Rassurez-vous, il ne s’agit pas des étudiants qui avaient mené le fameux mouvement de contestation sociale du mois de Mai 1968 en France c’est-à-dire les Daniel Cohn Bendit et autres Alain Krivine sans compter notre défunt compatriote Oumar Blondin Diop. Non, il est question ici des magistrats qui bénéficient de la faveur octroyée par le président de la République d’aller à la retraite à 68 ans là où tous leurs autres collègues sont appelés à prendre leurs bagages dès 65 ans.
Pour bénéficier de ce privilège cette discrimination devrait-on dire, il faut occuper certaines fonctions dans la magistrature c’est-à-dire siéger par exemple à la Cour suprême ou occuper des fonctions de chef de juridiction. Une discrimination contre laquelle se battent l’écrasante majorité des jeunes magistrats qui combattent vent debout une vieille-garde arc-boutée sur ses privilèges et ne voulant pour rien au monde perdre les fonctions qu’ils occupent et retomber dans la grande masse des « soixante-cinqards ».
Par conséquent, le pouvoir ayant vu derrière le désaveu infligé par les cours d’appel aux préfets et sous-préfets qui avaient rejeté des listes de l’opposition une révolte des « soixante-cinqards », a instruit ses gens de l’administration territoriale à se pourvoir en cassation. Avec la certitude que les « soixante-huitards » leur donneraient raison au nom de la guerre qui les oppose à leurs jeunes collègues. Des jeunes collègues dont le plus turbulent, l’ancien président de l’UMS Souleymane Teliko, a été affecté à Tambacounda, curieux hasard, quelques petites semaines après que la cour d’appel de Thiès, où il était président de chambre, avait été l’une des premières à envoyer paître les préfets et sous-préfets ayant rejeté des listes de l’opposition. Magistrat lui-même, le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, avait instruit ses subordonnés dont la plupart ont refusé d’appliquer les décisions des cours d’appel à se pourvoir en cassation. Bien joué ! Sans surprise, donc, les « soixante-huitards » ont désavoué leurs jeunes collègues pour plaire à celui qui leur adonné le privilège de partir à la retraite à soixante-huit ans. On ne pourra pas dire en tout cas qu’ils n’ont pas la reconnaissance du ventre, ces juges de la Cour suprême. Et tant pis si le pays s’embrase du fait de leurs décisions !