Je concluais mon avant-dernière contribution (WalQuotidien et L’Exclusif du 18 juin 2021) avec la promesse de revenir sur les indemnités diverses qui nous coûtent aussi cher que les agences dites nationales, au détriment des besoins aussi pressants que légitimes des populations. Comme nous ne sommes pas l’autre, celle-ci va tenir la promesse. Le système de rémunération des agents du service public y compris, en particulier, d’octroi d’indemnités diverses, a toujours retenu l’attention du profane en la matière que je suis. Je me souviens avoir consacré à cette lancinante question plusieurs contributions dont notamment :
- Le Quotidien du 15 février 2005 (déjà) : « La ‘’générosité’’ déferlante et sélective du vieux président-politicien ;
- Sud quotidien du 2 février 2018 : « Conséquences de choix politiciens irréfléchis : le front social toujours en ébullition » ;
- Sud quotidien du 13 février 2018 : « Autres conséquences de la folie dépensière du vieux président-politicien : le gonflement inquiétant de la masse salariale » ;
- WalfQuotidien du 20 février 2018 : « Système de rémunération des agents du service public : tout remettre à plat ».
- WalfQuotidien du 27 février 2018 : « Système de rémunération des agents du service public : revenir à l’équité ».
Je renvoie le lecteur intéressé à ces contributions qui ne sont que quelques exemples et où je n’ai rien inventé. On peut donc d’ores et déjà l’avancer raisonnablement : la folie dépensière du vieux président-politicien est directement responsable des sérieux problèmes que connaît notre système de rémunération des agents du service public et surtout d’octroi d’indemnités diverses. En tout cas moi, Mody Niang, c’est ma conviction profonde. Ce président-politicien est responsable de pratiquement tous les maux qui plombent la gouvernance du pays depuis le 1er avril 2000 et après. Au moment où les Socialistes quittaient le pouvoir, le nombre des contrats spéciaux était de cinquante (50). Deux ans après l’alternance, donc l’arrivée du pouvoir du vieux président-politicien, le nombre est passé à neuf cents (Sud quotidien du 30 mars 2002 : « Grands maux de l’Administration sénégalaise »). Au moment où il quittait enfin le pouvoir, le nombre a explosé et lui-même ne savait pas exactement combien de contrats spéciaux il avait signé.
En septembre 2004, présidant un séminaire de sa coalition à la Somone et au beau milieu du péril acridien, il annonce porter le salaire des ministres de 350.000 à 2.000.000 de francs CFA. Dans la même période, il décide de régulariser les ‘’dessous de table’’ confortables qu’il accordait mensuellement et clandestinement aux autorités administratives[1]. Il arrosera aussi copieusement les maires : 900.000 francs pour les maires des villes (Dakar, Pikine, Guédiawaye, Rufisque) et des communes chefs-lieux de région (à l’époque onze au total)[2] ; 500.000 pour les maires chefs-lieux de département (33) et les maires d’arrondissement (alors 43) ; 300.000 pour les maires de simples communes (20 environ). Sans compter leurs nombreux adjoints et les présidents de conseils ruraux et leurs adjoints qui n’étaient pas laissés en rade.
Quelques mois auparavant il avait, au détour d’une audience accordée à l’Union des Magistrats du Sénégal (UMS), porté l’indemnité dite de judicature de 150 à 300.000 francs. Les magistrats reviendront à la charge pour exiger que ladite indemnité fût portée à 500.000 francs. Contre toute attente, et à leur grande et agréable surprise, le très « généreux » vieux président-politicien la porta à 800.000 francs, au moment où le salaire de l’administrateur civil principal n’atteignait pas 250.000 francs et où celui du Professeur de rang A de l’université faisait difficilement 600.000 francs. Cette générosité déferlante, sélective et difficilement supportable allait naturellement chauffer le front social qui garde encore aujourd’hui la même température.
Au lieu de respecter ses engagements antérieurs et de trouver des solutions à ce lancinant problème, le président-politicien Jr est venu tout compliquer avec ses décrets aussi « généreux » et aussi sélectifs que ceux de son prédécesseur. Je pense notamment à celui, n° 2014-769 du 12 juin 2014 abrogeant et remplaçant le Décret n° 91-490 du 8 mai 1991 fixant les conditions d’attribution et d’occupation des logements administratifs, qui accorde une indemnité de représentative de logement substantielle aux ayants droit triés sur le volet. Une indemnité jusqu’à un million nette d’impôt ! S’y ajoute, sept ans plus tard, le décret du 1er mars 2021 portant allocation d’une indemnité forfaitaire globale et d’une indemnité kilométrique aux ayants droit, à la place des véhicules administratifs.
La « générosité » du président-politicien Jr se mesurera aussi par le nombre exorbitant des agences dites nationales, des directions générales, directions et autres conseils d’administration, de surveillance, d’orientation, etc., et les gros salaires qu’il accorde aux hommes et aux femmes qui sont à leur tête. Ces différentes indemnités, avec de nombreuses autres, nous coûtent annuellement trois cents (300) milliards qui viennent gonfler la masse salariale déjà suffisamment grosse et lourde. Je me suis largement prononcé sur l’iniquité du système des salaires et d’octroi d’indemnités diverses dans mes quatre dernières contributions. Un président de la République digne de ce nom remettrait à plat ce système et y ferait revenir l’équité. Ce qui nous ferait gagner des centaines de milliards à investir dans des secteurs de loin plus productifs. Ce président bien plus sérieux, sûrement plus respectueux de nos maigres deniers publics que des intérêts égoïstes de sa famille, de son parti et de sa coalition, ferait faire à notre pays un bon important vers le développement, plus rapidement et vraiment sans tambour ni trompette, sans avoir surtout besoin de déplacer la République à la moindre inauguration d’infrastructures.
Dakar le 23 juin 2021
Mody Niang
[1] Gouverneurs (500.000), préfets (300.000), sous-préfets (200.000), sans leurs adjoints. Elles étaient respectivement de 75.000, 35.000 et 20.000 francs. Les seuls premiers bénéficiaient de l’augmentation substantielle. Il a fallu que les seconds (les adjoints) tapent vigoureusement sur la table pour que l’augmentation leur soit accordée.
[2] Pour ne donner qu’un exemple, l’indemnité du Maire de Matam n’atteignait pas 50.000 francs. Quel saut !