L’Assemblée nationale aurait été saisie en procédure d’urgence pour examiner la nouvelle loi devant modifier le code électoral. Une mouture qui va notamment tenir compte des points d’accord du dialogue politique. Il s’agit de faire vite pour être toujours dans les délais afin que le Sénégal ne tombe pas sous le coup des dispositions de la Cedeao qui interdisent que des règles substantielles du code soient retouchées à six mois du scrutin électoral.
C’est dire que même les points qui n’ont pas fait l’objet d’accords doivent, aussi, être intégrés. Parce que sur ces derniers, l’arbitrage du Chef de l’Etat est attendu.
Et sur ces points, figure le point relatif à la caution. Car, après la suppression du parrainage, la caution reste un point important, celui sur lequel les autorités comptent pour filtrer les candidatures et éviter ce qui s’était passé en 2014. Le parrainage étant difficile à mettre en œuvre, il faudra bien que Macky choisisse un montant.
Mais, à ce propos, nous avons été surpris de constater que des sommes faramineuses avaient été proposées notamment par la majorité : 20 millions pour la Mairie et 20 millions pour les départementales. Ce qui porte le total à 40 millions. Plus que la présidentielle alors fixée à 30 millions.
C’est exorbitant et incompréhensible. Car, si cette somme qui devra être retenue, ce serait une manière peu subtile de violer l’esprit et la lettre de la Constitution et du Code électoral, mettant tous les sénégalais sur le même pied d’égalité à propos de leur possibilité à accéder à des fonctions électives. Car, tous ne sont pas riches. Loin s’en faut. Et tous ne sont pas dans de grands partis ou mouvements capables de les ‘’parrainer’’ financièrement.
Malheureusement, voilà que certains sénégalais choisissent d’en exclure d’autres par des montants de caution qui font monter la barre trop haut soi-disant parce qu’il y a risque qu’il y ait plusieurs listes de candidats.
C’est une façon d’instaurer une démocratie de type censitaire avec faveur net aux riches c’est-à-dire à ceux qui ont les moyens ou qui sont sous la coupole de personnes ou de lobbys qui ont des moyens.
Pis, ce sera une façon, pour les partis politiques, de prendre en otage le système électoral en y écartant nombre de membres de la Société civile.
Nous ne sommes pas en train de dire qu’il ne faut pas une caution. Elle est certes importante, mais elle doit être circonscrite en des proportions acceptables.
En clair, le montant choisi ne doit pas être une forme d’achat d’une possibilité d’être élu au point qu’une fois sur le fauteuil, le Maire aura le sentiment non pas que des électeurs l’ont élu, mais qu’il l’a bien mérité parce qu’il a mis la main à la poche.
C’est à nous de choisir le type de démocratie que nous voulons. Quand on demande trop à un homme politique, ce réflexe pécuniaire va le poursuivre et risque d’altérer son jugement par rapport aux responsabilités qu’il doit assumer.