Le patron d’Amnesty-Sénégal, Seydi Gassama, a eu l’audace de faire la proposition de la légalisation de la vente et de l’usage de certaines drogues dures comme le yamba ou cannabis, très prisé dans notre pays. Comme cela se fait ailleurs.
Il part du postulat que les Etats du monde entier ont pratiquement échoué dans la lutte contre la drogue du fait que les personnes qui s’y adonnent, sont de plus en plus nombreuses.
Il se demande, alors, pourquoi ne pas légaliser le cannabis dans notre pays ?
Une question qui soulève, pour nous, une importante réserve. Nous avions un grand-père qui soignait des malades mentaux ou fous. Durant toute notre jeunesse, nous avions appris à les fréquenter, à les connaitre, etc.
Or, la première remarque que j’avais faite est que, rarement, les vieux et les femmes étaient atteints. Parmi les patients, il n’y a souvent que des jeunes de 18 à 30 ans. Et quand je m’en suis ouvert à lui, il m’a fait savoir que la plupart de ces jeunes fumaient du cannabis, communément appelé yamba, chez nous.
D’ailleurs, il semble que, d’après les spécialistes, plus de 20% de ces jeunes fument cette drogue dans notre pays. Et que des trois types de cannabis, le ‘’fogny’’ et le ‘’brun’’ étaient plus usités parce que plus forts, le ‘’niakoye’’ ayant perdu de sa superbe depuis longtemps.
Et il est médicalement prouvé que le yamba donne à ses utilisateurs un sentiment de bien-être, de satisfaction, d’aisance très fort qui, le plus souvent, peut pousser à la folie. Car les adeptes peuvent éprouver des sentiments de persécution ou de puissance avec le sentiment d’être important, c’est-à-dire d’être ministre ou messie.
En tout état de cause, le yamba fait des ravages dans nos quartiers et villages. La dernière saisie à Mbour, de plus d’une tonne, montre que la drogue circule encore bien ici malgré les efforts de l’Etat à travers des services comme l’Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS).
Et les jeunes qui perdent la tête sont de plus en plus nombreux.
Malheureusement, les jeunes filles ne sont pas épargnées.
Qui plus est, avec 200 mille jeunes qui arrivent chaque année sur le marché de l’emploi, la dépendance à cette drogue va s’accentuer.
Car, il est important de noter que ‘’le THC, principal composant du cannabis, affecte le comportement des cannabinoïdes endogènes, naturellement fabriqués par le cerveau et qui influencent un grand nombre de fonctions corporelles comme le mouvement, la pensée et la perception du monde extérieur’’, expliquent les spécialistes.
Ainsi, si nous nous amusons à légaliser la vente et l’usage de cette drogue, nous verrons les jeunes prendre d’assaut les lieux de vente pour échapper à la dure réalité de leurs vies quotidiennes.
On sera envahi par des fous, par centaines, par milliers. Et ce sera pire que les suffrages en mer d’émigrés.
Il nous semble au contraire important d’accentuer et la prévention et la répression.
Car, malheureusement, la vente du cannabis continue à enrichir des trafiquants véreux dont la seule préoccupation est de s’enrichir. La légalisation de sa vente et sa réglementation ne fera que les encourager dans ce trafic. Car, du fait des pesanteurs sociales, ceux qui les acheter vont continuer à se cacher et à se ravitailler secrètement.
Assane Samb