Volez, volez, il ne vous arrivera rien !

par pierre Dieme

Ce blanc-seing, bien entendu, ne s’applique qu’aux gros bonnets de la République. C’est une règle immuable qui s’applique à ce charmant pays depuis sa glorieuse indépendance. A part Idrissa Seck, Karim Meissa Wade et Khalifa Sall, vous avez une fois entendu parler d’une grande autorité de la République en taule pour des faits de prévarication de nos deniers publics ? Apparemment non ou du moins, c’est très, très rare pour ne pas dire inexistant. La plupart des cas, ce sont des lampistes qui payent. Même quand Diouf s’était voulu le héraut de la bonne gouvernance quand cette notion n’était pas encore usitée, il n’avait pu s’attaquer qu’à de pauvres lampistes avant de se rendre compte de l’impossibilité d’une telle mission dans un pays comme le Sénégal.

Pour les cas qui font exception à la règle, et que nous venons de mentionner, leur emprisonnement procédait plutôt de règlements de comptes politiques. Les intéressaient guignaient le fauteuil de l’autre et il fallait éteindre chez eux toutes ambitions. Paradoxalement, la voie la plus rapide pour s’enrichir sans coup férir, c’est celle de la politique. On accède facilement à la richesse que l’on partage avec la famille.

Et l’on arrive à se demander à quoi sert l’Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption. Un machin curieusement installé pour faire vivre une kyrielle de personnes dont les enquêtes sont vite enfouies dans les tiroirs poussiéreux après leur remise à qui de droit et un fort matraquage des médias. Une belle comédie que l’on nous joue chaque année avec le serment que l’on va châtier ces criminels. Il arrive que certains montent sur l’échafaud avant d’en redescendre très vite et de retrouver des stations plus prestigieuses encore que celles qu’ils occupaient avant après que la clameur se soit tue.

Bref, les rapports de l’OFNAC, c’est une grosse farce annuelle sur laquelle nos médias se jettent goulument comme le ferait un chien d’un os qui serait jeté devant lui. Jamais le Procureur ne se saisit de ces atteintes supposées aux deniers publics pour châtier ces criminels financiers. Son courroux, c’est pour les autres. Comme, par exemple, ces voleurs de câbles du Ter qui ne sont pas moins dangereux que ceux qui coupent les câbles de la Sonatel, volent les regards d’égouts, dérobent les capteurs des lampadaires solaires et trouent les pipelines de la Sar.
KACCOOR BI

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