De l’affaire du bébé mort asphyxié en passant par l’incendie survenu à l’unité de néonatologie de l’hôpital de Linguère jusqu’à la mort de la parturiente Astou Sokhna à Louga, les scandales montrent l’état désastreux de notre système de santé
Les drames se multiplient dans les hôpitaux au Sénégal. De l’affaire du bébé mort asphyxié à la clinique de la Madeleine à Dakar en passant par l’incendie survenu à l’unité de néonatologie de l’hôpital Maguette Lo de Linguère qui avait tué 4 bébés et blessé 2 autres jusqu’à la mort de la parturiente Astou Sokhna à Louga, pour ne citer que ces cas, les scandales montrent l’état désastreux de notre système de santé. Entre négligences médicales, manque de professionnalisme de certains agents ou de matériels adéquats de prise en charge patients, les dysfonctionnements sont nombreux dans les structures sanitaires qui sont en passe de devenir des mouroirs.
Le système sanitaire sénégalais est indexé de la mauvaise manière. Depuis lundi dernier, le service de la maternité du Centre hospitalier régional Amadou Sakhir Mbaye de Louga est sous le feu de critiques d’une rare virulence, suite à l’affaire du décès de la parturiente Astou Sokhna. Selon sa famille, cette dernière est morte dans «l’indifférence totale après avoir souffert de 9h30 à 5h30 du matin» alors qu’elle devait «subir en urgence une césarienne». L’affaire qui a pris rapidement une ampleur sur les réseaux sociaux, choque plus d’un.
Dans la foulée, le directeur du centre hospitalier en question, Amadou Guèye Diouf a fait face à la presse pour dire qu’un «audit du décès a été fait et à aucun moment, il n’est ressorti qu’une césarienne en urgence avait été indiquée contrairement à ce qui est apparu dans la presse». Un démenti qui a été loin de calmer les ardeurs. La colère s’étend et les témoignages sur les mauvaises conditions de prise en charge dans les structures de santé fusent de partout.
Dans un communiqué rendu public avant-hier, le ministère de la Santé et de l’Action sociale promet toute la lumière sur le décès de Astou Sokhna. Il annonce avoir envoyé trois missions à Louga. «L’objectif de ces missions, au-delà de connaître les circonstances du décès, est de situer toutes les responsabilités et de prendre les mesures appropriées», liton dans l’édit. En effet, le décès de Astou Sokhna étend la liste des drames en série dans les hôpitaux au Sénégal. L’on se rappelle, en octobre dernier, de la mort d’un nouveau-né à la clinique de la Madeleine à Dakar par «négligence médicale». Né avec une jaunisse, le bébé devait subir une photothérapie. L’autopsie avait révélé que le nourrisson est mort d’une « asphyxie doublée de plusieurs brûlures au niveau du corps ». Le responsable et quatre autres agents de la clinique avaient été placés en garde à vue.
L’histoire de l’incendie survenu le samedi 24 avril 2021 à l’unité de néonatologie de l’hôpital Maguette Lo de Linguère qui avait provoqué la mort de 4 bébés et blessé 2 autres, est encore fraîche dans les mémoires. Le tollé était grand que le Chef de l’Etat avait demandé au ministre de la Santé et de l’Action Sociale de veiller à ce que « toute la lumière » soit faite sur cet incendie. Le parquet de Louga, après avoir ouvert une information judiciaire contre les nommés Khady Seck, aide-infirmière chargée de la surveillance de la salle, Fatou Sy, Chef du Service Pédiatrie, et Abdou Sarr, l’ex directeur de l’établissement (limogé dans cette affaire », avait placé ces trois personnes précitées sous contrôle judiciaire.
Les faits « d’homicides et de blessures involontaires » pesaient sur elles. Ces trois épisodes dramatiques précités mettent à nu les dysfonctionnements du secteur de la santé. Est-ce le résultat d’un manque d’agents, d’équipements ou de volonté chez le personnel ? Existe-il un système de sécurité fiable et fonctionnel permettant une bonne prise en charge des urgences sanitaires ? Le budget de la santé est-il utilisé à la santé avec efficience dans le but de l’amélioration du système sanitaire ?
Quoi qu’on puisse dire, il est fréquent de voir de nombreuses images publiées sur les réseaux sociaux comme des moisissures sur les murs, des sanitaires bouchés et des bâtiments délabrés qui jettent une lumière crue sur l’état des hôpitaux publics sénégalais.
Toutefois, les récriminations sont nombreuses à chaque drame et des sanctions sont annoncées. Quelques jours après, l’émotion passe en attendant un autre scandale certain, sans évoquer le problème de fond du système de santé.
Mariame DJIGO