Le Sénégal est maintenant parmi les sept pays africains sur les 54 à avoir démarré la campagne de vaccination contre le coronavirus. Le démarrage a eu lieu hier, mardi 23 février dans les locaux du ministère de la Santé et de l’action sociale. A cette occasion, le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr s’est fait inoculer l’antigène ainsi que des personnalités politiques, culturelles et religieuses.
Le Sénégal est dans les sept pays du continent africains à avoir démarrer la campagne de vaccination du coronavirus qui a débuté hier, mardi. Pour lutter contre les rumeurs, le ministre de la santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, s’est fait vacciner en premier, suivi des autorités coutumières, religieuses et politiques dans ces locaux qui ont abrité la cérémonie de lancement.
Pour le ministère, ce jour reste un jour historique qui doit être inscrit en lettre d’or sur du marbre dans l’histoire du Sénégal. « Notre pays, aujourd’hui, fait partie des 7 pays parmi les 54 du continent africain à avoir démarré la vaccination contre la Covid-19 » a-til renseigné. Et de poursuivre : « nous pouvions comme beaucoup de pays attendre l’initiative Covax pour recevoir notre quote-part et démarrer notre vaccination, mais le Chef de l’Etat a décidé de financer la première campagne sur fonds propres. C’est ce qui nous a permis d’acquérir 200 mille doses de Sinopharm».
Pour cette campagne de vaccination, le ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr a laissé comprendre que la vision du chef de l’Etat repose sur le respect fondamental de deux principes, à savoir l’équité et la transparence. « C’est le principe d’équité qui nous a permis, aujourd’hui, d’être présent dans les 14 régions du Sénégal. Et c’est le lieu de féliciter les gouverneurs, les médecins-chefs de régions et les médecinschefs de districts qui au niveau territorial sont en train de mettre en œuvre notre stratégie de vaccination. Transparence importante, parce qu’il faut absolument respecter la cible prioritaire » a-t-il annoncé. Et d’attester : « c’est pourquoi une commission nationale de suivi et de contrôle de la vacci nation a été mise en place au ministère de la Santé mais aussi au niveau territorial, les gouverneurs prendront toutes les dispositions pour être en phase avec le principe de transparence ».
Pour rappel, la cible prioritaire concerne le personnel soignant en première ligne, les personnes âgées vivant avec ou sans comorbidités, les personnes fragiles présentant des maladies chroniques mais aussi les forces de défense et de sécurité. Pour le ministre Diouf Sarr, il faut absolument que le port de masque soit systématique ainsi que le lavage des mains de manière récurrente mais aussi le respect absolu de la distanciation physique et d’éviter les regroupements. « Le respect des mesures barrières combiné à une politique de vaccination volontariste doit nous permettre d’interrompre la chaîne de transmission » at-il déclaré.
DR ANNETTE SECK NDIAYE DIRECTRICE DE LA PHARMACIE NATIONALE D’APPROVISIONNEMENT (PNA) «Il nous reste que Kolda, Sédhiou et Ziguinchor pour l’acheminement des vaccins»
«Nous nous occupons de tout ce qui est logistique et distribution. Nous avons commencé samedi et actuellement nous sommes à Kédougou. Il nous reste trois régions à couvrir notamment Kolda, Sedhiou et Ziguinchor. C’est une nouvelle étape dans la riposte et les réticences sont levées».
20% des doses sénégalaises cédées à la Gambie et la Guinée-Bissau
Dans la lutte contre le coronavirus, le Sénégal qui a acquis 200 mille vaccins de Sinopharm sur initiative propre pour démarrer la campagne de vaccination, a cédé 20% de ces vaccins anti-Covid en guise de solidarité à des pays voisins. Selon le ministre de la Santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, « le chef de l’Etat dans sa générosité mais en africaniste convaincu a estimé important de faire jouer la solidarité. C’est pourquoi 20 % de notre lot, à savoir 20 mille doses ont été mises à la disposition de la Gambie et de la Guinée-Bissau pour 10mille doses chacune dont 10% pour chaque pays». En dehors de cette première campagne de vaccination, le ministre de la Santé Diouf Sarr a renseigné que dans cette perspective volontariste pour une vaccination de toute la cible prioritaire et au-delà, le chef de l’Etat est aujourd’hui, en train de finaliser une relation commerciale avec la Russie pour permettre au Sénégal prochainement de disposer du Spounik V. « Dans le courant du mois de mars, le Sénégal recevra aussi son premier lot de l’initiative Covax. Nous allons donc poursuivre pour que tous les Sénégalais qui doivent être vaccinés le soient» a-t-il avancé.
DR ABDOULAYE BOUSSO DU COUS : «Nous sommes conscients que la population va adhérer»
«C’est une autre étape dans la gestion de cette épidémie au niveau du Sénégal avec le début de la vaccination qui est une stratégie supplémentaire dans toutes les stratégies que nous avons déjà mises en place et c’est quelque chose de vraiment remarquable. Pour le moment c’est le seul moyen pour mettre fin au coronavirus. Nous appelons toutes les personnes ciblées à venir se faire vacciner. Même si le vaccin a été fait en un temps record, toutes les conditions scientifiques ont été respectées et au Sénégal nous avons des comités qui ont veillé pour voir ses conditions. Nous pouvons garantir la qualité des vaccins et aujourd’hui, nous avons plus de 200millions de doses qui ont été déjà distribuées dans le monde. La qualité des vaccins ne pose pas de problème et c’est normal qu’il y ait des suspicions mais nous sommes conscients que la population va adhérer».
