Macky sur les traces de Wade?

par pierre Dieme

Dans une interview à Jeune Afrique à paraître, le Président Macky Sall aurait annoncé que son travail de président est loin d’être achevé. Et bien sûr, beaucoup pensent alors qu’il souhaite ainsi continuer ses missions et par conséquent se représenter en 2024 pour proroger son mandat. Ce n’est pas ce qu’il a dit mais la conclusion coule de source.

Qui plus est, tout récemment, alors qu’il est déjà président de l’Union africaine, il faisait remarquer que la limitation des mandats n’était pas forcément une bonne idée du fait justement des raisons liées à l’achèvement de missions, de travaux c’est à dire de temps pour réaliser ses promesses.

Si l’on fait la jonction entre ces deux idées, on se rend bien compte que le Président veut rester au pouvoir. Et c’est d’ailleurs un secret de polichinelle.

Mais va-t-il pour autant se représenter ? Rien n’est moins sûr même si rien ne l’exclut également.

C’est pourquoi, il est bon de rappeler au Président Sall qu’il ne peut pas faire moins que le Président Issoufou au Niger, Aziz en Mauritanie et prochainement Bukhari au Nigeria pour ne citer que ceux-là. Car, aujourd’hui, ils sont nombreux en Afrique à avoir respecté la limitation des mandats même s’il y a eu également des contre-exemples en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, en Guinée Conakry, etc.

Il est également bon de rappeler au Président que nul n’est indispensable. Et que les travaux d’un Chef d’État ne s’achèvent jamais. Et que la fonction présidentielle va rester même si les hommes ou les femmes qui les incarnent peuvent changer.

Il est important également que tout président africain qui arrive au pouvoir évite d’être prisonnier de son entourage. Car, c’est l’une des rares contraintes à laquelle personne ne s’échappe. Ceux qui sont élus se sentent redevables de proches souvent insatiables et parmi ceux-ci certains développent des réflexes claniques et versent dans une forme d’illégalité avec le sentiment d’impunité qui les anime. Une situation qui, le plus souvent, renforce chez de nombreux élus le sentiment de vouloir rester ne serait-ce que pour protéger ses derniers.

Il reste également cette mégalomanie qui anime beaucoup de croire que l’on est seul à avoir la vision de développer son pays. Ce qui est une simple vue de l’esprit.

C’est pourquoi, il faut que nos chefs d’État respectent à la fois l’esprit et la lettre des Constitutions. Car le recours à l’arbitrage du Conseil constitutionnel n’offre pas forcément des garanties de respect de la règle démocratique.

Donc, au regard du fait que pratiquement toutes les situations d’instabilité en Afrique découlent des contextes électoraux, il est important pour le président Macky Sall et ses pairs de l’Afrique de respecter les dispositions constitutionnelles sur la limitation des mandats conformément aux recommandations de l’Union africaine. Il y va de la stabilité des nations et de la respectabilité pour le moment déficiente de notre continent.

Assane Samb

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