Elections locales, quand les jeunes s’approprient les enjeux de l’heure !

par pierre Dieme

Fortement impliquée dans le renouvellement du mandat des élus locaux, la jeunesse sénégalaise a tenu à montrer son engouement pour la gestion de la chose publique. La mobilisation dont elle a fait montre dans les centres de vote, lors du scrutin municipal et départemental du 23 janvier dernier, témoigne également de son niveau de compréhension des enjeux de l’heure et de sa place stratégique dans le choix des hommes devant conduire les destinées des collectivités locales. Immersion décalée dans l’ambiance du vote des jeunes, dimanche 2 » janvier.

C’est dans une ambiance assez calme que se sont déroulées en vérité dans certains centres de vote les élections locales du dimanche 23 janvier. Sous un soleil de plomb, une partie de la population et de manière notable, les jeunes se sont en effet rués vers les différents lieux de vote de Dakar. Nous sommes au bureau de vote numéro 3 au lycée Seydina Issa Rohou Laye ex-LPA, il est 10h, nous trouvons un monsieur à la trentaine bien sonnée, masque bien vissé au visage, l’auriculaire taché par l’encre indélébile, il nous confie : « Je ne me suis jamais intéressé aux élections locales. C’est la première fois que je vote aux élections locales ». Notre interlocuteur qui a préféré garder l’anonymat nous dit qu’il est conscient des enjeux et que le développement se fait à la base. « Il est important que nous, jeunes, nous accomplissons notre devoir de citoyens. Nous avons besoin d’autorités compétentes qui prendront bien en charge notre cadre de vie ».

Et de poursuivre : « Le constat est là, il est alarmant. Nous avons les charrettes qui stationnent dans nos quartiers, les trottoirs sont occupés par les marchands ambulants, les marchés débordent et les marchés clandestins sont un peu partout. Je ne parle même pas des dépôts sauvages d’ordures». Terminant ses propos, notre interlocuteur fait un appel à la jeunesse ; « La politique étant l’art de gérer la cité et nous, jeunes, étant la frange la plus importante de la population devons être les premiers à répondre à ce rendez-vous de la démocratie ».

 L’horloge affiche 11h 30 et nous sommes à Cambérène 2, plus précisément à l’école 3. Sur les lieux, nous trouvons Babacar Timera Touré qui se dit habitué des joutes électorales : « J’ai commencé à voter depuis 2007. Même en 2014, j’ai eu à siéger en tant que représentant de parti. Je n’ai rencontré aucune difficulté au niveau de mon bureau de vote contrairement aux autres bureaux où une forte présence a été notée. Si on compare aux autres années, les jeunes ont fortement envahi les bureaux de vote ». Et de poursuivre, sur un air taquin, « Même, ma sœur pour qui il était inscrit sur sa carte « ne peut pas voter » a tout mis en œuvre pour se faire inscrire sur les listes électorales et remplir son devoir citoyen. Cela démontre encore une fois que la jeunesse a bien répondu à l’appel des urnes ».

Non loin de là, à l’école Soprim, le descriptif est tout autre. Nous notons une longue file devant les différents bureaux de vote. Au niveau du bureau de vote numéro 5, nous retrouvons Lamine. E Mbaye, jeune père de famille qui ne rechigne pas à faire la queue pour accomplir son devoir citoyen. Il nous confesse : « Je suis là depuis 13h, l’ambiance est quand même assez bon enfant, il n’y a pas de tension. Le seul bémol est relatif à la longue file avec un privilège donné aux personnes du troisième âge. Vous imaginez, je suis là depuis 13h. Il est maintenant 17h. Plusieurs désistements ont été même notés chez certains qui ont perdu patience. Malgré ces quelques couacs dans l’ensemble, le vote s’est déroulé dans le calme ».

En bon citoyen, Mr Mbaye justifie son engouement de jeune électeur : « Je suis pour un changement radical, pour que les populations puissent être mieux écoutées et mieux soutenues ». Et d’arguer ; « Depuis l’indépendance ce sont des maires, des représentants locaux qui ne sont là que pour leur propre intérêt avec des cumuls de fonctions. Il est temps de mettre audevant l’intérêt du peuple ».

Poursuivant, il dira : « Cette élection a permis à la jeunesse de s’exprimer et surtout de donner un contenu à la notion de démocratie ». Malgré ainsi les maints renvois auxquels ont été confrontées les élections locales, initialement programmées pour le 1er décembre 2019, la tenue du scrutin local a été synonyme d’un réveil de conscience pour la jeunesse sénégalaise qui a massivement répondu à l’appel de ce 23 janvier et qui a tenu à manifester un intérêt particulier pour la gestion de la chose publique.

You may also like

Web TV

Articles récentes

@2024 – tous droit réserver.