Tabaski : Des ressortissants Sénégalais bloqués au Maroc crient leur ras le bol et interpellent Macky Sall

par pierre Dieme

À quelques jours de la célébration de la fête de Tabaski, beaucoup de mouvements de sénégalais de la Diaspora sont notés au-delà de nos murs. Animés, dans un premier temps, du désir ardent de retrouver leurs familles respectives, ils sont aujourd’hui nombreux à regretter ce voyage retour entrepris, à cause de tracasseries dont ils se disent être victimes sur le territoire marocain. Une situation que des sénégalais, qui ont joint par téléphone Dakaractu, ont imputé aux autorités consulaires du Sénégal établies au Royaume chérifien.  
 
‘’Nous sommes bloqués ici à cause d’une absence d’autorisation de sortie du territoire. C’est une autorisation qui émane du consul pour les 14, 15 et 16 juillet et dont copie est ensuite envoyée aux autorités marocaines. Et quand nous sommes informés de la possibilité de sortir du territoire marocain, nous avons alors pris la route, pour venir passer la fête en famille. Au cours du trajet, les forces de l’ordre marocaines nous ont interpellés avant de nous notifier le fait de ne pas avoir reçu, à ce sujet, d’information venant du royaume. Alors qu’il revenait au consul sénégalais de passer l’information à l’autorité marocaine. Malheureusement, cela n’a pas été fait, regrette Mohamed S. notre interlocuteur qui vit au Maroc.
 
Dans l’entretien téléphonique, le sieur Mohamed a même révélé que certains en sont malades. ‘’Actuellement certains de nos concitoyens sont malades à cause de la rigueur de ce voyage. Nous avions pris des véhicules et avons payé chacun 200 000 F Cfa pour rentrer au bercail. Il nous a fallu, rien que pour rallier la frontière Mauritano-marocaine, plus de 24 heures de route. Il nous reste aussi l’axe Mauritanie-Sénégal. Voilà une situation qui fait que nous sollicitons une aide d’urgence. Parce que nous sommes trop inquiets. Nous avons contacté des autorités consulaires mais sans succès. Le Consul de Dakhla est injoignable en ce moment alors qu’il nous avait promis, quand on l’a contacté dans un premier temps, d’intervenir’’.
 
Des enfants et des femmes parmi les victimes de ce blocage
 
À l’en croire, aucun reproche ne peut être fait au Maroc. ‘’Il y a parmi les autorités policières marocaines, des agents qui disent n’attendre qu’un ordre de la hiérarchie. Nous n’avons rien à leur reprocher, pour  dire vrai. Ce sont nos autorités qui ont tort et qui n’ont pas joué véritablement leur rôle. Toujours est-il que certains sont fatigués. Il y a des femmes parmi nous et nous sommes obligés de dormir dans les véhicules, à l’étroit ou dans la rue’’.
 
Une situation difficile que confirme deux dames. Mamyta Diop et une autre de nos concitoyennes. ‘’Nous avons été expulsés des hôtels parce que nous n’avons plus d’argent par devers nous. Nous ne pouvons pas dépenser l’argent épargné pour les fêtes dans ces hôtels’’.
 
Sa voisine, sans décliner son identité, de déclarer qu’elle préférait mourir plutôt que de reprendre le chemin inverse.
 
Mohamed, dans un message vocal envoyé à la rédaction, a signalé que la masse ne cessait de grossir. ‘’Nous sommes trop nombreux ici. Il y a des gens qui continuent d’arriver. Il y en a qui sont à Layoune en détention dans un camp. Nous, qui sommes à Dakhla, sommes plus chanceux puisqu’on a une certaine liberté de mouvement’’, dit-il. Le hic, selon lui, est que certains de nos concitoyens proviennent d’Europe et avaient pris la route, mais leurs véhicules ont été bloqués aussi’’. C’est dire, selon lui, que nos concitoyens vivent dans des conditions difficiles.
 
Le billet Dakar/Casablanca à 500 000 F Cfa, plus cher que Dakar/Paris
 
Pour ce choix fait de la route et non par voie aérienne, il donne une explication toute simple. ‘’Certains ont essayé de prendre le vol, mais il se trouve qu’il y a un manque de place et que tous les vols sont pleins jusqu’au 9 août prochain. Actuellement il y a 10 femmes parmi nous. Mais il y’en a d’autres dans les autres sites et coins. Des enfants figurent parmi ces passagers sénégalais qui attendent l’autorisation de traverser la frontière marocaine’’, regrette-t-il au téléphone de Dakaractu.
 
Mouhamadou Bamba lui, s’interroge : ‘’Pourquoi les autres nationalités n’ont pas ces mêmes problèmes que nous ? Nous venons de Casablanca, mais nous avons été obligés d’aller dans des hôtels parce que bloqués en cours de route. Nous sommes obligés d’engager des dépenses imprévues. Ce qui fait que beaucoup d’entre nos concitoyens sont sans le moindre sou en poche. En ce moment, nous sommes à Dakhla’’, dit-il. Dakhla, une ville portuaire située à près de 1.750 km de Dakar. C’est une ville marocaine qui se trouve à mi-chemin de Casablanca.
 
‘’Nous sommes bloqués ici. Certains ont du mal à même se payer de la nourriture. Les dirham (monnaie marocaine) en notre possession sont épuisés, plusieurs d’entre nous ne détiennent que des devises en Cfa. Il y en a qui ont pris leurs congés pour se rendre au pays et passer la fête en famille. Et cela est regrettable, mais c’est courant. Chaque année, nous vivons la même situation. Il y en a parmi nous qui ont fait plus de 4 jours de route et qui sont bloqués ici avec leurs bagages. Ce qui est inquiétant est que nous ne savons pas quand est-ce que nous allons sortir de cette situation. Nous n’avons aucune information à ce sujet. Toutes choses qui font que nous comptons nous rendre au consulat pour voir comment faire’’, indique-t-il.
 
Une autre victime de cette situation, sans décliner son identité de hausser le ton. ‘’Depuis près d’une semaine, les localités de Layoune, Dakhla et la frontière mauritano-marocaine sont remplies de Sénégalais et de Sénégalaises. Nous sommes fatigués et n’avons plus les moyens de payer de nuitées à l’hôtel. Ce qui nous fait mal, c’est que c’est le consulat sénégalais qui nous a mis dans cette situation.  Nous avons pris la route pour rentrer à cause de la cherté des billets d’avion qui coûtent 500 000 F Cfa. Cela est trop cher. Et c’est ce qui explique aussi ce choix que nous avons fait avec l’autorisation du consulat. Nous sommes trop fatiguées et nous dormons même dehors alors que certaines d’entre nous ont des enfants avec elles. Il faut que nos autorités étatiques, en premier lieu le président Macky Sall, réagissent pour nous éviter de telles expériences chaque année’’, conclut-il.
 
Toutefois, il faut signaler que les tentatives de la rédaction de joindre par téléphone Pierre André Sène, le consul général du Sénégal à Dakhla, sont restées vaines…

Dakaractu

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