Investitures à Dakar, une bombe à défragmentation

par pierre Dieme

Retour sur ce processus qui a tenu en haleine tout le pays et ébranlé l’effort d’unité entrepris par les responsables des différentes coalitions notamment Benno Bokk Yakaar, «Yewwi Askan Wi» et «Wallu Sénégal»

Le dépôt des dossiers de candidatures pour les élections municipales et départementales du 23 janvier prochain a pris fin hier, mercredi 3 novembre, dans le département de Dakar à l’instar des autres régions du pays. Retour sur ce processus qui a tenu en haleine tout le pays et ébranlé l’effort d’unité entrepris par les responsables des différentes coalitions notamment Benno Bokk Yakaar, «Yewwi Askan Wi» et «Wallu Sénégal».

Ça y est, on connait maintenant le nom des candidats des principales coalitions de partis politiques qui vont s’affronter lors des prochaines élections municipales et départementales pour le contrôle du fauteuil de maire de Dakar. Pour le camp présidentiel, c’est le ministre de la Santé et maire sortant de la commune de Yoff, Abdoulaye Diouf Sarr, qui est choisi tête de liste de la coalition Benno Bokk Yakaar.

Seul rescapé du camp présidentiel après le déluge de la coalition Taxaw Ndakarou de Khalifa Ababacar Sall lors des locales de 2014 sur la capitale, Abdoulaye Diouf Sarr va croiser le fer avec son collègue, maire de Mermoz-Sacré Cœur, Barthélémy Dias désigné candidat de «Yewwi Askan Wi» au détriment de la mairesse sortante, Soham El Wardini dont le dossier de candidat à la candidature de «Yewwi Askan Wi» a été déclarée forclose par la commission départementale des investitures de cette dite coalition la semaine dernière.

En face d’eux, ils auront comme adversaire, l’ancien président du groupe parlementaire des libéraux et démocrates, Doudou Wade, candidat désigné de la coalition «Wallu Sénégal» (initiée par le Parti démocratique sénégalais) et Bougane Guèye Dany, candidat de sa coalition «Geum Sa Bopp». Choisies à la suite d’un processus qui a duré plusieurs semaines sous d’intenses batailles de positionnement entre différents prétendants au fauteuil de maire de la capitale, ces personnalités ont désormais la lourde responsabilité de prouver leur ancrage électorale dans la capitale en remportant ces élections. Un défi qui est loin d’être gagné d’avance en raison du spectre de listes parallèles et autres votes-sanction qui guettent la plupart de ces coalitions.

Au niveau de la coalition majoritaire, alors que l’investiture de Diouf Sarr, tête de liste de Benno à la mairie de Dakar est contestée par certains de ses frères de parti dont le ministre chef de cabinet du président de la République, Mame Mbaye Niang, qui a même annoncé le dépôt de sa liste parallèle «Sénégal 2035», les choix du président Sall au niveau de certaines localités ont tout simplement fait voler en éclats la dynamique unitaire affichée par la majorité lors de la présidentielle du 26 février 2019 aux Parcelles assainies et à Grand Yoff qui constituent les plus grands greniers électoraux du département de Dakar avec respectivement plus 96 244 électeurs répartis dans 169 Bureaux de vote et 79 997 électeurs dans 139 bureaux de vote (chiffres de la Direction générale des élections à la présidentielle de 2019).

Ainsi, aux Parcelles assainies, les Socialistes qui avaient misé sur l’ancien ministre et coordonnateur de Benno à Dakar, Amadou Ba, ont préféré faire cavalier seul en investissant le secrétaire général de leur coordination, Mamadou Wane que de soutenir Moussa Sy dont la collaboration en 2014 a duré juste le temps de l’installation du nouveau bureau municipal. Outre les Socialistes, plusieurs autres acteurs de la mouvance présidentielle au niveau de cette commune à l’image de Mamadou Guèye dit «Guèye l’Original», coordonnateur du Mouvement Génération Originale ont également décidé de présenter des listes parallèles le 23 janvier prochain.

A Grand Yoff, le choix du Directeur général de l’Agence de l’Informatique de l’État (Adie), Cheikh Bakhoum, a provoqué un éclatement des candidatures au sein de la majorité : Me Ousmane Sèye, leader du Front Républicain, le beau-frère de chef de l’État, Adama Faye, Lasse Badiane président du mouvement Dieum kanam pour ne citer que ceux-là. Ce vent de turbulence provoqué par le choix des candidats dans le département de Dakar n’a pas épargné l’opposition. La preuve, la coalition «Wallu Sénégal» a vu son projet d’alliance avec Bokk Gis Gis, de Pape Diop, ancien président du Sénat et de l’Assemblée nationale, échouer à cause de l’absence de consensus sur le choix justement du candidat tête de liste pour la ville de Dakar. Même constat du côté de «Yewwi Askan Wi».

Lancé en grande pompe en début du mois de septembre, ce bloc est aujourd’hui diminue par la rivalité au sein de Taxaw Dakar, mouvement politique de l’ancien maire révoqué par décret présidentiel, Khalifa Ababacar Sall entre le maire sortant de Mermoz-Sacré Cœur, Barthélémy Dias et la mairesse sortante de la ville de Dakar, Soham El Wardini. D’ailleurs, après la validation par la conférence des leaders de «Yewwi Askan Wi» de la candidature de Barthélémy Dias, certains proches de la mairesse sortante sont montés au créneau pour annoncer une liste parallèle.

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