Les chiffres de la 3e vague de Covid-19 au Sénégal sont effarants. Depuis quelques semaines, les nouvelles contaminations se comptent quotidiennement par milliers, les décès par dizaines et cela ne semble guère inquiéter. Au même moment, les structures hospitalières sont débordées et manquent de matériel de prise en charge des cas graves. Les centres de traitement des épidémies (Cte), qui avaient été installés sur l’étendue du territoire national, ont été démantelés. C’est du moins le tableau que dépeint Madiambal Diagne dans sa chronique de lundi dernier intitulée « Serigne Babacar Sy Mansour, l’exemple ».
Le Boss d’Avenir Communication souligne dans ses Lundis: « (…) Les alertes lancées par les médecins et autres professionnels de la santé ont été ignorées. Et le pire est que cette troisième vague a révélé que bien des choses que l’on pouvait considérer comme acquises n’existaient que dans les discours et autres rapports officiels ». En effet, poursuit-il, « si tant est que des centaines de lits d’hospitalisation avaient été acquis dans le programme d’urgence de riposte contre le Covid-19, où sont-ils passés ? Où sont passées les dizaines de respirateurs artificiels et les unités de production d’oxygène, pour qu’on en arrive à devoir en commander à nouveau dans l’urgence ? ».
« Ainsi, apprend-on que les Centres de traitement des épidémies (Cte) avaient été démontés alors que la pandémie n’était pas encore vaincue. Où sont passés les matériels démontés ? », s’interroge Madiambal. Il embraye avec des révélations qui font froid dans le dos. « Et on découvre, comme par enchantement, que toutes les cliniques médicales privées de Dakar qui ne disposaient pas de matériels et autres appareils respiratoires ont pu s’en doter après le démantèlement des Cte.
Allez savoir, mais une telle coïncidence est fort troublante ; surtout qu’on assiste à la naissance d’un nouveau business, apparemment lucratif et qui se développe, avec des privés disposant d’appareils respiratoires qu’ils mettent à disposition de malades restés à domicile faute de places à l’hôpital ou ne pouvant bénéficier d’une assistance respiratoire au niveau des structures hospitalières ».
D’après Madiambal, « des spécialistes de la santé considèrent que les Cte avaient été fermés pour éviter de devoir payer des primes aux personnels de santé intervenant dans les opérations de prise en charge des malades ». L’exemple le plus parlant serait, à l’en croire, « le Cte de l’hôpital Le Dantec, démonté dans la précipitation, en dépit des avis contraires des médecins qui préconisaient une veille durant un certain temps ».
« On voit que les protestations du Pr Moussa Seydi (la figure la plus emblématique de la lutte contre le Covid-19 au Sénégal) et du Dr Abdoulaye Bousso (ci-devant directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire), entre autres, quant aux conditions qu’ils jugeaient insatisfaisantes de la prise en charge de la pandémie, n’étaient pas que des querelles de chefs », indique-t-il.
« En outre, dès l’instant que le niveau de contamination avait baissé, les autorités sanitaires avaient crié victoire, oubliant que la résurgence de la pandémie a été systématique dans tous les pays, avec des nombreux variants du virus en circulation. Résultat des courses ? Des arriérés de primes à payer aux personnels de santé sont accumulés et aucun service de réanimation n’est aux normes dans la région de Dakar qui concentre plus de 86% des malades de la pandémie », renseigne Madiambal Diagne dans sa chronique de lundi dernier.
Une démotivation réelle est, selon lui, « observée au niveau des personnels de santé qui, il faut le rappeler, ont payé un lourd tribut à la lutte contre la pandémie. Si telle est la situation à Dakar, qu’en sera-t-il des structures de santé des autres régions ? »
« L’urgence n’est assurément pas de chercher des responsables de tel ou tel manquement, mais de s’efforcer d’abord à faire face au chaos qui nous guette », souligne-t-il.
Toutefois, il faut signaler que dans son rapport final remis au chef de l’Etat vendredi dernier, le comité de suivi des opérations Force Covid-19 avait indiqué que l’enveloppe de 64,4 milliards allouée à la riposte avait été dépassée et qu’ainsi 105 milliards ont été dépensés en soutien au secteur sanitaire à la date du 31 mars 2021. Le Général François Ndiaye et compagnie sont ainsi interpellés par rapport à la gestion du matériel acquis sur la base de ce fonds.