Dans un pays ou 60 % de la population est âgée de 25 ans ou moins, BBY, le parti du président Macky Sall, a connu une débâcle inédite lors des municipales du 23 janvier, à cinq mois de législatives à haut risque.
Jeune homme pudique et discret issu d’une famille religieuse de la confrérie layène, Seydina Issa Laye Thiaw, n’était pas une tête d’affiche de la politique sénégalaise pour les municipales du dimanche 23 janvier à Dakar. Mais son élection à la mairie de Yoff, une commune de la capitale sénégalaise, dépasse sa personne. Elle illustre le sérieux revers politique encaissé par le président Macky Sall (réélu en 2019) et son parti, BBY, initiales de Benno Bokk Yakaar (« unis par l’espoir », en langue wolof), à cinq mois de législatives à haut risque, et deux ans avant la prochaine élection présidentielle. Le chef de l’Etat peut toujours s’enorgueillir de la vivacité démocratique de son pays dans une région, l’Afrique de l’Ouest, où les coups d’Etat se multiplient.
Contre toute attente, Seydina Issa Laye Thiaw, 34 ans, a donc mis au tapis un poids lourd du pouvoir, Abdoulaye Diouf Sarr. Le ministre de la santé, cofondateur du parti de Macky Sall, qui l’avait choisi pour briguer la mairie générale de Dakar, a été doublement balayé par un électorat jeune qui a voté pour un jeune candidat.
Une bonne dizaine de ministres ou de hauts responsables d’entreprises ou institutions publiques adoubés par le président ont été emportés par la vague Yewwi Askan Wi (YAW, « libérer le peuple »), la principale coalition d’opposition façonnée par l’ancien maire de la capitale (2009 à 2018), Khalifa Sall et l’opposant radical Ousmane Sonko. Dakar, traditionnellement rebelle au pouvoir en place, mais aussi les villes de Thiès, Diourbel, Mbacké, Ziguinchor ont échappé aux appétits de BBY. Même Aliou Sall, frère cadet du chef de l’Etat et président de l’Association des maires du Sénégal, a été emporté à Guédiawaye, battu par un animateur vedette de télévision, Ahmed Aïdara.
Le BBY reste bien implanté dans les zones rurales, plus légitimistes, au nord, de Saint-Louis à Matam, dans le Fouta-Toro, sur la rive gauche du fleuve Sénégal… « La coalition subit là un sévère déclin », analyse Ababacar Fall.
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