Akilee ouvre son compteur

par admin

Devant la polémique que suscite l’entente Senelec-Akilee, des responsables de cette société sénégalaise ont accepté de rouvrir le contrat. Ils se sont confiés à Sud Quotidien en livrant leur version des faits.

L’affaire des compteurs dits «intelligents» qui lie Senelec et Akilee Sa (société anonyme sénégalaise), n’a pas encore livré toutes ses vérités. Signé le 11 février 2019 en pleine campagne électorale, entre Akilee Sa et l’ancien directeur général de la Senelec, Mouhamadou Makhtar Cissé, qui avait reçu à l’époque, l’approbation de son conseil d’administration au sein duquel, siégeait l’actuel directeur général, Pape Mademba Bitèye, le contrat réserve bien des surprises aux Sénégalais. Et ce, d’autant que c’est l’actuel Dg de la Senelec qui est aujourd’hui à l’origine de la dénonciation de cette entente, tout en ouvrant une nouvelle brèche avec une entreprise israélienne du nom de Powercom.

Sud Quotidien qui a posé le débat dans sa livraison du jeudi 30 avril, revient avec de nouveaux éléments. Il s’agit d’une version de certains responsables de la société Akilee mais aussi, d’autres syndicats qui naviguent à contrecourant de Sudeten et de Sutelec, lesquels ont affiché leur désapprobation dudit contrat.

COMPTAGE INTELLIGENT ET VALORISATION DES DONNÉES

D’emblée, les responsables de Akilee qui ont pris langue avec Sud Quotidien ont tenu à préciser que «les activités menées par Akilee Sa ont été dès le début, explicitement identifiées comme tournant autour du comptage intelligent et de la valorisation des données pour offrir divers services à Senelec et à ses clients». Ainsi, dès le lancement d’Akilee, le 23 août 2017, la direction commerciale et celle de la distribution de Senelec ont exprimé «leurs besoins d’accompagnement pour améliorer l’expérience client et accroître la performance opérationnelle de Senelec». Nos sources soulignent d’ailleurs que les expressions de besoins respectives de la Senelec ont été formalisées à travers des «termes de références formels», marquant ainsi, le début des négociations sur tous les projets, tels que SmartSEN, AMI (le contrat en question) et AkileePay.
Autrement dit, les différents contrats signés avec Akilee ne sont donc que la résultante des besoins exprimés par les directions opérationnelles de Senelec et de la démonstration de capacité technique et opérationnelle d’Akilee sur la base des premiers projets qui lui ont été confiés, et pour lesquels Senelec, de ses propres dires, «a eu une totale satisfaction». A ceux qui pensent que le contrat a été paraphé dans la précipitation, nos sources soutiennent le contraire. «On a mis 2 ans à discuter pour finaliser ce contrat, avec plusieurs ateliers et des mémos établis par les directeurs techniques de Senelec», confient des responsables de Akilee.

LES TROIS GRANDS DOMAINES DE AKILEE

Nos sources ont aussi tenu à rappeler que «dès la signature du MOU, nous avions clairement exprimé notre objectif de viser 3 grands domaines». D’abord, la satisfaction de la clientèle par une transformation de leur expérience. Ensuite, l’optimisation de l’exploitation par des solutions dédiées à maîtriser les pertes et réduire les charges d’exploitation ; et enfin, par des solutions de maîtrise de la demande à travers le déploiement de solutions d’efficacité énergétique et de production énergétique renouvelable distribuée. Le tout intégré dans une centrale électrique virtuelle.

«Dans notre démarche, nous avons invité Senelec à étudier le modèle de sociétés comme ENEL, EDF, ENGIE, Total… qui sont toutes en train de se déployer dans les services énergétiques du futur, à travers la création de filiales dédiées. Par ailleurs, Senelec s’est définie une stratégie visant à diversifier ses revenus à travers trois véhicules qui ont la vocation de se déployer dans la sous-région et se positionner comme des champions dans les domaines de la production (ERS), de la distribution (Excellec) et du Comptage et des services intelligents (Akilee)», précisent aussi, nos sources.

Quant aux parts (34 % pour Senelec), les responsables de Akilee précisent aussi que «le choix a été fait de prendre des participations significatives en fonction des apports des parties mais, en évitant de donner l’image d’une Senelec qui se déploierait dans les autres pays». En effet, selon eux, «il serait très difficile pour Senelec, pour des raisons de souveraineté, mais également de fierté, de convaincre ses sociétés-sœurs de lui confier un quelconque projet comme ceux portés par ses filiales».

LES DATA, LE PÉTROLE DU XXIÈME SIÈCLE

Selon des responsables de Akilee, certains «cadres» de Senelec qui soutiennent que leur boite n’a pas besoin d’externaliser le marché des compteurs dits intelligents, font fausse route. Et pour cause, soutiennent-ils, «Akilee n’est pas un fabricant de compteurs, pas plus que Senelec ne l’est d’ailleurs. Elle s’approvisionne sur le marché, chez des acteurs de référence qui ont fait leurs preuves».

«Ce qui a poussé Senelec à développer des liens capitalistiques et contractuels avec Akilee, ce n’est certainement pas le souhait de s’approvisionner en compteurs, fussent-ils intelligents. L’essentiel est dans les data, c’est le pétrole du XXIème siècle», confient nos sources. L’enjeu pour Senelec serait donc de s’assurer qu’elle aura la maîtrise des données. «Lequel d’entre nous paye pour utiliser Google, Facebook, WhatsApp… ?», s’interrogent nos sources. «La raison en est simple, c’est qu’on ne paie pas en cash, mais en données à partir desquelles ces géants développent des services à haute valeur ajoutée. Le système SenAMI que nous avons conçu permet de s’assurer de la souveraineté sur le système et sur les données, au service de tous», révèlent-ils.

Avant de se poser les questions suivantes : «Pourquoi cela n’a pas été fait jusqu’à présent ? Pourquoi, c’est nous qui avons proposé de généraliser le comptage intelligent alors même que la stratégie initiale de Senelec était de limiter les compteurs intelligents aux quelques 10.000 clients grands comptes et d’équiper tout le reste (99,5%) de compteurs à prépaiement. Compteurs qui, en vérité, exposent encore plus Senelec à la fraude, parce qu’à l’heure actuelle, un client Woyofal n’a aucun autre contact énergétique avec Senelec, si ce n’est la livraison de l’énergie, et cela pose problème.
Pourquoi on n’a pas développé ces logiciels en interne ? Pourquoi à ce jour les quelques compteurs intelligents déployés sont venus avec un système entièrement fourni et géré par des Chinois ?»

Autant d’interrogations auxquelles les services de l’actuel directeur général de la Senelec, Pape Mademba Bitèye, qui, lui, opte pour la piste israélienne, devraient apporter des réponses.

 

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