Finalement, les victimes des manifestations et de la violence d’État ont eu droit à deux jours de deuil…national. Officiellement, le président de la République qui se dit attristé par la mort de plus d’une dizaine de jeunes Sénégalais a retenu jeudi dernier pour mettre le drapeau en berne et compatir à la douleur des familles endeuillées. Le “peuple” des réseaux sociaux et l’opposition réunie autour du Mouvement pour la défense de la démocratie avaient déjà retenu vendredi.
Double deuil pour des martyrs de la démocratie et de l’État de droit tombés au champ de bataille. Au-delà du cérémonial et des dénonciations, il est impératif de situer les responsabilités. Il faudrait dès lors ouvrir une enquête indépendante, traquer les tueurs et les sanctionner à la mesure de leurs forfaits criminels. On dénombre les dégâts inhérents à cette grave crise qui a plongé le pays dans une situation catastrophique inédite. Le Capitaine Seydina Oumar Touré est aux arrêts. L’enquêteur de la Section de Recherches de la Gendarmerie au cœur de l’affaire Sonko-Adji Sarr s’est rendu, comme il s’était engagé à le faire.
Une manière de montrer qu’il assume son acte et est prêt à supporter les sanctions qui lui seront infligées. Quarante-cinq jours de “rigueur carcérale” toute militaire avant d’être fixé sur son sort. Lui aussi est sans doute victime des dégâts collatéraux d’une histoire privée devenue politique et mondialement commentée. Des nouvelles du coronavirus ? Oui, il y en a. Des morts, les maux sont toujours là. Les gestes barrières sont tellement négligés, la distanciation physique presque abandonnée. On marche coude à coude. L’heure n’est plus aux mesures préventives.
D’ailleurs, l’État veut tout faire sauter. Tout sera allégé. Même les stades seront ré..ouverts. Les lutteurs qui manifestaient, pour reprendre le mot du ministre de la Justice, devraient retrouver le chemin des arènes. Au même moment, le vaccin AstraZeneca est chez nous. Le Sénégal a reçu 324 000 doses représentant la première partie de son quota gratuit de 1,3 million d’injections. Un bémol : l’efficacité de ce vaccin est fortement mise en doute.
La preuve, le Danemark a suspendu jeudi 11 mars ce vaccin après des rapports de cas graves de formation de caillots sanguins chez des personnes ayant reçu ce produit. Le Danemark a été suivi par l’Islande et la Norvège. L’Afrique du Sud avait pris la même option. Le Sénégal aussi devrait jouer la carte de la prudence en attendant d’y voir plus clair. Si et seulement si notre pays n’a pas la tête ailleurs dans les petites histoires.
Miim Reew