisonner qui l’on veut.  

Face à la montée en puissance quotidienne de Ousmane Sonko, face au risque de soulèvement si on l’emprisonne, face à la difficulté de l’écarter des joutes électorales, il ne reste plus qu’une solution, le tuer, le liquider purement et simplement.  

Mais le tuer de quelle manière ? Abdoulaye Wade avait déjà soufflé la réponse à Ousmane Sonko en Mai 2018, lui disant ceci : « Fais très attention à ta sécurité. Les gens du pouvoir pourraient même tenter de t’empoisonner ».  Et nous savons que Abdoulaye Wade sait de quoi il parle en tant qu’ancien chef d’état, qui sait de quoi sont capables des tenants du pouvoir et de l’argent qui vivent dans la bamboula. 

Amath Suzanne Camara ne risque absolument rien avec cet appel public au meurtre, et surement pas de la part de ceux cités par Ousmane Sonko comme devant rendre des comptes demain. D’ailleurs selon la logique du Président Macky Sall, ce trublion de Amath Suzanne Camara devrait gagner quelques galons, comme en avait gagné le député Dembourou Sow qui avait appelé à décapiter à la machette les opposants au 3ème mandat, ou encore Gaston Mbengue qui avait appelé à bruler les Dias du Sénégal. 


C’est donc à la population sénégalaise d’apporter sa protection au seul et unique opposant politique bien parti pour assurer l’alternance démocratique en 2024. Empoisonnement, accident mortel, agression mortelle, tout semble désormais possible avec cet appel ouvert à l’assassinat de Ousmane Sonko. Les chasseurs de primes, les mercenaires sont certainement déjà à pied d’œuvre.  

Boubacar SALL 

E-mail : boubacarsall369@hotmail.com 

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