Le Sénégal entre le marteau et l’enclume

par pierre Dieme

Le Sénégal compte encadrer l’usage de l’Internet à travers un texte législatif comme dans beaucoup de pays notamment le Bénin, le Congo. Ce, face à la montée des dérives sur les réseaux sociaux.

Le Sénégal compte encadrer l’usage de l’Internet à travers un texte législatif comme dans beaucoup de pays notamment le Bénin, le Congo. Ce, face à la montée des dérives sur les réseaux sociaux. Toutefois, des spécialistes TIC et des citoyens estiment inconcevable de prendre de telles mesures qui sont une «entrave» à la liberté d’expression.

«Le gouvernement a engagé une réflexion et un texte est presque prêt. Nous allons le partager avec vous sur la régulation du secteur des réseaux sociaux. On ne peut pas laisser continuer ce qui se passe dans notre pays dans ce domaine. Ce n’est pas possible et un texte sera pris en concertation avec les professionnels pour certainement améliorer la régulation qui est aujourd’hui très faible et pouvoir consacrer la liberté d’opinion et d’expression dans le respect de la dignité de chaque citoyen». Ces propos ont été tenus par le Président de la République, Macky Sall, le 1er mai dernier lors de la cérémonie de réception des cahiers de doléances des centrales syndicales à l’occasion de la fête du travail.

Face à l’ampleur des dérives sur les réseaux sociaux, il avait ainsi annoncé une réforme, en collaboration avec les professionnels des médias pour y mettre fin. Cette déclaration de Macky Sall fait suite à sa demande, en février 2021 en conseil des ministres, de mettre en place un «dispositif de régulation et d’encadrement spécifique aux réseaux sociaux».

Toutefois, beaucoup de spécialistes avaient tiré la sonnette d’alarme quant à la liberté d’expression qui va entrainer le vote de ce texte. Car, selon eux, le Sénégal est déjà «doté d’un arsenal juridique sur la société de l’information». «Vu les textes déjà existants, il y a lieu de se demander ce que le gouvernement veut réellement réguler étant donné que la liberté d’expression est un droit fondamental que les technologiques ne devraient pas remettre en question. Mettre en place un dispositif en dehors de l’appareil judiciaire pour réguler les réseaux sociaux peut être dangereux pour la démocratie et la liberté d’expression», avait averti Africtivistes.

Quant à l’Association des utilisateurs des TIC ASUTIC, elle avait invité le gouvernement à «abandonner un tel projet qu’aucun motif objectif pour ne pas dire scientifique ne peut justifier», «appelé les journalistes, les groupes de presse à la vigilance face à ce projet qui pourrait porter atteinte à la liberté de la presse», «exhorté les organisations de défense de droits humains à être des remparts contre tout projet qui remettrait en cause la liberté de la presse». Selon les spécialistes des Tic, le mieux est d’encadrer les utilisateurs et sensibiliser sur l’éducation numérique. Cependant, il faut dire que depuis quelques années, il est constaté au Sénégal un usage abusif des réseaux sociaux.

Entre manipulations, invectives, harcèlement, des diffamations, ils sont devenus une fabrique de haine. C’est pourquoi en juin 2018, le Sénégal avait instauré une loi portant Code des communications électroniques qui présentait de nouvelles règles pour encadrer l’utilisation de l’Internet. Ce qui avait suscité une polémique à l’époque également. De nombreux citoyens avaient dénoncé des «dispositions jugées liberticides et anti démocratiques» et invité l’Etat à ne pas avoir une volonté de censurer.

A les en croire, cette réforme est une entrave à la liberté d’expression des citoyens et met en péril la neutralité du net. Ce qui n’est pas toujours le cas.

Mariame DJIGO

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