La canonnière impérialiste veille à ce que les esclaves semis-affranchis sachent bien qui commande ; qui décide des bons coups d’État, des troisièmes mandats acceptables, des élections honnies
Soixante ans après nos indépendances celles formelles, l’Afrique reste toujours dans les liens de l’esclavage avec l’ancienne puissance esclavagiste : la France. Du Niger au Tchad, en passant par la boucle de feu terroriste (qui arrange bien des intérêts), du Mali, du Burkina, de la Côte d’Ivoire, la canonnière impériale (impérialiste) veille à ce que les esclaves semis-affranchis sachent bien qui commande ; qui décide, qui vous choisit avec qui commercer, quels sont les bons coups d’État, les troisièmes mandats acceptables parce que bénis par la métropole coloniale. Elle décide des élections acceptables et celles honnies parce que n’ayant pas eu la bénédiction de Paris et de ses alliés de l’Union européenne, après celles dictées des institutions africaines : CEDEAO, UA et l’enrôlement des autoproclamées « Sociétés civiles » africaines…
Humiliée par l’Australie sous la dictée de Washington et le ricanement du banni Européen Boris le rouquin qui se venge ainsi de ceux qui ont voulu torpiller son divorce d’avec l’Europe des terres, la France a vite fait de sortir un épouvantail pour pouvoir bander des muscles : les mercenaires russes de Wagner ! Quelle horreur ! Des mercenaires en Afrique ? Au Mali surtout, son pré-carrée dont elle a dépecé le territoire pour offrir à des alliés incestueux (djihadistes) une partie (la plus riche du pays) qui en exploitent les richesses (uranium, or, diamants, pétrole…) pour ses intérêts stratégiques.
Alors, on actionne tous les lévriers pour faire rendre gorge aux colonels de Bamako d’avoir voulu, non, d’avoir seulement « pensé », envisagé de diversifier les moyens de défense de son territoire. Parce que voyez-vous, il y a des bons militaires, formés et formatés par les écoles et instituts militaires français. Et les suspects, les intouchables, les infréquentables : tous ceux formés dans d’autres écoles et instituts militaires autres que français : la Russie !
Ainsi donc, le colonel Assimi, le tombeur d’IBK (un très soumis président au jeunot de l’Élysée) pue la fabrique communiste. On mettra les bâtons dans les roues de ses blindés en actionnant toute la vieille classe politique qui rêve du pouvoir avant d’être emportée par l’âge. Ils ont été présents et ont mangé à tous les banquets et râteliers des différents régimes du Mali : civil et /ou militaire. Ainsi que la cinquième colonne dite « Société civile ». Et, toujours selon la stratégie du soutien ou du rejet, au bon ou mauvais colonel et son coup d’État. Le colonel et ex-légionnaire aigre français de Conakry est adoubé, caressé dans le sens du poil épais de sa barbe.
On a pourtant sponsorisé, soutenu tous les démagos qui prétendaient « défendre la Constitution » et occupé les rues toutes les semaines pendant plus d’un an en Guinée. Pourtant, personne n’a pipé mot quand les « libérateurs » ont commencé par suspendre toutes les institutions. Tout le monde se déculotte devant les kalaches, mitraillettes et autres tenues de camouflages qui impressionnent tant les « démocrates » d’hier.
Dans ces jeux de pouvoir puants, on peut toujours compter sur des divisions de nègres de service et autres « chiens de garde » qui n’ont rien à envier au magicien caméléon dans sa dextérité à changer de peau. En effet, je suis sidéré par ces milliers de personnes qui semble-t-il, vivaient sous la terreur de l’ancien président ! Gendarmes, policiers, juges, avocats, hommes d’affaires, assureurs, toute la Guinée « des forces vives » vivait sous la terreur pire que celle, suggère-t-on, de celle qu’a pu faire régner Sékou Touré quand il a hérité d’un pays totalement démantelé par la France de De Gaulle en 1958. La France a démantelé toute l’administration qui existait en Guinée du jour au lendemain, rapatrié enseignants, conseillers civils et militaires y compris les postiers. Et dans la foulée, elle a emporté aussi ses « harkis » guinéens qui entretenaient des liaisons …incestueuses avec le maître colon. Ce qu’ils ont voulu rééditer plus de 60 ans plus tard en Afghanistan…
Du non politique de Sékou Touré en 58 au refus d’Alpha Condé de faire de la France le seul exploiteur de la bauxite de la Guinée, il y a soixante de haines tenaces et autant d’envie de mise au pas, voire d’exécution sommaire. La France, vient par RFI, sa voix en Afrique d’ouvrir une nouvelle bataille : faire juger Alpha Condé et son gouvernement. En Guinée ? Il n’y a pas de Cour pour ça. Eh bien, suivez mon regard… la CPI. Comme avec Gbagbo ! Oui, l’ancienne et toujours « puissance » coloniale a toujours la haine tenace. Le maintien des pré-carrés nécessite l’usage de toutes les stratégies : adouber et avaliser toutes les manœuvres de nos amis et promettre l’enfer à ceux qui revendiquent encore le droit à l’insoumission.
Je reviendrais sur le cas de la Guinée et du coup d’État contre le président Alpha Condé que je connais depuis le premier congrès de son parti en 1991 (je crois). Dépêché au nom de Sud Hebdo à l’époque par feu Babacar Touré qui était, et resta, son ami, même quand ils avaient des divergences, notamment sur le troisième mandat.
Je ne suis pas d’accord avec toi, mais je ne rejoindrais pas le camp de la meute avide de sang. Le troisième mandat ou non, n’est pas, ne peut pas être une question de principe. C’est un choix à un moment donné, du peuple, par le peuple et pour le peuple. Mais on a oublié cette devise depuis que la République des coquins, des copains, des voleurs et leurs parasites multiples se sont substitués au peuple, lui dénient le droit de choisir et décident à sa place. La politique morale a été remplacée par la politique alimentaire avec ces transhumants sans frontières, ses parlementaires trafiquants, ces journalistes alimentaires… Cela inclut les alternances sans alternatives, supposées être des « respirations » vitales pour la démocratie. Non, c’est plutôt le moment des rotations des pilleurs et leurs courtisans…
DEMBA NDIAYE