Les producteurs horticoles sénégalais souffrent. C’est du moins ce que notent les acteurs à travers une missive qui sonne comme un cri de cœur. Une lettre écrite par Issa Oumar Basse, président de l’association pour la promotion des produits agricoles du Sénégal (Apasen).
Selon Issa oumar Basse, la crise que traversent les producteurs horticoles sénégalais depuis cinq ans devient de plus en plus alarmante et risque de plonger le pays dans des instabilités sociales dont les ramifications restent imprévisibles. Le président de l’Apasen informe qu’au moment où ces lignes sont écrites, des milliers de producteurs horticoles à Potou, à Gandiol et à Pout sont en train de creuser des fosses pour enterrer l’oignon qu’ils ont récolté après avoir investi des sommes énormes et leur énergie dans l’espoir de pouvoir tirer un profit pour nourrir leurs familles. Ceux qui ont été chanceux sont aujourd’hui en train de vendre le sac de 25 kg à 750 FCFA.
Même situation dans les zones de Kayar et Gandiol, les mêmes horticulteurs sont en train de jeter leurs récoltes de carotte ou de les donner à leurs bétails au moment où les marchés sénégalais sont inondés de carotte importée. Le sac de 50 kg d’engrais que les producteurs agricoles achetaient à 9000 FCFA il y a juste un an se vend aujourd’hui à 17 000FCFA pour ceux qui ont la chance d’en trouver au moment où la saison des pluies a connu beaucoup de retard et l’urgence de mettre de l’engrais dans les champs se précise ; le pot de semence d’oignon qui coûtait 27 000 F coûte aujourd’hui 32 500 F. Les producteurs horticoles qui avaient emprunté de l’argent auprès des institutions financières sont sous pression. Les horticulteurs sénégalais n’ont jamais connu une crise aussi profonde et tout porte à croire que la campagne d’oignon et de pomme de terre 2021/2022 sera encore pire, prédit Issa oumar Basse. Le président de l’Apasen a aussi déploré l’inertie des autorités face ace qu’il appelle le « calvaire des producteurs horticoles ».
Depuis le début de la crise de commercialisation des récoltes de la campagne 2020/2021, note-t-il, aucune autorité au niveau de la Présidence de la République, du Ministère de l’Agriculture ou du Ministère du Commerce ne s’est prononcée sur la souffrance des producteurs nationaux et aucune tentative de trouver une solution n’a été menée. » Votre gouvernement et plus particulièrement le Ministre du Commerce et celui de l’Agriculture ont opté pour la facilité, c’est-à-dire faire semblant de ne pas être au courant de la souffrance des producteurs horticoles sénégalais ; faire semblant de ne pas savoir que ces braves producteurs sont en train d’enterrer des centaines de milliers de tonnes d’oignons qu’ils ont récoltés à la sueur de leur front ; faire semblant de ne pas savoir que ces braves producteurs horticoles ont des dettes à payer aux banques ; et faire semblant de ne pas savoir que des milliers de producteurs horticoles sénégalais n’auront pas les moyens de travailler durant la prochaine campagne et seront obligés d’abandonner. Le patron de l’Apasen dans sa lettre estime qu’il urge de trouver les voies et moyens de sortir les acteurs de cette situation de catastrophe. Mais malheureusement, Issa oumar Basse constate pour le regretter, beaucoup de manquements dans les stratégies de commercialisation.
« L’absence de stratégies de commercialisation clairement définies par le Ministère du Commerce crée des dysfonctionnements dans les mécanismes de commercialisation des récoltes. Ces mécanismes de commercialisation ont été statiques, sans aucune innovation majeure dans leur fonctionnement depuis plus de trente ans pour faire face à la concurrence aussi bien des importations que des firmes agrobusiness des étrangers implantées au Sénégal.
Madame le Ministère du Commerce n’a jamais fait de propositions innovantes allant dans le sens de prévenir des crises. Elle a plutôt toujours pris la posture de sapeurs-pompiers, attendant qu’un feu de brousse se déclare pour commencer à chercher les moyens de l’éteindre. Le Ministère du Commerce nous propose des solutions conjoncturelles face à un problème structurel. Elle a montré ses limites » a conclu Issa Oumar Basse.
Le cri de cœur des « soldats » de l’horticulture : L’oignon récolté, enterré faute d’acheteurs (Apasen)
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