Une vingtaine de morts en 15 jours

par pierre Dieme

Entre le 15 août 2021, date à laquelle un camion malien a heurté un taxi au cœur de ville de Kaolack tuant les quatre (04) occupants de ce véhicule, et avant-hier, jeudi 2 septembre, journée qui a vu la mort de deux (02) personnes sur la route de Thiès (Mont-Roland) leur voiture ayant été en contact avec un camion, une vingtaine de morts ont été enregistrés suite à des accidents de la route impliquant des gros porteurs. Le bilan le plus macabre reste l’accident de Ndiongolor (département de Fatick). Dix (10) personnes en partance pour Sédhiou sont mortes après que leur bus eut été percuté frontalement par un camion. Les chocs entre véhicules de transports de voyageurs ou particuliers et les gros porteurs sont fréquents et souvent fatals aux premiers qui sont réduits en ferrailles avec plusieurs victimes parmi leurs occupants.

Les accidents de la route continuent à coûter des vies. Le constat qui se dégage est que les gros porteurs sont fortement cités dans la survenance des accidents. A compter de la date de la collision entre un camion malien et un taxi à hauteur du cœur de ville de Kaolack qui avait fait quatre (04) décès, le 15 août 2021, au début de ce mois de septembre, plusieurs autres accidents similaires ont été déploré en l’espace de deux semaines faisant une vingtaines de victimes. Les deux accidents macabres de cette semaine viennent alourdir le sinistre bilan.

La région de Sédhiou pleure toujours ses morts. Dix (10) personnes en partance pour cette zone du Sud du pays, ont perdu la vie à hauteur de Ndiongolor, dans le département de Fatick, leur bus étant entré en collision avec un camion transportant du bois. Un bilan qui peut être beaucoup plus lourd car 20 blessés graves ont été aussi enregistrés et admis immédiatement à l’hôpital régional de Fatick. Quelques heures plus tard, le choc entre un camion et un véhicule particulier de type Peugeot 406 a causé la mort de 2 personnes Mont-Roland à Thiès.

Trois blessés graves sont dénombrés dans cet accident. Le tronçon Kaolack-Fatick, sur la route nationale n°1 (RN1), faisant également partie du corridor Dakar-Bamako, très utilisée par les camions en partance pour le Mali et en provenance de ce pays continental dont une bonne partie des marchandises transite par le Port autonome de Dakar (PAD), connait beaucoup d’accidents de cette nature. Même s’ils surviennent un peu partout.

ENTRE DÉFAILLANCES HUMAINES, NON RESPECT DU CODE DE LA ROUTE, VÉTUSTÉ DES CAMIONS, LE MAL EST PROFOND

Des mois avant, le lundi 31 mai 2021, l’équipe de Leral dépêché pour la couverture médiatique de la tournée économique du président de la République dans le Sénégal Oriental, en partance pour (la couverture de) l’étape de Kédougou, a été surprise par un camion dans le Parc de Niokolo-Koba. Trois (03) collaborateurs de l’organe de presse ont perdu la vie et deux (02) autres blessés dans cette collision entre leur véhicule et un camion. Trois (03 morts et trente-et-un (31) blessés est le bilan de l’accident de la route survenu, à hauteur du village de Ngouloul Peulh, dans la commune de Mbélaka Diaw, dans la région de Fatick. C’était au mois de juillet. Les causes et autres facteurs des accidents sont nombreux. Entre somnolence au volant, non-respect du Code de la route, vétusté des moyens de transports et ivresse au volent, les mauvais comportements sur la route continuent d’être fatals aux usagers. Au Sénégal, la vétusté de ces voitures de gros gabarit constitue un problème.

En 2016, les membres de la Coopérative nationale des transporteurs de marchandises du Sénégal (CNETM), parlant du projet de renouvellement du parc des gros porteurs, avait estimé le nombre de camions à plus de 41.616 unités, dont certains âgés de plus de 25 ans et devaient être renouvelés. 15.141 camions étaient concernés par ce projet de renouvellement.

UNE RÉGLEMENTATION DE LA CIRCULATION EN ATTENTE

La réglementation de leur circulation avait été annoncée, il y’a de cela quelques années. Lundi 5 mars 2018, lors du lancement de la Cellule genre de son département, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement de l’époque, Abdoulaye Daouda Diallo, disait que l’Etat du Sénégal avait décidé d’interdire toutes les circulations interurbaines entre 22 heures et 6 heures. Une mesure nécessaire, disait-il, pour réduire les accidents. Les gros porteurs n’étaient donc pas exclus de cette mesure d’urgence qui est rangée aux oubliettes, depuis lors.

En effet, des voix s’étaient élevées dont certaines, surtout celles des régions du Sud, fustigeant l’applicabilité d’une telle mesure à cause des contraintes qu’il y avait sur la transgambienne. Seulement, force est de constater, aujourd’hui, que cette voie ne constitue plus un problème, grâce à l’ouverture du pont, le Senegambia Bridge. Des initiatives de règlementation de la circulation des gros porteurs à Dakar ont aussi eu lieu, sans toutefois qu’on en arrive à une meilleure organisation. Déjà, en septembre 2008, une décision de réorganisation des heures de circulation dans la capitale avait été prise.

Selon la grille horaire, les gros porteurs, c’est-à-dire les véhicules dont le poids sont supérieurs à 3 et 3,5 tonnes, sont désormais interdits de circulation seulement de 7h à 10h pour la matinée. Et cela concerne aussi l’entrée à Dakar dans la matinée, à partir du croisement Diamniadio jusqu’à Seven-Up (à hauteur de Sips), et entre Seven-Up et la gare ferroviaire de Dakar. Et de SevenUp jusqu’à la Patte d’Oie et de là jusqu’à l’aéroport Léopold Sédar Senghor. Pour ce qui est de l’après-midi, l’interdiction concerne les mêmes tronçons, dans le sens inverse, de 16h à 21h. Néanmoins, des dérogations étaient accordées à certains, notamment ceux transportant des produits dangereux, des animaux ou travaillant sur des chantiers d’intérêt général. Ces restrictions et mesures de régulation n’ont jamais fait l’objet d’une application effective.

Fatou NDIAYE

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