Exclu de l’Apr: « Ya Moustapha’’ devient ‘’le démon’’ !

par admin

Moustapha est un prénom arabe attribué au Prophète de l’Islam et qui signifie l’élu, le choisi, le prédestiné, le préféré.

Aujourd’hui, à l’Alliance pour la République (Apr), Moustapha Diakhaté n’est plus, à leurs yeux, ‘’Ya Moustapha’’. Il incarne, pour eux, le démon, celui qui ose défier leur secrétaire général Macky Sall, au point de mettre en place un courant dans le parti.

Donc, d’un statut de cadre et de co-fondateur du parti, Moustapha est devenu un simple militant avant d’être exclu. La décision, émanant de la Commission de discipline, est devenue officielle depuis hier.

Mais, ce qu’il faut comprendre, c’est que Diakhaté n’a pas eu de problème dans son parti qui fonctionne par ailleurs comme une armée mexicaine.

Il a eu des problèmes avec Macky et son exclusion n’est rien d’autre que la suite logique de ses malentendus avec le Président de la République.

Depuis de longs mois, pour ne pas dire années, les deux hommes co-fondateurs de l’Apr ne s’entendent plus et ne se parlent plus.

Depuis que le frère du Président, Aliou Sall, avait parlé de faucons au Palais et que Moustapha avait répondu sèchement, on avait senti que ces relations pouvaient se dégrader, inéluctablement.

Il s’est passé que depuis lors, même peut-être bien avant, Moustapha a observé la même ligne de conduite sous Wade, surtout depuis qu’il s’est déchargé de son poste de Président du groupe parlementaire de la majorité.

Il a assumé des positions qui dérangent, notamment sur des sujets sensibles comme le troisième mandat. Il a agi comme un électron libre. Comme sous Wade, il a assumé son indépendance.

Malheureusement, on est en Afrique et le Sénégal ne fait pas exception à la règle : La démocratie interne n’existe pas dans les partis politiques. Ici, soit on se conforme, soit on part. Et c’est ce qui est arrivé hier à ce compagnon de Macky de la première heure.

Dans nos formations politiques, on ne défie pas le Chef.

Pourtant, d’après certains observateurs, rien dans les textes de l’Apr ne prévoit cette exclusion, sauf si un des membres du parti adhère à une structure concurrente. Ce qui est loin d’être le cas de Moustapha.

Pourtant, sa position actuelle est loin d’être isolée.

Force est de reconnaitre que la guerre de succession couve dans ce jeune parti arrivé par surprise au pouvoir et qui y est resté. Le débat sur le troisième mandat ouvre celui sur le dauphinat, même si rares sont ceux qui osent en parler en public.

La réalité est que beaucoup assument les positions exprimées par Moustapha, mais n’osent pas l’afficher au risque de perdre leurs postes et autres avantages.

En effet, si ce dernier ose parler de ‘’courant’’, c’est qu’il sait ne pas être seul dans un parti où les désirs de positionnement ne manquent pas.

Moustapha Cissé Lô, pour ne donner que cet exemple, a fait et dit pire que lui. Il n’en est pas pour autant inquiété. Cette politique de deux poids deux mesures est symptomatique d’un malaise interne et d’une incapacité du Président à mettre de l’ordre et à étouffer les contradictions internes.

Exclure Moustapha par une Commission de discipline dont, apparemment c’est la première affaire, ouvre des lendemains tumultueux pour un parti qui, quoi qu’on dise, a su maintenir une forme de d’unité même si elle a été largement de façade.

Car, le pire, c’est que Macky risque d’être davantage impopulaire à Touba. Le bastion mouride qui lui est largement hostile, ne sera pas facilement conquis après l’exclusion d’un de leurs fils.

Comme quoi, l’Apr, à bien des égards, subi largement le syndrome du Parti démocratique sénégalais (Pds), avec une rébellion interne qui ne sera pas facilement étouffée dans l’œuf.

Assane Samb

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