Série de scandales dans la sante : Abdoulaye Diouf Sarr est-il intouchable ?

par pierre Dieme

Les scandales se suivent et se ressemblent dans le secteur de la Santé dont il a la charge, et pourtant zéro responsabilité pour Abdoulaye Diouf Sarr. Solide au poste malgré une succession de drames qui auraient fait sauter n’importe quel ministre dans tout autre pays, il ne semble nullement ébranlé alors qu’il en porte la responsabilité morale. Et tout porte à croire qu’il doit son impunité à son profil politique, un critère qui passe devant toute autre considération sous Macky Sall.

Sous d’autres cieux et pour des faits aux conséquences beaucoup moins tragiques, des ministres ont payé cash les dysfonctionnements des secteurs dont ils avaient la charge. Tout le contraire de Abdoulaye Diouf Sarr malgré la série macabre des drames qui se sont produits ces dernières années dans nos hôpitaux. Dernier scandale en date, un enfant déclaré mort ce 6 mai par les soignants de l’hôpital régional de Kaolack avant que son papa, parti vérifier à la morgue, ne découvre lui-même qu’il présentait encore des signes de vie. Réadmis aux soins, l’enfant, souffrant d’une pathologie assez grave, succombera finalement des suites de sa maladie après avoir été exposé à des détresses respiratoires aiguës. Et pour cause, il avait été acheminé à la morgue dans un …carton destiné à contenir du savon.

Ce nouveau drame est intervenu alors qu’on n’avait pas fini de s’émouvoir de la fin tout aussi tragique d’Astou Sokhna, une jeune dame de 34 ans, enceinte de 9 mois, acheminée le 5 avril dernier à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga, prête à donner la vie. Elle meurt le 7 avril après avoir attendu pendant une vingtaine d’heures en plein travail, une césarienne qui lui sera refusée. Elle perd ainsi la vie en demandant en vain l’assistance des soignants. « Opérez-moi car je ne sais pas si je serai encore là demain. », demande-t-elle dans un dernier souffle avant de rendre l’âme. Son bébé, non plus, n’a pu être sauvé.

Seulement, contrairement au dernier drame survenu à Kaolack, l’affaire Astou Sokhna a suscité une vague d’indignations telle que Abdoulaye Diouf Sarr a dû faire deux sorties médiatiques. Une première fois pour rejeter l’entière responsabilité sur le personnel de la maternité de l’hôpital de Louga, qualifiant le décès d’Astou Sokhna « d’évitable » et jetant les sages femmes en pâture à la clameur publique. Puis, une deuxième fois pour s’en prendre avec véhémence à ceux-là qui ont osé réclamer sa tête. « C’est une clause de style de la part de certains qui, en de pareilles circonstances, sont prompts à réclamer de manière opportuniste la tête de l’autorité suprême », assène-t-il. Quel cran !
Quant au chef de l’État, il a juste promis « toute la lumière » sur ce drame. Alors qu’on aurait bien aimé l’entendre dire que toute la chaîne de responsabilités allait être passée en revue, de la sage-femme de garde à la tutelle. Mais que nenni. Seul le Directeur de l’hôpital, en parfait bouc émissaire, a été relevé de ses fonction, alors que le moindre des clapotis de ce énième scandale ne touchera le ministre de la Santé.

Nommé en septembre 2017, il enregistre son premier scandale un mois plus tard

La vérité est que ces erreurs et négligences médicales sont tellement récurrentes sous le ministère de Diouf Sarr qu’elles sont devenues presque banales.

Qui aurait pu croire que la mort de 4 nourrissons dans l’incendie du Service de néonatalogie de l’hôpital Magatte Lô de Lingère, en avril 2021, resterait sans conséquence pour Abdoulaye Diouf Sarr ? Pour rappel, un terrible incendie s’était déclaré à l’ époque dans la salle de néonatalogie de l’hôpital Magatte Lô de Linguère. Bilan : 4 nouveaux nés ont été tués par les flammes, alors que 2 autres étaient admis aux urgences. Et même si une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances, elle n’a pas donné grand-chose à ce jour.  Quant aux installations, leur état de vétusté avait été indexé sans que le ministère de la santé  ne se sente aucunement responsable, encore moins son chef Abdoulaye Diouf Sarr.

Dire que la région médicale de Louga s’était pourtant empressée quelques jours après le drame de remettre du matériel médical d’une valeur de 10 millions de francs Cfa à l’Hôpital Magatte Lô de Linguère.  En plus d’affecter 4 infirmiers et deux sages femmes à l’unité de néonatologie dont la réhabilitation sera lancée dans la foulée. Une façon pour l’autorité politique de se donner bonne conscience alors qu’elle s’était juste contentée hélas à jouer au médecin après la mort.

Mais c’est à croire qu’il y avait comme une prémonition que le magistère de Diouf Sarr à la santé allait être fatalement rythmée par cette série macabre de scandales médicaux. Car, nommé ministre de la Santé et de l’Action sociale le 7 septembre 2017, il a suffi juste d’un petit mois pour qu’il enregistre son premier. Ce fut à l’hôpital de Pikine où une gamine de 12 ans avait trouvé la mort suite à une hémorragie de l’anus consécutif à un bout de bois qui s’y était enfoncé alors qu’elle jouait avec une amie à la terrasse de sa maison familiale. Et, rendez-vous compte, elle n’a pas été prise en charge à temps simplement parce que sa mère n’était pas en mesure de payer l’opération d’un coût de 200.000 FCFA. Depuis, la série de drames n’en finit pas de secouer nos hôpitaux sans que les dysfonctionnements criants qui en sont à l’origine ne tirent en conséquence pour le ministre en charge du secteur. Allez savoir pourquoi …

Momar DIONGUE

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