« Depuis le 6 janvier 2021, date du nouveau couvre-feu, nous vivons une situation intenable. La fréquentation de nos points de vente s’est effondrée, en raison de la situation sanitaire et de la mise en œuvre du couvre-feu ; Les livraisons à domicile sont strictement interdites au-delà de 21h, en diamétrale opposition avec la stratégie menée lors du premier couvre-feu (mars-juin 2020), indique le collectif.
Conséquence, d’après ses membres, « nous avons revu nos effectifs à la baisse ce qui entraîne des licenciements ; et revu les plannings de rotation pour libérer notre personnel car nous devons cesser nos activités avant 19 heures, ce qui se traduit par un manque à gagner allant jusqu’à 70% de notre chiffre d’affaires et la fermeture de certains restaurants ».
Ces restaurateurs de poursuivre : « Après quelques semaines marquées par des informations contradictoires, nous nous sommes constitués en collectif et avons alerté les autorités pour les sensibiliser sur nos problèmes. Le 26 janvier 2021, le gouverneur de la région de Dakar et le préfet du département de Dakar nous ont reçus à la gouvernance, sur demande du ministère de l’Intérieur. Des principes directeurs ont été définis, consistant notamment à identifier précisément les agents qui seraient amenés à circuler le soir et à en limiter le nombre. Des listes nominatives ont été rapidement communiquées par courriel à la préfecture, conformément à sa demande et selon le format requis ».
Mais, «près d’un mois après cette réunion, rien n’a bougé. Malgré de multiples relances, suivies d’une rencontre avec le directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur, aucune décision n’a été prise. A chaque relance, les mêmes questions sont évoquées, sans aucune avancée. Pendant ce temps, nos charges, elles, continuent de s’accumuler : salaires, loyers, Senelec, impôts, charges sociales, crédits bancaires… Nos trésoreries sont exsangues et nos salariés sont désœuvrés. Nous, chefs d’entreprise, sommes désespérés, au bord du gouffre », indiquent ces restaurateurs pour qui «la situation est, il est vrai, difficile à comprendre. Nous ne demandons aucune subvention, car nous savons que la situation budgétaire est compliquée. Nous demandons juste à pouvoir livrer nos clients le soir. Les clients le réclament d’ailleurs à cor et à cris : chaque soir nous recevons des centaines d’appels que nous ne pouvons pas honorer. De plus, rien ne justifie cette situation. Dans le monde entier, y compris dans les pays les plus affectés par l’épidémie (Royaume-Uni, Etats-Unis, Brésil, etc.), les restaurants et sociétés de livraison ont pu continuer à travailler, même lors des confinements les plus stricts. Dans le monde entier, aucun cas de contamination n’a été documenté lors d’une opération de livraison à domicile. Le Président de la République avait d’ailleurs salué, dans son discours du 11 mai 2020, les « livreurs qui offrent leurs services pour nous éviter des déplacements propices aux risques de contamination ».
Après 150 jours de couvre-feu depuis le 23 mars 2020, « nous sommes au bout du rouleau. La répétition des crises et des mesures de restriction est en train de nous achever. Nous savons déjà que, trois semaines après la fin du couvre-feu le 20 mars 2021, nous connaîtrons une nouvelle période de vaches maigres à l’occasion du saint mois de Ramadan, un mois sacré, mais qui se traduit généralement par une baisse de 40 à 50% du chiffre d’affaires des sociétés de restauration. Après avoir essayé, sans succès et pendant des semaines, de convaincre les autorités, nous nous tournons vers la population pour lui demander son soutien. Vos restaurants sont en train de mourir. Si rien n’est fait, des dizaines d’établissements vont baisser le rideau. Des centaines de salariés vont perdre leur emploi », alerte le collectif en direction de la population.
Restauration : le collectif « laissez nous livrer » dans le désarroi
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