BAYE OUMAR GUEYE, PRESIDENT DE L’ASSOCIATION DES DIABETIQUES :«Nous avons perdu beaucoup de malades de diabètes»
«Je me réjouis du travail qui a été fait par les autorités médicales qui ont validé ces doses de vaccins après recherche, après examens et plusieurs hypothèses pour y arriver à ce stade de la lutte contre la Covid-19. De ce point de vue, c’est l’occasion de leur rendre un bel hommage à travers le travail qui a été effectué. Le deuxième élément, c’est d’abord le contexte d’urgence qui suppose une solution d’urgence. C’est dans ce cadre qu’il faut placer la vaccination de ce matin (hier, Ndlr). Le troisième facteur, c’est le ciblage, le fait d’avoir dans le premier lot, des gens qui ont des comorbidités, cela constitue un élément d’égalité, d’équité mais une manière de montrer que l’Etat est là pour protéger les couches vulnérables. Les statistiques ont montré que le diabète est la maladie la plus exposée par rapport à cette pandémie. Nous avons perdu plusieurs malades de diabètes à cause de la Covid-19. Si ce vaccin avait été créé dès le départ peut-être, il n’aurait pas eu de morts dans cette couche vulnérable qui sont des diabétiques.»
PR ANTA TALL DIA, PRESIDENTE DU COMITE CONSULTATIF POUR LA VACCINATION ET LES VACCINS AU SENEGAL : «Nous voulons d’ici 2022 que 80% de la population soit couverte»
«Actuellement, la vaccination c’est la denrée la plus recherchée de par le monde. Grâce à sa diplomatie le chef de l’Etat a pu acquérir ces vaccins. L’objectif du Sénégal est de vacciner des millions de sénégalais dans un délai très court. Nous voulons d’ici 2022 que 80% de la population soit couverte par cette vaccination ce qui nous permettra d’atteindre une immunité collective qui nous permettra de nous protéger contre la Covid-19. Nous allons arriver à 80% de taux de couverture vaccinale, nous allons rompre la chaine de transmission parce qu’au fur et à mesure que les vaccins seront adaptés, les variants qui apparaissent seront moindre. Nous avons bon espoir que d’ici 2022, cette maladie sera derrière nous».
ABBÉ GÉRARD DIÈNE, VICAIRE GÉNÉRAL DE L’ARCHEVÊQUE DE DAKAR SUR LA VACCINATION : L’Eglise catholique donne le quitus
Venu se faire vacciner contre la Covid 19, le représentant de l’église catholique, Abbé Gérard Diène, vicaire général de l’archevêque de Dakar a demandé à tous ceux qui le peuvent d’aller se faire vacciner, de faire confiance à la médecine. Selon l’homme de l’Eglise, pour lutter contre la réticence des jeunes à aller se faire vacciner, il faut continuer à sensibiliser. « Vous savez c’est relativement nouveau, c’est un peu normal que certains résistent mais je pense qu’avec la sensibilisation, avec les gestes forts posés par les uns et les autres, on arrivera donc à avancer ensemble. Ce que je retiens, c’est qu’il faudra que nous ayons cette volonté d’avancer ensemble, d’écouter ceux qui hésitent et de continuer à sensibiliser et à informer » a-t-il laissé entendre. Et de poursuivre : « le vaccin a été un grand espoir pour combattre ce virus. Je rappelle que l’Eglise du Sénégal s’est investie très tôt pour combattre le virus. Que de personnalités de l’église universelle ainsi que des organisations de cette même église ont lancé un appel vibrant pour que le vaccin soit accessible à tout le monde notamment aux populations les plus fragiles. Alors je voudrais tout simplement dire que je rejoins cet espoir et je prie pour tout ce que nous attendons de ce vaccin puisse être possible afin que ce virus soit vaincu à jamais et je voudrais tout simplement demander à tous les Sénégalais de continuer à prier mais aussi à emprunter les moyens mis à notre disposition notamment le vaccin pour pouvoir vaincre cette pandémie »
OUSMANE NDOYE, REPRÉSENTANT DES ÉLUS LOCAUX : «En me faisant vacciner, je suis un exemple pour la communication»
Ousmane Ndoye, maire de Gueule Tapée Fass Colobane a représenté les élus locaux dans cette campagne de lancement de la vaccination contre la Covid19 où il a été lui-même vacciné. Pour le maire, « si je le fais, c’est parce qu’il y a une raison de le faire, parce que je n’ai pas envie de mourir. Cette épidémie est une réalité et des médecins et spécialistes en vaccination ont déjà donné le signal en disant qu’il n’y a pas de risque». De l’avis de M. Ndoye sur les réticences des uns et des autres, le phénomène est normal. « Il y a toujours des gens derrière pour essayer de dissuader les autres à ne pas se faire vacciner. Ainsi va le monde. Je pense profondément que la science a raison et continuera à avoir raison. Je me suis vacciné et à ceux qui n’y croient pas, je lance un appel, c’est une vérité, c’est une réalité. Il faut qu’ils reviennent à la raison» a-t-il déclaré. Revenant sur la démarche à adopter au niveau des communes pour amener les gens à se faire vacciner, le maire a renseigné : « le président de la République nous a soulagé tous. L’État central prend en charge l’achat des vaccins. Donc, vraiment je dirais que les maires sont soulagés, car nous n’avons pas les moyens d’ailleurs. En me faisant vacciner, je suis un exemple pour la communication. Je pense que c’est une forte communication qu’on a lancée aujourd’hui, c’est un combat extrêmement dur contre un adversaire invisible, incolore, inodore, qu’il faut combattre juste en respectant les mesures barrières. Nous invitons les populations à y aller, en ne lâchant pas prise, même avec ce vaccin »
PAR DENISE ZAROUR MEDANG