Le gouvernement du Sénégal a assisté, hier, à Vienne (Autriche) à la soixante cinquième (65éme) session ordinaire de la Conférence générale de l’Agence internationale de l’énergie atomique (Aiea). La délégation a été dirigée par le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri), Cheikh Oumar Anne. Prenant la parole devant le public, le ministre-maire de la commune de Ndioum a réaffirmé l’engagement du Sénégal à continuer de coopérer avec l’Aiea, pour, dit-il, renforcer et observer strictement les normes de sûreté. «Depuis 2011, l’Autorité de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire du Sénégal a bénéficié de l’accompagnement de l’Aiea qui a permis de jeter les bases d’une infrastructure fonctionnelle en la dotant d’équipements et d’évaluer le cadre législatif et réglementaire qui a connu des avancées», rappelle Cheikh Oumar Anne. Cette session ordinaire a été une occasion pour le ministre de revenir sur les réalisations faites par l’Etat du Sénégal dans le secteur de la santé.
«Le Sénégal invite l’Aiea à lancer un plaidoyer pour une initiative africaine intitulée : «un pays-une unité de radiothérapie pour sauver des vies»
«Dans le domaine de la santé, mon pays s’est engagé à renforcer la prise en charge du cancer avec la construction prochaine d’un Centre national d’oncologie, d’un centre d’oncologie pédiatrique et le projet de cinq pôles régionaux de cancérologie. Je voudrais profiter de cette tribune pour appeler l’Agence et ses États membres à accorder une attention particulière aux 40% de pays africains qui ne disposent d’aucune unité de traitement du cancer, avec comme corollaire des milliers de vies perdues», a plaidé le ministre. Aussi, préconise Cheikh Oumar Anne, «le Sénégal invite l’Aiea à lancer un plaidoyer pour une initiative africaine intitulée : ‘’un pays-une unité de radiothérapie pour sauver des vies’’». Le ministre de l’Enseignement a tracé la voie à suivre pour la réussite de cette initiative. «Afin de la mettre en œuvre, l’Aiea pourrait adopter une stratégie consistant à s’appuyer sur un des présidents africains, choisi en qualité de champion de la lutte contre le cancer par la radiothérapie par l’acquisition d’au moins une unité de traitement/pays», a-t-il dit.
«Avec l’appui de l’Aiea, nous envisageons de mettre en place un réacteur nucléaire de recherche, pour une utilisation dans les domaines de la santé, de l’agriculture, de la recherche-développement, entre autres»
Concernant la lutte contre la Covid-19, le ministre pense qu’il est important de travailler sur la prévention, le renforcement des capacités des personnels de santé, les équipements sanitaires et la mutualisation des forces afin de contourner les disparités de développement. «Devant la fracture vaccinale que le monde est en train de connaître avec seulement moins de 2% de la population africaine vaccinée, le Président Macky Sall, a appelé à une solidarité entre les pays. Il a aussi engagé le Sénégal dans un projet de production de vaccins contre la Covid par l’Institut Pasteur de Dakar, avec le soutien de la Team Europe et du gouvernement allemand, entre autres», soutient Cheikh Oumar Anne. Puis il ajoute : «c’est aussi avec l’appui de l’Aiea que nous envisageons de mettre en place un réacteur nucléaire de recherche, pour une utilisation, entre autres, dans les domaines de la santé, de l’agriculture, de la recherche-développement, de la formation et de l’éducation. Des actions de partenariat seront établies avec d’autres pays pour nous accompagner dans ce projet afin de bénéficier de leurs expériences et expertises dans ce domaine».
«Pour l’initiative NUTEC plastique, le Sénégal est prêt à travailler avec l’Aiea par l’utilisation de la technologie des rayonnements pour la surveillance du plastique et le recyclage des déchets plastiques»
Le ministre s’est réjoui également du résultat enregistré dans la lutte contre les mouches Tsé-Tsé dans la Zone des Niayes : un succès AIEA/Sénégal. «L’éradication de cette mouche devrait générer environ 2,8 millions d’euros par an d’augmentation de la production animale. C’est ici l’occasion de remercier le gouvernement américain et l’AIEA pour avoir accepté d’appuyer le projet d’extension des activités dans le centre du pays», se félicite-t-il. Dans le domaine de l’environnement, martèle-t-il, la gestion des déchets plastiques, qui sont à l’origine d’une pollution visuelle, de la mortalité élevée du cheptel, de l’imperméabilisation des sols ainsi qu’aux inondations, fait partie de nos priorités. «A cet effet, je voudrais féliciter le directeur général de l’Aiea pour l’initiative NUTEC plastique par l’utilisation de la technologie des rayonnements pour la surveillance du plastique et le recyclage des déchets plastiques. Le Sénégal est prêt à travailler avec l’Aiea dans ce sens», annonce Cheikh Oumar Anne. Par ailleurs, «le Sénégal salue le projet ZODIAC visant à établir une approche globale, multisectorielle et multidisciplinaire pour la détection des maladies zoonotiques et la prévention de leur propagation»
«Nous sollicitons l’accompagnement de l’agence en vue de l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie nationale d’éducation et de formation dans le domaine du nucléaire»
Pour Cheikh Oumar Anne, le renforcement des capacités humaines, qui constitue le complément indispensable au transfert de technologies, doit rester l’une des grandes priorités de l’Agence. «C’est dans cette optique que nous sollicitons l’accompagnement de l’agence en vue de l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie nationale d’éducation et de formation dans le domaine du nucléaire mais aussi un appui pour la création d’un Centre d’excellence africain de formation en science et technologie nucléaire dans plusieurs domaines tels que l’utilisation de la technologie nucléaire dans le traitement et le recyclage des matières plastiques au niveau sous régional, le suivi de la radioactivité dans l’environnement, entre autres», a encore plaidé le ministre. Pour terminer, il a rappelé que «le Sénégal entend réaffirmer son adhésion totale aux idéaux de paix et de développement de l’Aiea pour participer activement à la promotion de l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et au renforcement du régime de non-prolifération et de vérification de l’Agence».
Mansour SYLLA