Contrats pétroliers au Sénégal: Transparency porte plainte dans 6 pays !

par pierre Dieme

Transparency International ne lâche pas l’affaire. L’organisme qui a centré ses activités sur la lutte contre la corruption, dit avoir déposé plainte dans plusieurs pays. Elle réclame une enquête sur la corruption d’agents étrangers dans les contrats pétroliers lucratifs du Sénégal.

Dans son document, publié sur son site Web, Transparency informe que les autorités d’au moins six pays devraient ouvrir une enquête sur des transactions suspectes concernant deux importants blocs pétroliers au large des côtes du Sénégal.

«Compte tenu de la réticence apparente des autorités sénégalaises à mener une enquête approfondie et à demander des comptes aux responsables, il est essentiel que les informations disponibles soient rapidement examinées par les autorités des pays qui ont compétence sur cette affaire : l’Australie, la Roumanie, la Malaisie, Singapour, le Royaume-Uni et les États-Unis», lit-on dans leur texte.

Transparency rappelle qu’en 2019, des enquêtes menées par l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) et BBC Africa Eye ont révélé des détails entourant la vente, en 2012, des droits de concession des blocs offshore Deep St. Louis et Deep Cayar, situés au large des côtes du Sénégal.

«Ces révélations mettent en cause le président actuel du Sénégal, Macky Sall, son frère, Aliou Sall, et le fils de l’ancien président. Les rapports accusent l’homme d’affaires roumano-australien controversé Frank Timis d’avoir soudoyé des fonctionnaires sénégalais afin d’obtenir l’accès à des réserves lucratives de pétrole et de gaz à des conditions extrêmement favorables», indique-t-il.

Transparency dont le Forum civil est le pendant sénégalais, rappelle que la publication de ces enquêtes a entraîné des manifestations au Sénégal. Et en réponse à la pression publique, «le frère du président, Aliou Sall, a démissionné de ses fonctions publiques mais a rejeté les allégations selon lesquelles il aurait reçu des paiements secrets» et l’enquête sur le rôle d’Aliou Sall a abouti à un non-lieu en décembre 2020.

«Les allégations de corruption n’étant pas résolues, il est essentiel que les autorités des autres pays concernés par cette affaire agissent», signale Transparency International qui dit avoir fourni les informations disponibles aux autorités d’Australie, de Roumanie, de Malaisie, de Singapour, du Royaume-Uni et des États-Unis.

« Le public sénégalais est privé de milliards de redevances potentielles provenant des ressources naturelles qui lui appartiennent », a déclaré Ádám Földes, conseiller juridique à Transparency International. « Seule l’ouverture d’enquêtes dans les autres juridictions leur permettra d’obtenir la justice qu’ils méritent. »

Aux États-Unis, par exemple, Transparency International a demandé au ministère de la Justice et à la Securities and Exchange Commission (SEC) de déterminer si Kosmos Energy et BP ont violé la loi sur les pratiques de corruption à l’étranger (FCPA), qui interdit aux sociétés cotées en bourse aux États-Unis de verser des pots-de-vin à des fonctionnaires étrangers.

L’affaire devrait également inciter le Congrès américain à sévir contre la « demande » de corruption d’agents étrangers en adoptant la loi sur la prévention de l’extorsion à l’étranger (FEPA). La FEPA érigerait en crime le fait pour un fonctionnaire étranger d’exiger ou d’accepter tout pot-de-vin ayant un impact substantiel sur le commerce américain, lit-on dans le texte.

Youssouf SANE

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