Thierno Birahim Aw, le directeur du Conseil exécutif des transports urbains de Dakar (Cetud), a annoncé le retrait définitif des cars de transport Ndiaga Ndiaye. Selon les données obtenues du Centre universitaire de recherches et d’étude sur la mobilité (Curem), cette voiture n’est même pas destinée au transport de passagers.
Selon un extrait de la thèse de doctorat de Serigne Mbacké Seck, enseignant au Centre universitaire de Recherche et d’étude de la mobilité (Curem) de l’École Supérieure Polytechnique de Dakar, portant sur les dynamiques des transports collectifs dans l’agglomération de Dakar, les Ndiaga Ndiaye dont on annonce le retrait avant la fin de l’année, ne doivent pas servir au transport de personnes.
Ces Mercedes 508, une marque allemande, ont pu s’imposer dans le contexte urbain, en opérant un certain nombre de modifications sur les véhicules. Ils étaient destinés au préalable au transport et aux livraisons de marchandises notamment dans les pays européens. Les Ndiaga Ndiaye portent ne nom du premier transporteur qui s’en est servi pour le transport urbain à Dakar vers la fin des années 1970 et le début des années 1980.
Selon le document, auparavant, ils circulaient uniquement sur l’interurbain. Le retrait de ce moyen de transport ne serait être le seul renouveau pour un transport moderne. Selon le document, la caractéristique fondamentale du parc automobile est sa vétusté avancée, quel que soit le mode considéré. « En effet, l’âge moyen du parc est estimé à plus de 15 ans. Les véhicules particuliers ont un âge moyen de treize ans, les véhicules de transport de marchandises 18 ans tandis que les véhicules de transport collectif sont parmi les vieux de ce parc avec une moyenne d’âge supérieure à… 20 ans, certains sont proches de la trentaine ! »
La vétusté est certes liée au manque de moyens mais aussi aux différentes mesures d’interdictions et/ou de limitation des importations qui ont jalonné l’histoire du transport collectif à Dakar. Celles-ci ont poussé les populations et les transporteurs à se rabattre sur les pièces détachées massivement importées pour remplacer les organes défaillants des véhicules.
Selon toujours l’étude du professeur Seck, « on peut aussi lier cette vétusté au fait que les véhicules de transport sont considérés comme des moyens de survie et/ou de rente par les acteurs qui se partagent les gains journaliers sans qu’une partie de ces revenus ne soit réinvestie à l’entretien des véhicules ». La vétusté du parc est aussi due à l’introduction dans l’espace urbain de nouveaux véhicules de transport par la récupération de vieux véhicules retapés ou par l’achat de pièces détachées importées des pays occidentaux et « remontées » au Sénégal.
En effet, par des subterfuges multiples, certains véhicules qui disparaissent physiquement sont souvent » ressuscités » grâce à l’habileté des mécaniciens, électriciens automobiles, vendeurs de pièces détachées, entre autres. Ces véhicules tous faits sont inconnus des services de douane. Il s’agit de véhicules « sans âge » inaptes à la circulation. Néanmoins, ils ne sont pas abandonnés. Ils sont plutôt livrés aux mécaniciens qui arrivent tant bien que mal à les « refaire » pour ensuite les remettre en circulation. Certains véhicules sont créés de toutes pièces.
Les statistiques sur le nombre de véhicules de transport collectif au Sénégal sont difficiles à connaître. Les services compétents en la matière ont beaucoup de difficultés à mettre à jour leurs bases de données. Celles qui sont disponibles ne reflètent pas la réalité exacte du parc parce que d’une part, les importations de véhicules ne sont pas toujours maîtrisées et parfois n’empruntent pas les « voies officielles » qui permettent d’en déterminer la traçabilité au moment voulu. Alors que, d’autre part, la Direction des transports terrestres ne dispose pas toujours d’informations sur les véhicules détruits, ou que l’on vend volontairement en pièces détachées.
Fatou NDIAYE