Quelle mouche qui vole m’a donc piqué, ce matin, pour que je décide de foncer dans le lard de celui qui a longtemps été considéré, et sans doute le reste, comme l’intellectuel le plus célèbre du Sénégal?
Elle doit être de celles, irrésistibles, échappées d’un laboratoire nouvellement spécialisé sur la dette africaine, animé par qui-on-sait, et donnant vue sur cette chaise anglaise dont l’occupant fait l’objet. Comme naguère Karim Wade, Abdou Diouf ou encore Lamine DIACK, avant qu’ils ne soient lâchés après leur disgrâce, avaient été ses cibles, cirage en main.
On ne parle plus maintenant d’une volonté d’assumer, contre les cris de colère de la rue sénégalaise, un délit d’amitié pour soutenir un fils Wade, avant qu’il ne soit largué aussitôt la défaite électorale de son père confirmée. Ni de chanter les louanges d’un DIACK embourbé dans les scandales de corruption et lâché en rase campagne. Désormais, la presse embarquée et sommée de ne pas autoriser les commentaires sur l’article risible, on s’emploie à faire croire à un homme en chute libre qu’il est l’espoir du continent.
Vouloir faire passer un Macky Sall ainsi acculé, au pied du mur, enseveli par ses échecs, en réincarnation d’un leadership africain dont il n’a pas les épaules, rien que pour le pousser à s’accrocher aux illusoires, insensés, rêves de tenir d’inutiles, onéreux et décalés jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) quand tout manque au pays, il faut être un cinglé et vide rescapé de Douloumadji pour tomber dans le piège tendu par ce renard tanné sous le bec d’un corbeau déplumé aussi désespéré.
Trêve d’élucubrations sur son ramage. Revenons au sujet majeur. Cette mouche qui continue de me titiller vers une seule direction et un homme: Souleymane Bachir Diagne. Éminent universitaire, meilleur élève de son temps dans notre pays, producteur inaltérable d’idées.
En lisant hier nuit son analyse sur la pandémie du coronavirus livrée au journal français en ligne, le Point Afrique, filiale du grand hebdomadaire éponyme, j’ai en effet failli avoir un haut-le-cœur. Et une idée m’a aussitôt traversé la tête: serait-il devenu le symbole de ces intellectueurs, cyniques et fuyards, face au devoir de regarder froidement les sujets sur la table, ceux qui secouent ce continent, pour dire une pensée conforme aux attentes de vérités des peuples africains ?
De son long développement dans cette grande interview, qui ne manque pas d’aspects plus intéressants, je n’ai retenu que ce passage plus déroutant, assommant, où il donne sa lecture sur les réponses des dirigeants africains à l’irruption du virus.
Prenez vos lunettes. Et lisez verbatim, ce qu’en dit Souleymane Bachir Diagne. Ca vaut le détour. Quelle honte !
BACHIR répond à une question du Point Afrique.
“Au Sénégal, j’ai apprécié la réaction très rapide de Macky Sall : la fermeture des aéroports, la mise en place d’un couvre-feu, etc. Des mesures auxquelles la classe politique dans son ensemble a adhéré parce que le président sénégalais a reçu les grands leaders mais aussi les représentants des sociétés civiles pour les leur expliquer. C’est une belle leçon de leadership !”.
Le grand Bachir Diagne semble ici boxer dans la catégorie des laudateurs Mansour Mbaye ou Mbaye Pekh. Il s’aplatit sans réserves devant la pire des crapules et lui érige un piédestal pour l’y installer à partir d’une analyse dont on peut se demander si elle a été faite en toute lucidité. Même les plus amateurs des analystes voyaient mieux ce que ce leadership célébré par lui cachait.
En clair, en cherchant à se positionner en commandant-en-chef d’un pays assiégé par le corona, Macky Sall n’était ni dans une posture gaullienne ni churchillienne, encore moins un Roosevelt. Son projet relevait plutôt d’une démarche politicienne pour enfumer, mouiller et décrédibiliser l’opposition, se donner une légitimité politique que son rapt de l’élection présidentielle d’il y a un an lui interdisait et s’aménager un coup d’état civil, au moyen d’une loi d’habilitation scélérate, en plus de faire passer toutes ses magouilles sur les contrats corruptogenes, sur les denrées alimentaires d’urgence, entre autres.
