Selon Momar Diongue, en optant pour une « stratégie de répression » des partisans du leader de Pastef dans le cadre de l’affaire « Sweet beauté », le régime du président Macky Sall est en train de jouer avec le feu. Interpellé hier, lundi 1er mars, sur le climat de tension qui règne actuellement dans le pays, le journaliste et analyste politique a notamment évoqué cinq raisons qui montrent selon lui que le Sénégal marche tout droit vers une instabilité sans précédent.
«Le régime en place joue avec le feu » : Momar Diongue est formel. Interpellé hier, lundi 1er mars par la rédaction de Sud Quotidien sur la gestion par le régime en place de l’affaire « Sweet beauté », dénomination de l’institut de beauté où Ousmane Sonko, leader de Pastef Les Patriotes se faisait masser avant d’être accusé par une employée de cette structure de « viols répétés » et « menaces de mort », le journaliste et analyste politique a tenu à alerter sur les graves conséquences que pourrait engendrer la campagne d’arrestation et d’emprisonnement des partisans du leader de Pastef et autres responsables de la société en cours sur le fonctionnement de l’Etat.
Sous ce rapport, il a évoqué cinq raisons qui attestent le risque qui guette aujourd’hui l’Etat, à cause de la stratégie répressive du régime en place. La première est, selon lui, liée au contexte actuel marqué par une colère généralisée sur l’ensemble du territoire national du fait de la crise sanitaire qui a entrainé des difficultés économiques et toutes les restrictions liées à l’état d’urgence dans lequel est survenue cette affaire. «Ce qui s’est passé lors des premières manifestations aux abords du domicile d’Ousmane Sonko montre en réalité que ce ne sont pas uniquement les militants de Pastef qui avaient manifesté. Ça allait au-delà des pro-Sonko. Il y avait une expression d’une colère qui était dissimulée par beaucoup de Sénégalais mais qui avaient profité de ce moment de tension dans les environs du domicile de Sonko pour donner à cette manifestation une ampleur et une violence assez rare», a-t-il souligné avant de faire remarquer au sujet de la deuxième raison qu’elle est liée au risque convergence des luttes des différents segments de la société sénégalaise. « La deuxième raison est qu’on va résolument vers une convergence des luttes et cela est un risque énorme que prend aujourd’hui le pouvoir du président Macky Sall. S’agissant de la troisième raison, le journaliste et analyste politique a indiqué qu’elle est liée au risque de démoralisation des forces de défense et de sécurité également touchées par cette traque des partisans et sympathisants d’Ousmane Sonko.
En effet, soulignant qu’un « information circule depuis hier(ndlr avant-hier) et qui fait état de l’arrestation d’un policier et un gendarme qui seraient les informateurs d’Ousmane Sonko et qu’il y a d’autres qui seraient dans le collimateur de la police prévôtale », Momar Diongue a tenu à prévenir que « cette situation est de nature à affecter le moral des troupes qui pourraient se sentir affectées par cette ambiance de suspicion qu’il y a en leur sein ». Pour ce qui est maintenant de la quatrième et la cinquième raison qui montreraient que la situation actuelle du pays est «d’une extrême gravité», Momar Diongue relève qu’elles sont liées respectivement « aux actions de représailles qui visent directement les domiciles des pontes du régime » avec les incendies de la maison de Mahmoud Saleh, directeur de cabinet du président de la République et de celle de Seydou Diouf, député de la majorité. Dans la même dynamique, l’analyste politique a indexé « l’ambiance de haine qui existe dans le pays, notamment entre acteurs politiques ».
Par ailleurs, interpellé sur les risques que pourraient avoir ces interpellations tous azimuts dans les rangs de Pastef et des mouvements citoyens sur le déroulement des prochaines échéances électorales comme ce fut le cas en 2011 sous le régime du président Wade, Momar Diongue a précisé, tout en relativisant, qu’il y’a une différence entre la situation que l’on vit présentement et celle qui avait prévalu en 2011, liée notamment à l’éloignement des prochaines élections. «En 2011, entre le 23 juin et la présidentielle de février 2012, il y avait moins de trois trimestres et cette proximité avait permis la tenue d’une série de manifestations jusqu’en début 2012. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Car, non seulement, on ne connait pas la date des prochaines locales mais aussi les élections législatives ne se tiendront pas avant 2022 et la présidentielle est prévue en 2024 », a-t-il indiqué.
Poursuivant son analyse, il a cependant réaffirmé que « la situation actuelle est d’une si extrême gravité que l’on craint que le pays ne connaisse un emballement». « Pour la première fois au Sénégal, il y a un gros risque surtout avec cette ambiance de colère et cette volonté de faire face à cette situation vue par certains comme une oppression contre l’Etat de droit qui commence à prendre une ampleur nationale. Le pouvoir en place joue donc gros et le régime risque d’être vacillé avec cette série de manifestations », a-t-il tenu à prévenir.
Nandou CABRAL GOMIS