La crise scolaire perdure. Les négociations entre l’Etat du Sénégal et les syndicats d’enseignants n’ont encore rien donné. Président du Parti de la République des valeurs (RV), Thierno Alassane Sall a donné son avis sur ce problème avant de proposer des solutions.
Invité de l’émission «Jury du dimanche» sur iRadio ce 20 février, l’ancien ministre sous Macky Sall a rappelé que depuis 20 ans, l’école sénégalaise est dans une instabilité quasiment chronique, voire délétère.
«L’être humain est par essence contre l’iniquité. Au-delà des revendications de matériel, de moyens, entre autres, il est fondamentalement contre l’injustice. Je crois que le régime de Wade a détérioré et détraqué le système d’égalité sur lequel étaient bâties la fonction et la nomination de la Fonction publique sénégalaise. En octroyant à certains corps privilégiés des avantages assez extravagants, pour dire les choses correctement. Et qui se sont étendus, par la suite, à beaucoup d’autres composantes de ces ministères, de ces secteurs», a-t-il accusé.
Avant de poursuivre : «Dans certaines agences, les salaires pour certaines catégories et certains diplômes n’avaient rien à avoir avec ce que pouvait avoir un ingénieur agronome, un médecin, un capitaine de l’armée. Le système n’était plus assis, ni sur le mérite, ni sur le risque, ni sur l’exposition à la périodicité, mais simplement à la proximité au régime de Wade».
«Macky a perpétué le système Wade»
Thierno Alassane Sall de soutenir que le président Macky Sall avait promis d’apporter des réponses à cette situation. «Mais malheureusement, il ne les a pas apportées. Parce que quand vous accordez des avantages à un corps, il est difficile d’y revenir. Dans le même temps, il sentait qu’un nivellement par le haut, en poussant tout le monde vers le haut, était insoutenable à court terme, du fait de l’état de nos finances publiques».
Ainsi, «il a perpétué le système Wade. On voit des gens qui sont dans certains ministères ou dans certaines agences percevoir des salaires plus que des gens qui ont Bac+6. J’ai personnellement les chiffres et le gouvernement avait commandité des études en 2016-2017 qui montraient des disparités importantes».
A l’en croire, on ne peut pas avoir la masse salariale qui représente 80 % de vos dépenses courantes ou de budget consacré à tel ou tel secteur, 17 % pour le fonctionnement et 2 % pour l’investissement, et dire que vous préparez l’avenir.
«Vous ne préparez pas l’avenir, mais vous vivez sur la dette. Or, dans ce pays, pour parler de l’éducation nationale, on investit peu, puisqu’on fait peu d’écoles nouvelles», renseigne l’homme politique.
«On doit avoir plus de considération pour un enseignant qui est à l’intérieur du pays que pour quelqu’un qui est dans un bureau climatisé»
Pour l’invité de Mamoudou Ibra Kane, les enseignants ont raison de parler d’iniquité. «On doit avoir plus de considération pour un enseignant qui est à l’intérieur du pays que pour quelqu’un qui est dans un bureau climatisé, qui perçoit des indemnités et hors salaire deux fois celui de cet enseignant. C’est des réalités qui existent dans ce pays. On parle des enseignants, parce qu’ils ont une capacité de mobilisation, mais on ne parle pas des agronomes, des médecins, entre autres, qui tous vivent la même chose», déclare le leader de la Rdv.
Toujours d’après Thierno Alassane Sall, il y a une part considérable des ressources qui est captée par une petite catégorie qui a pu trouver avec le gouvernement d’Abdoulaye Wade des mécanismes pour pouvoir se faire entendre et qui maintient un écart qui ne peut en aucune façon se justifier, ni dans le privé ni dans le public.
«Ce qu’il faut faire pour satisfaire toutes les revendications, parce que manifestement l’Etat n’a pas tous les moyens de faire égalité par le haut, c’est d’organiser une sorte d’assises nationales sur la question de la rémunération. Il y aura en ce moment des mesures courageuses qui pourront être discutées, faire preuve de pédagogie», propose-t-il.
Tout en laissant entendre qu’une nation est bâtie sur la base de sacrifices.