Réclamation de perdiems: Le dialogue de sous !

par admin

Ce débat sur les perdiems pour les participants au dialogue national n’aurait dû jamais avoir lieu. Pourtant, cela a été bien le cas. Certains participants n’ont pas eu la pudeur de dire qu’ils souhaiteraient bel et bien avoir des perdiems car, ils sont dans le besoin et auraient arrêté leurs activités pour les besoins de cette rencontre.

Une situation qui peut faire sourire, mais qui est symptomatique d’un phénomène beaucoup plus grave : la ‘’mercantalisation’’ de toutes nos activités, notamment d’ordre social.

Ici, chez nous, l’argent pollue tout. Et c’est un secret de polichinelle. Des activités des médias à celles liées aux forces de sécurité, en passant par le milieu médical, familial, interprofessionnel, politique, syndical, etc. l’argent empêche les uns et les autres d’assumer leurs rôles selon les règles élémentaires de base.

Le citoyen, qu’il soit responsable ou non, pense d’abord à ce qu’il peut en tirer en termes de bénéfices réel avant de songer à travailler pour son pays.

Quand un jour je parlais à un jeune qui m’est proche et qui cherchait à aller en Europe étudier, quand il a senti que je n’étais pas tellement motivé, pour me convaincre, il m’a dit que, c’est, de ma part, ‘’un investissement’’. Comme quoi, je dois investir sur sa personne.

Comme quoi, même dans les relations de couple, c’est l’argent qui est mis en avant. La stratification de la société sénégalaise s’opère selon le nouveau paradigme qui est la capacité à faire face, financièrement, à ses besoins. Ainsi, il y a la classe des personnes aisées (hommes politiques, hommes d’affaires, marabouts, etc.) et celle des moins aisées. Et selon une terminologie bien en vogue, ‘’il faut bien connaitre sa place’’.

Ainsi, il n’est pas surprenant que ces acteurs du dialogue national s’inscrivent dans cette dynamique. En réalité, ils ne sont pas réellement dans le besoin. Ce qu’ils font, c’est juste réclamer leur part, étant entendu qu’ils pensent que l’Etat est une bamboula où les gens se sucrent.

Et si le budget alloué au dialogue national n’est pas assez conséquent pour couvrir les frais ainsi réclamés, le dialogue va en souffrir parce que certains se mettront à bayer et à déconcentrer les autres par une réelle mauvaise foi dans la participation.

Eh oui, ainsi va notre société.

Heureusement, la majorité des participants ne va pas se rabaisser de cette façon. Mais cela a le mérite d’en dire long sur l’état d’esprit qui risque de prévaloir. Chacun va prêcher pour sa chapelle, tirer la couverture de son côté dès lors que le Président de la République a promis d’appliquer, à la lettre, les recommandations issues de ces assises.

La réalité est que des dialogues, il en a eu plusieurs et de très sérieuses. Macky, le Grand Manitou, sait exactement ce qu’il doit faire. Mais il a peut-être besoin qu’on le lui dise.

Il sait ce qu’il faut corriger dans tous les domaines, politiques, économiques, social, etc.

La réalité est qu’il faudra des moyens (encore l’argent) pour certaines recommandations. Pour la plupart d’ailleurs. Et s’il n’y en a pas assez, comme cela semble être le cas maintenant, rien ne sera appliqué.

Les problèmes des syndicats d’enseignants, de la santé, ceux des opérateurs économiques, le financement des partis, le statut du chef de l’opposition, pour ne citer que ces exemples, demandent des sorties d’argent importantes. Et si l’Etat ne peut pas actuellement les supporter, Macky ne fera rien.

C’est dire que tout sera question d’argent, de disponibilité de ressources. Et nous ne sommes sûrs que l’Etat qui ne peut pas payer des perdiems ira jusqu’au bout.

Comme quoi, l’argent pollue vraiment tout. C’est le dialogue, non pas de sourds, mais de sous !

Assane Samb

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