Pour comprendre la politisation caricaturale de l’administration, il faut descendre à l’échelon de la Sous-préfecture.
L’Etat sénégalais, pour des raisons budgétaires, restreint de façon drastique le nombre de candidats admis au prestigieux corps des administrateurs civils.
Pour combler la pénurie dans l’administration territoriale, la majorité des Sous-préfets sont la plupart des Enseignants coptés pour occuper ces postes stratégiques.
Malheureusement, nos gouvernements n’hésitent pas recruter les membres de leur parti, accentuant la politisation de l’administration territoriale et son manque de qualification et de professionnalisme.
Les Sous-préfets non issus du Corps des Administrateurs civils (et ils sont aujourd’hui plus nombreux que ces derniers) ont moins de latitude pour résister aux pressions politiques, car étant eux-mêmes recrutés sur des bases politiques.
Il y a lieu d’engager une réforme profonde de l’administration territoriale dont la passivité devant l’incurie des maires et faux promoteurs dans la gestion du foncier, témoigne de leur manque d’autorité et d’efficacité pour protéger les populations.
Les Préfets sont réduits aujourd’hui à de simples machines à autoriser et interdire des marches contre le pouvoir.
On se demande toujours où étaient Sous-préfets, Préfets et Gouverneurs quand des gens construisaient dans des zones inondables, des forêts classées, sur des titres fonciers privés.
Leur silence et absence encouragent les populations à investir toutes leurs économies pour y bâtir leur maisons sans autorisation, et oblige l’Etat a user de la force pour les déloger ou mobiliser des milliards en dédommagement.
Les crises politiques, économiques et sociales du Sénégal sont amplifiées par l’obsolescence de l’administration territoriale.
L’urgence c’est de changer de paradigme en mettant fin à l’héritage colonialiste de la fonction territoriale.
Administrer n’est plus réductible au contrôle des populations pour empêcher leur soulèvement. Il est nécessaire de mettre la priorité sur le volet ECONOMIQUE de l’administration territoriale avec au sein des Gouvernances et Préfectures, un bureau économique qui supervise le soutien aux entreprises.
Le Sénégal est le seul État où une unité industrielle, une petite entreprise, un sous-traitant d’une multinationale peut mettre la clef sous la porte sans que le Gouverneur ou le Préfet en soit informé.
Macky Sall a créé des dizaines d’agence dont les missions auraient pu être utilement être exécutées par les Services de son Administration territoriale.
Les élections locales de janvier 2022 auraient dû être l’occasion de redéfinir le Contenu et la portée de la décentralisation dans l’Acte 3, laquelle réforme ne peut se faire avec une Administration territoriale totalement obsolète dans son organisation et ses missions.
Amadou Ba
Sénégal: la problématique politico-administrative de l’Administration territoriale: l’obsolescence des Gouvernances, Préfectures et Sous-préfectures
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