Le Chef de l’Etat a inauguré deux hôpitaux de dernière génération à Kaffrine et à Matam (Ourossogui) pour des coûts estimés respectivement à 20 et 22 milliards Fcfa. Un comparatif avec la construction du plus hôpital privé au Maroc donne facilement le tournis.
C’est dire qu’au Sénégal, on dépense allègrement dans le béton, peu dans les soins. Pour preuve, l’hôpital d’El Jadida au Royaume chérifien a été réalisé pour 14 milliards Fcfa, soit 6 à 8 milliards Fcfa de moins que les coûts des hôpitaux de Kaffrine et de Matam (Ourossogui). Et, avec beaucoup plus de lits et un plateau technique beaucoup plus élevés que ces hôpitaux inaugurés récemment par le Président Macky Sall, nous souffle une source médicale. La structure d’El Jadida dispose de 25 box de réanimation (10 box de de réanimation polyvalente, 4 box de réanimation cardiovasculaire et 11 box de réanimation néonatale), 11 blocs opératoires, un centre de radiologie complet (échographie, mammographie, IRM, radio standard et scanner) et un laboratoire d’analyses médicales doté des dernières technologies. Ce mastodonte, doté d’un total de 220 lits d’hospitalisation dont 21 lits de soins intensifs, est présenté comme le plus grand hôpital privé du Maroc. L’hôpital Privé d’El Jadida dispose également d’une unité de cardiologie chirurgicale et interventionnelle.
Quid de l’hôpital de Kaffrine ? L’infrastructure sanitaire qui coute 20 milliards Fcfa, a une capacité de 150 lits avec 19 services techniques. Idem pour le centre régional hospitalier de Ourossogui-Matam qui vaut 22 milliards Fcfa pour une capacité de 150 lits.
Comparativement, le plus grand hôpital privé du Maroc coute moins cher avec beaucoup plus de lits et un plateau technique beaucoup plus élevés que nos hôpitaux.
Comment expliquer les différences de coût avec le Maroc, s’étonne un médecin. Qui renseigne que l’investissement à hauteur de milliards de francs CFA dans le système de santé n’est qu’une pommade qui ne soulage même la douleur. Tellement celle-ci est atroce. C’est du moins l’avis d’un expert en gestion et politiques de santé qui considère que les milliards investis, c’est beaucoup d’efforts, certes, mais qui restent insuffisants parce que les subventions ne sont pas au prorata des charges. Sur un budget national de 4 000 milliards, la santé ne se retrouve qu’avec à peu près 200 milliards. C’est à peu près 5 à 6 % du budget. Ce alors qu’on devrait se situer à au moins 15 %.
Pis, il redoute que ces hôpitaux récemment inaugurés soient des géants au pied d’argile. « Je crains que ces hôpitaux inaugurés soient de gros dispensaires», redoute-t-il. Non sans signaler que désormais, il ne se construit presque plus de très gros hôpitaux en Occident. Pourquoi ? Parce qu’on s’est aperçu qu’au-dessus de 600 lits, les hôpitaux perdaient en qualité et en efficacité de soins. Et surtout quand le gros hôpital résulte d’une fusion, confie-t-il.
Il cite l’exemple de la construction d’hôpitaux censés être de référence alors qu’il n’y a pas d’activité hospitalière au vrai sens du terme.
Ce n’est pas tout. A côté de la beauté physique des centres hospitaliers, se cachent un déficit de lits, de médecins sous-payés et en nombre insuffisant, manque de services de base.
A peine inauguré, le nouvel hôpital Thierno Birahim Ndao de Kaffrine connait déjà un problème de gestion. Le Directeur général Babacar Sène et l’Agent comptable particulier (Acp) rendent difficile la gestion de cet établissement de soins. De leur côté, les travailleurs aussi ont déclaré en avoir marre d’attendre le paiement de leurs primes, motivations et indemnités