Le poids de la parole présidentielle est très fort. Au lendemain de sa sortie sur la crise scolaire, le gouvernement a convié le secteur public de l’éducation à une rencontre d’évaluation demain. Les deux parties devraient confronter leurs propositions sur le système de rémunération de la Fonction publique, dont les inégalités irritent les enseignants.
Ils s’étaient donné rendez-vous dans 15 jours. Après la rencontre tenue le 3 février dernier, le gouvernement et les syndicats d’enseignants majoritaires (G7) se retrouvent ce samedi pour l’acte 2 de leurs négociations, dans un contexte d’incertitudes avec la nomination d’un Premier ministre, qui risque de chambouler l’attelage actuel. Le premier a été un échec, selon les syndicalistes. Bien sûr, l’ordre du jour portera sur les propositions et contre-propositions sur le système de rémunération. Lequel connait de «nombreuses iniquités» qui ont poussé les enseignants à revêtir les habits de grève, après deux ans d’accalmie.
Par ailleurs, la question des administrateurs scolaires devrait aussi être au cœur des discussions. L’Amicale des chefs d’établissements du secondaire du Sénégal (Aces) rappelle que ces fonctions ne sont plus attractives, à cause des «nombreuses frustrations» allant du manque de statut à la faiblesse, voire l’inexistence d’indemnités essentielles, à l’exercice de la fonction. Elle note que «bon nombre de chefs d’établissements préfèrent démissionner et reprendre leur fonction d’enseignants, craie en main». De ce fait, elle souhaite une revalorisation de la fonction, en octroyant une indemnité de sujétion aux enseignants occupant des postes de responsabilité, à 300 mille F Cfa pour le proviseur et 250 mille F Cfa pour son collaborateur immédiat (censeur, directeur des études et chef des travaux). La convocation de cette nouvelle rencontre fait écho à la sortie du Président Sall en Conseil des ministres. Face à la crise scolaire, Macky Sall a insisté sur «l’accentuation des efforts de l’Etat afin d’assurer le déroulement normal de l’année scolaire, en relation avec les syndicats d’enseignants, en vue d’une finalisation, dans les meilleurs délais, du processus de concertation visant la prise en charge, dans le consensus, des points d’accords selon les modalités pratiques et un agenda d’application précis».
Depuis lundi, le Saemss et le Cusems enchaînent les débrayages. Hier, il y a eu une grève totale. Comme lors du précédent plan d’actions, le maintien du boycott de toutes les évaluations, des activités d’éducation physique et sportive et des activités de cellules pédagogiques, reste en vigueur. En outre, une marche nationale des enseignants est prévue à Ziguinchor le 17 février, pour exiger la correction du système de rémunération et le respect du protocole d’accords du 30 avril 2018.
Cette situation d’instabilité avait exaspéré le Collectif national des gouvernements scolaires du Sénégal, qui avait décidé de décréter lundi, un mot d’ordre de grève de 120 h et une marche nationale ce samedi, pour demander le respect de leur droit à l’éducation.
Par Justin GOMIS