Qu’à distance, surplombant les réalités du pays à partir de son appartement qui donne sur le fleuve Hudson à New York, il ait pu ne pas saisir les subtilités pourtant criardes dans la gestion mafieuse de la crise par Macky Sall était déjà impardonnable pour un enfant du pays.
Ce qui est plus grave, c’est qu’il ne peut ignorer toutes ces années de mal-gouvernance économique et démocratique d’un Sénégal, dont les acquis ont été rabotés sous ce “leadership” qui fait tant saliver le grand philosophe.
Le besoin d’être aérien ne peut justifier qu’il oublie comment l’homme qu’il caresse dans le sens du poil, arrivé aux affaires en 2012, sans avoir hérité de qui que ce soit, ait pu faire une déclaration de patrimoine de plusieurs milliards de francs cfa, produits de ses crimes financiers. Ces ressources en hydrocarbures du pays filées à son frère, Aliou, et à ses acolytes, n’emeuvent pas non plus son inattendu hagiographe. Ni tous les scandales économiques illimités, son parjure sur la réduction de son premier mandat présidentiel, ses manœuvres malsaines pour transformer en gadget une démocratie nationale forgée par le sang et la sueur de tant de dignes et patriotiques sénégalais. Ne parlons pas du népotisme ambiant qui l’a fait placer frères, beau-frères, beau-père, épouse, enfants, alliés et complices en crimes, au cœur des leviers de commandement de la nation.
Tout ce que Souleymane Bachir Diagne trouve à dire le concernant c’est de lui décerner un satisfecit en leadership. Les sénégalais qui vivent dans leur chair et leurs ventres vides les conséquences d’une gouvernance crapuleuse sont ravis de savoir qu’un des leurs, moins concerné, pense autrement.
Franchement, il n’y a pas à débattre de quoi que ce soit ici avec Bachir. Et je me surprends à comprendre pourquoi voici quelques années dans un amphithéâtre de l’université de Dakar où j’étais venu l’écouter des jeunes étudiants s’étaient opposés physiquement à sa prise de parole, finalement empêchée.
Loin de moi l’idée de douter du talent, d’inspiration divine, de notre philosophe, mais de grâce il est temps qu’il se reconnecte aux réalités de pays et sociétés africains plus exigeants que jamais.
Qu’il sache que Macky Sall n’est pas un leader sauf à vouloir le qualifier de chef d’une mafia.
J’espère que philosophe, homme poreux aux idées adverses, il ne m’en voudra pas d’avoir ôté les gants de respect que je lui portais pour lui asséner ces vérités qui me tenaient à cœur.
L’intellectuel qu’il est, loin de cette race d’idiollectuels qui se font rédiger des tribunes sur les mouches tse-tse pour endormir le chaland Sall, doit se garder de devenir un intellectueur au service d’un régime ayant fini de détruire et de piller le patrimoine tangible et intangible du Sénégal.
Bachir, wattawatt! Si vous ne pouvez pas soutenir le combat pour la survie du peuple sénégalais en dénonçant ce qui doit l’être et non en distribuant un certificat d’honorabilité à la crapule Macky Sall, alors bouclez la…
Il faut vous taire ou tourner sept fois votre langue dans la bouche pour ne pas nous débiter des sornettes qui handicapent ou découragent le combat légitime que notre peuple mène dans la douleur pour échapper au pire, plus criminel et rapace, individu, à avoir jamais porté le titre (illégitime maintenant) de président du Sénégal. Cessez de grâce d’être de ces mouches que voit l’autre dans son zèle opportuniste…
Faites un effort: vous valez mieux que ça.
Adama Gaye, Le Caire, 2 Mai 2020
Ps:
Bachir, dites-moi, au creux de l’oreille, ce que vous pensez des attitudes contrastées qui naissent sous vos yeux entre les démocraties sénégalaise et américaine.
Pendant que la démocratie américaine accule le candidat démocrate Joe Biden à clarifier ses relations avec une de ses collaboratrices qui l’accusé d’un assaut sexuel il y a 30 ans et que les escapades torrides du Président Trump avec Stormy Daniels ont fait la Une de la presse US, que dites-vous de mon arrestation illégale par votre leader Macky parce que j’ai révélé ses frasques adultérines et ses détournements avérés de deniers publics ?
Tchipiri votre enthousiasme pour un tel Escroc.