L’indépendance faite personne, Aby en est la plus sénégalaise des illustrations. Issue de la fratrie des Ndour, elle s’émancipe d’un poids dont l’on voudrait lester ce patronyme qu’elle présente dans sa sénégalaise identité. C’est dire que l’invité people de Rewmi n’est pas qu’une femme de corps, elle l’est de tête. Une tête bien faite. Et pour cause, si la plupart de ses paires artistes femmes s’identifient par leur plastique plantureusement exhibée, Aby s’habille d’esprit bien luné. Aussi de ses mots suinte sa personnalité assumée et entre ces lignes se dessine une femme d’un leadership qui, dans notre landerneau, ferait bien carrière en politique. Ah oui, socialiste de cœur et non de chœur, elle n’est pas dans la panurgie suiviste de ces amuseuses de galerie militante. De ses dires ou plus non-dits, elle a la force symbolique de déclamer une critique fine des mouvements politiques sénégalais et de la place réservée à la gent féminine. C’est cette femme captivante qui a capté l’attention de votre canard pour un moment de pure confession artistique et personnelle.
Musique M’dame…
Artiste-chanteuse, dites-nous en un peu plus sur votre parcours.
Je me suis lancée dans la musique à 18-19 ans. J’ai d’abord commencé par les chœurs au Super Etoile avec mon grand frère, Youssou Ndour et ensemble nous avons fait pas mal de tournées à l’international. En 1994, j’ai sorti mon premier album que j’ai intitulé « Jigeen ». Et depuis, je me bats sur la scène musicale sénégalaise.
Styliste, chanteuse, êtes-vous piquée par le virus de la pluralité ?
Je suis styliste, artiste, chanteuse, compositrice. Autant de métiers que je fais et qui me vont bien d’ailleurs. Tant que je travaille et gagne bien ma vie, je n’y vois pas d’inconvénient. Je suis prête à faire jusqu’à 5 métiers, ce n’est pas le nombre qui compte mais plutôt la façon dont on s’exploite.
Parvenez-vous à allier tous ces métiers ?
Oui bien sûr ! Il faut bien que je vive, que je trouve les moyens de m’entretenir et mes enfants, mes proches. Tant que je suis sur la bonne voie, je ferai autant de métier qu’il le faudra. Alors oui ! J’arrive à allier ces métiers.
Vous êtes de la famille Ndour, mais vous avez décidé de tracer votre propre voix. Pourquoi ce choix ?
Vous savez rien n’est fait à dessein. C’est Dieu qui trace les destins. Aussi le choix est-ce celui de tout être vivant. Qui veut vivre devra en trouver les moyens, selon ses ambitions et sa personnalité. Je suis certes de la famille Ndour, c’est ma famille et j’en suis fière. C’est une famille comme toutes les familles sénégalaises. Et j’en fais partie avec ma propre personnalité.
Autant d’albums sur le marché, dont le plus récent « Séetoo Seet » semble cartonner. Quel message avez-vous voulu lancer ?
« Séetoo Seet » cartonne bien. Pour ce qui est du message qui en découle, il faut savoir que me concernant, j’ai toujours quelque chose à dire ! Avec « Séetoo Seet », c’est ma façon à moi de montrer comment les familles sénégalaises entretiennent leurs relations. Par la même occasion, j’ai lancé un message aux couples, mais également à la jeunesse sénégalaise, que l’on sache que le mariage est fait de hauts et de bas et que chacun des deux doit remplir ses obligations. Voilà un peu ce que je voulais dire à travers cette chanson. Qui sait peut-être même « que sama place bi leu », ( lance-t-elle avec humour).
D’aucuns pensent que vous peinez à percer. Votre nom de famille vous porte-t-il préjudice ?
Non bien évidemment ! Mon nom de famille ne me porte pas préjudice, bien au contraire. Il ne pèse pas lourd le nom Ndour, c’est comme tout autre nom de famille. Je fais partie de cette famille, je me sens bien, eux aussi, nous profitons tous ensemble, tout va pour le mieux (rire).
Thione Seck, de son vivant, était votre chanteur préféré. Qu’étaient devenus vos rapports ?
Thione Seck était plus que ça pour moi, c’est quelqu’un pour qui j’ai beaucoup d’affection et c’était un sentiment qui est réciproque. Il fait partie de moi. De là où il est, je lui souhaite d’aller au Paradis et que Dieu veille sur sa progéniture. Pour ce qui est de nos rapports, ils ont toujours été bons et c’est la même chose en ce qui concerne sa famille.
Quels sont vos rapports avec les autres artistes ?
Pour ce qui est des autres artistes, j’entretiens également de bons rapports avec eux. La preuve avec mon nouvel album « Seeto Seet », me voilà en collaboration avec deux d’entre eux (Alioune Mbaye Nder, Ndiolé Tall). Je ne suis pas difficile et je n’ai pas de problèmes avec les autres artistes. Nous entretenons de bons rapports, Diam ak Salam !
Artiste, vous étiez engagée politiquement, êtes-vous toujours socialiste ?
Oui (répète-elle comme pour insister) j’adore la politique ! Je trouve que c’est quelque chose de fun, un moyen de communiquer avec les gens, de donner son point de vue par rapport à une question. Pour ceux qui ne le savent pas, j’ai un mouvement qui s’appelle J’aime Dakar, je l’ai créé depuis 2018, il fait son petit bonhomme de chemin. J’aime bien la politique et je suis socialiste de cœur, même si toutefois, je n’y milite plus à cause de certains problèmes qui, j’ai envie de dire, me dépassent un peu et pour le coup, j’ai pris la décision de quitter le parti. Mais je suis toujours socialiste de cœur.
« Il ne pèse pas lourd le nom Ndour »
Quels regards portez-vous sur la musique sénégalaise, avec l’émergence de jeunes talents?
La musique sénégalaise, elle marche toujours, il y a beaucoup de talents et chacun essaye de se démarquer comme il peut. Par contre, ce qu’il faudrait faire, c’est tenir compte de ceux qui nous regardent, de ceux qui nous aiment et prennent exemple sur nous, en gros faire plus attention à eux. Mais sinon, la musique sénégalaise marche très fort.
Quels sont vos projets ?
J’en ai plusieurs ! Pour ce qui est de la musique, d’ici à l’année prochaine, j’aurai un programme bien chargé (elle insiste), le temps de faire sortir l’album. Mis à part ça, il y a aussi l’ouverture de mon restaurant Aby’s Garden ce dimanche. D’ailleurs j’invite tous les Sénégalais à venir déguster nos supers plats (rire). Pour ce qui est des autres projets, vous en entendrez bientôt parler.