Liberté de la presse : le Sénégal perd deux places

par pierre Dieme

49e au classement mondial de la liberté de la presse 2021, le Sénégal a perdu deux places. Dans son rapport, Reporters sans frontières (RSF) met en avant l’insécurité qui frappe les médias sénégalais : « Après plusieurs années de discussion, un code de la presse a été adopté en 2017, mais les décrets d’application ne sont pas encore signés. Cependant, deux textes ont été présentés au Conseil des ministres début 2021.

Ce code, qui ne dépénalise pas les délits de presse, prévoit la saisie des supports de diffusion et la suspension ou la fermeture d’organes de presse en cas d’atteinte à la sécurité de l’État, ce qui a laissé un goût amer aux professionnels du secteur. Des atteintes à la liberté de la presse ont été enregistrées en 2020, dont certaines ont été le fait des forces de sécurité. Certaines informations liées à la religion sont toujours des sujets tabous : c’est ainsi qu’en août, les locaux du journal Les Echos ont été saccagés après la publication d’un article sur une figure religieuse musulmane qui aurait été atteinte du coronavirus ».

De façon générale, regrette RSF, « jamais la zone blanche de la carte de la liberté de la presse, qui indique une situation d’exercice du journalisme sinon optimale du moins très satisfaisante, n’a été aussi réduite depuis 2013 ⦋année de la mise en place de l’actuelle méthodologie d’évaluation du Classement, nldr⦌. Seuls 12 pays sur 180, soit 7 % (au lieu de 8 % en 2020), peuvent encore se targuer d’offrir un environnement favorable à l’information. L’Allemagne (13e, -2), où des dizaines de journalistes ont été agressés par des manifestants proches des mouvances extrémistes et complotistes lors de rassemblements anti-restrictions sanitaires, ne fait plus partie, en 2021, de ce pré carré.

Domination nordique en haut du tableau

Pour la cinquième année consécutive, la Norvège est classée au premier rang, même si les médias ont mis en exergue un manque d’accès aux informations publiques sur la pandémie. La Finlande conserve sa place de deuxième, tandis que la Suède (3e, +1) retrouve sa place de troisième, perdue l’année dernière au profit du Danemark (4e, -1). L’édition 2021 du Classement confirme donc une forme de « domination nordique » ou, sous un angle moins concurrentiel, de « modèle nordique ».

Toutefois, l’Europe et l’Amérique (Nord et Sud) restent les continents les plus favorables à la liberté de la presse, même si la zone des Amériques enregistre cette année la plus grande dégradation des scores régionaux (+2,5 %). Le continent européen accuse pour sa part une détérioration conséquente de son indicateur « Exactions ». Les actes de violence ont plus que doublé au sein de la zone Union européenne-Balkans, alors que cette dégradation est de 17 % au niveau mondial.

Les agressions contre les journalistes et les interpellations abusives se sont notamment multipliées en Allemagne, en France (34e), en Italie (41e), en Pologne (64e,-2), en Grèce (70e, -5), en Serbie (93e) et en Bulgarie (112e, -1).

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