Le président prend très au sérieux l’ambition de l’opposition de créer les conditions d’une cohabitation politique à l’Assemblée nationale à l’issue des législatives du 31 juillet prochain. Mais son opération de remobilisation a du plomb dans l’aile
Le président de la République et de la coalition majoritaire Benno Bokk Yakaar, Macky Sall, fait face à une véritable équation politique. Pressé par l’ambition des responsables de la coalition Yewwi Askan wi (opposition), fermement engagés à créer les conditions d’une cohabitation politique à l’Assemblée nationale à l’issue des législatives du 31 juillet, le chef de l’Etat se confronte également dans certaines localités du pays à la persistance des divergences politiques entre acteurs de son propre camp.
C’est un secret de polichinelle. Le président de la République prend très au sérieux l’ambition de l’opposition, notamment les responsables de la coalition Yewwi Askan Wi de créer les conditions d’une cohabitation politique à l’Assemblée nationale à l’issue des législatives du 31 juillet prochain.
La preuve, après avoir reconduit son ancien Premier ministre, Aminata Touré, comme coordinatrice du pôle Parrainage de Bby pour ces législatives, le chef de l’Etat et par ailleurs président de l’Alliance pour la République (Apr) et de la coalition majoritaire au pouvoir, Benno Bokk Yaakaar (Bby) a lancé une vaste opération de recollage des déchirures provoquées, dans les rangs de sa coalition par les listes parallèles lors des élections municipales et départementales du 23 janvier dernier et dont certaines avaient pourtant reçu sa bénédiction. C’est ainsi qu’au cours de la semaine dernière, des émissaires (environ 186 responsables) ont été envoyés en mission dans les 46 départements du pays pour apporter son message aux responsables locaux de la majorité présidentielle, lors de rencontres tenues à cet effet.
Dans le département de Gossas, le ministre de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire, chef de la délégation de Benno Bokk Yaakaar, a rencontré le samedi 12 mars dernier, dans une ambiance cordiale et détendue tous les responsables locaux lors d’une rencontre au cours de laquelle elle a délivré le message d’unité du patron de la majorité. Le même week-end, son collègue dans le gouvernement, Alioune Sarr, ministre du Tourisme et des Transports aériens, désigné chef de la délégation, a rencontré tous les responsables de la majorité qui ont pris l’engagement de « faire preuve de dépassement, de taire leurs divergences autour de compromis dynamiques au service de l’unité et de la cohésion dans la coalition Bby dans le département de Fatick » d’après la déclaration finale sanctionnant les deux jours de médiations.
Seulement, si dans plusieurs localités, les rencontres entre les émissaires du président Sall et les responsables locaux de la majorité se sont tenues dans une bonne ambiance, tel n’a pas été le cas partout. La preuve, dans la région de Tamba, nonobstant la présence dans la salle du président Macky Sall qui était en partance pour Médina Gounass où il devait prendre part à la cérémonie officielle du Daaka 2022, la rencontre entre responsables locaux de la mouvance présidentielle des régions de Tamba et de Kédougou s’est tenue dans une ambiance électrique sous fond de règlement de comptes, le vendredi 11 mars dernier. Il en a été ainsi également à Pikine.
En effet, selon nos confrères du quotidien « Les Échos » dans leur livraisons d’avant-hier, lundi 14 mars, « Ce fut dans le brouhaha et dans un désordre indescriptible, ponctué de tintamarre et de chahuts, que les émissaires de Macky Sall, Pape Demba Sy et Talla Sylla, ont été accueillis ». Citant plusieurs sources, nos confrères ont indiqué qu’à cause d’un « vacarme d’enfer », les responsables politiques de la majorité ont boudé la rencontre tenue au Complexe Léopold Sédar Senghor de Pikine et n’ont pas pu écouter les émissaires envoyés par le patron de la coalition Benno Bokk Yakaar, le président Maky Sall himself.
A Mbacké, dépêchés par le président de la République et président de Benno Bokk Yaakaar, le ministre Samba Sy et l’avocat Me Ousmane Sèye n’ont pas pu délivrer le message du patron lors de l’assemblée générale des partisans de la mouvance présidentielle de Touba et Mbacké qui s’est terminée en queue de poisson après l’intervention de la Police qui a fait usage des grenades lacrymogènes.
Au regard de ces tensions, on peut dire que l’opération de remobilisation de la majorité présidentielle en perspective des prochaines législatives, initiée par le chef de l’Etat, n’est pas gagnée d’avance. Alors même que l’opposition qui cherche vaille que vaille à pousser Macky Sall vers la sortie, après sa percée magistrale aux élections locales dans les grandes villes du pays, est plus jamais déterminée à faire de ces législatives qualifiées de primaires pour la présidentielle, la grande bérézina de la coalition présidentielle depuis son accession au pouvoir en 2012.
Nando Cabral GOMIS