La survenue de la troisième vague du Covid-19 au Sénégal, avec son corollaire de pertes en vies humaines et de forts taux de contaminations journalières, avait semblé donner un coup de frein aux activités politiques des partis qui s’étaient résignés à suspendre leurs tournées politiques à l’intérieur du pays. Pour autant, au regard des enjeux de ces élections locales, presque tous sont dans des combines et stratégies, à même de leur faire remporter le maximum de municipalités, au soir du 23 janvier 2022.
Dans une note rendue publique le mardi 6 juillet, le Grand Parti (GP) avait informé avoir décidé de suspendre, à partir du 7 juillet, la tournée nationale initiée par son leader, Malick Gakou, jusqu’à nouvel ordre. Sur les raisons, la source indique que le Bureau politique du Gp a pris cette décision suite «à la montée fulgurante des cas de Covid-19».
Bien avant l’ex-camarade de Moustapha Niasse, Secrétaire général de l’Alliance des forces de progrès (Afp), c’est le chef de l’Etat, Macky Sall, en Conseil des ministres extraordinaire du lundi 5 juillet dernier, qui avait décidé «de tenir les manifestations et événements officiels dans la sobriété et le respect strict des mesures barrières».
Pour cause, justifie-t-il, la situation de la pandémie Covid-19, avec notamment l’augmentation journalière des cas de contamination, selon les chiffres fournis par le ministère de la Santé et de l’Action sociale. La décision du patron de Pastef-Les Patriotes, Ousmane Sonko de suspendre, jusqu’à nouvel ordre, sa tournée dénommée “Nemekou tours“, qui avait pour but de «s’enquérir des difficultés des Sénégalais» est à inscrire dans la même dynamique.
Ainsi donc, les observateurs de la sphère politique qui avaient pensé que la troisième vague allait donner du fil à retordre à tous ceux qui s’étaient lancés dans une précampagne qui ne disait pas son nom, dès l’annonce de la date des élections locales au 23 janvier 2022, semblent s’être trompés. Presque tous les états-majors donnent l’impression de s’être adaptés au contexte de crise sanitaire imposé par le variant Delta. Aucun parti politique n’est en train de dormir sur ses lauriers sous le prétexte de la survenue de la troisième vague, aussi contagieuse et dangereuse qu’elle soit. Les acteurs sont dans des calculs politiques, des combines et autres stratégies à mettre en œuvre, en prélude aux élections départementale et municipale à venir. Il en est ainsi du candidat arrivé troisième à la dernière présidentielle.
Au-delà du changement de forme de sa communication, à savoir uniquement des déclarations de presse, ou encore la récurrence des sorties au vitriol contre le régime en place, le leader de Pastef-Les Patriotes est en plein dans le jeu des alliances. Pas plus tard que le mardi 10 août dernier, le Pastef devait organiser une cérémonie de fusion de «13 organisations politiques avec Pastef».
La manifestation avait été annulée à la dernière minute suite au rappel à Dieu de Sérigne Abdoulaye Thiaw Laye, Khalif général des Layennes et Sérigne Abdou Rahim Seck, Khalif général de Thianaba.
De son côté, le Parti démocratique sénégalais (Pds) se prépare à faire face à la majorité présidentielle, en cherchant à maitriser son fichier de membres par la vente des cartes, mais aussi en nouant des alliances. Pour ce faire, les poulains de Me Abdoulaye Wade, Secrétaire général national du Pds ont organisé, la semaine dernière, un séminaire de 4 jours de formation avec 50 superviseurs venus des différentes régions du pays, à la Permanence Omar Lamine Badji à Dakar Le tout nouvel adversaire politique du président Sall, ancien allié dans Macky 2012 et dans Benno Bokk Yakaar (Bby), en l’occurrence l’ex-Directeur général de Dakar Dem Dikk (3D), n’est pas en reste dans l’intensification des activités de remobilisation. Me Moussa Diop et son parti Alternative générationnelle (Ag/Jotna) sont en plein dans la vente des cartes de membres.
Que dire des ténors du pouvoir en place, qui multiplient les activités et autres rencontres, prétexte de déclarer leur candidature à la candidature au sein de leur parti et coalition, mais aussi pour chercher des consensus autour de leur personne ? Ou encore de ceux qui avancent à pas calfeutrés, surtout d’anciens pontes du régime, pour ne pas éveiller tout soupçon.
En dépit de l’incertitude qui plane sur la tenue des élections à date échue, le 22 janvier 2022, à cause des sorties et autres commentaires allant dans le sens du report des prochaines joutes, si bien évidemment la pandémie poursuit toujours sa folie meurtrière dans le pays, les différents cheptels politiques se préparent en conséquence. Les forts enjeux de ces prochaines joutes résistent encore à Delta.
JEAN MICHEL DIATTA